Je suis parti un après midi de juin 2004...

2005-11-06 DIM 17:28 (FR) | STEVE

Je suis parti un après midi de juin 2004, vers le sud...

Une idée, celle d’un voyage en Amérique du sud, pour plusieurs mois. L’envie de rencontrer du monde et ainsi, subjectivement tenter de comprendre la réalité politique, historique et sociale de ces pays. Voir les ravages du néolibéralisme, entendre les souffrances des années de dictature, sentir le poids de la colonisation, admirer les beautés du monde.

Ce n’était pas un projet, juste un angle abordé depuis la selle de mon vélo, le siège d’un bus, mon hamac sur un bateau, les manifs croisées sur ma route, les moments de crise, ou un verre à la main, un mate, en mâchant la coca... en étant là, juste là et écouter les mots/maux des hommes et des femmes.

J’ai essayé de retranscrire cela, au cours des semaines, sur ce site web.

Les textes sont classés dans l’ordre de publication, du plus récent (épilogue) au plus ancien (au moment de partir). Donc, si vous voulez découvrir mon voyage dans le bon sens chronologique, commencer par la fin. Idem pour les photos.

Pour me contacter : verslesud a free.fr (remplacer le "a" par un arobase).

Bonne lecture et à bientôt, j’espère, pour un autre voyage. Steve


Pour faire profiter un peu de cette expérience du voyage :
—  Équipement (liste du matériel eu avec moi à un moment ou un autre)
—  Voyager sans problèmes
— Parcours à vélo : Madrid-Limoux via le col du Tourmalet et Toulouse (détails par jours, carte)

Epilogue

2005-11-06 DIM 17:26 (FR) | STEVE

S’asseoir une dernière fois face à l’écran pour poser un point final, écrire l’épilogue. Pas facile, que dire... pourquoi d’ailleurs. C’était plus facile, le prologue... alors un épilogue en forme de prologue pour un autre voyage ? Pourquoi pas !

Eh oui ce texte est le dernier de ce voyage. Je suis en France, j’ai posé mon sac, mes sacoches, mon vélo. Mais j’ai bien toujours l’envie de voyager, de repartir, un jour, pour quelques semaines ou plus.

Mais là, j’ai encore deux ou trois choses à dire....

Simplement vous dire que ce fut un plaisir de rassembler mes esprits quelques minutes, chaque fois que j’ai eu envie d’écrire un texte pour ce site. Choisir les moments, les histoires à raconter et trouver les mots ; le style qui retranscrirait au plus juste mes intentions et vous faire un peu voyager... par procuration.

J’aurai pu raconter dix mille autres histoires, ce fut celles-ci.... Alors, si vous voulez écouter les autres, et si quelqu’un a de quoi financer un projet de livre, si quelqu’un a un oncle ou un ami éditeur... je suis partant.

Et puis il y a d’autres terres sur cette planète où j’ai encore envie de traîner mon ombre ou celle de mon vélo. Si un éventuel sponsor, aficionados, mécènes souhaite m’aider à poursuivre cette aventure, ailleurs, et aussi la publication, donc, de nouveaux récits sur ce site... idem... je suis partant.

Tant que j’y suis dans les annonces... si vous avez des pistes pour un boulot pour un jour, une semaine, un mois ou un an, un boulot, vous voyez, comme ceux que l’on rêve de trouver en rentrant de voyage... alors, aussi, je suis partant.

Ah oui, aussi, Vers le sud, le nom de ce site, c’était aussi un clin d’oeil. Le titre d’un film de l’un de mes réalisateurs préférés, un auteur de documentaire, Johan Van Der Keuken. Si vous ne connaissez pas, un conseil, découvrez l’oeuvre sensible de cet homme.

Je pense en tapant ces derniers mots à certaines personnes qui ont accompagné mon voyage, que j’ai rencontré. Je ne peux que remercier la vie d’avoir mis son mon chemin ces visages, ces personnalités, ces sourires. Avec eux, j’ai rit, j’ai parlé, mangé, voyagé, dansé, pleuré parfois. Ils m’ont offert une minute de leur vie, un sourire, de l’eau, un toit, ou un beau récit, une tranche de vie. Des gens d’ici, des gens de là-bas, des gens dans ce sympathique "peuple de voyageurs", à vous tous, MERCI, GRACIAS, OBRIGADO !

J’aurai bien envie de parler encore de cette planète, bien belle, mais qui va mal, que l’on détruit chaque jour un peu plus, de ces gens qui souffrent, de nos responsabilités à tous. Qu’il est plus facile de ne pas regarder et ne pas vouloir comprendre, par confort, ou par peur de savoir... que de se frotter aux dégâts des hommes, mais rien ne vaut l’expérience de vie d’un long voyage pour être sensible aux respirations de la planète et de ses habitants.

A bientôt j’espère pour vous emmener sur d’autres routes, et à vous, bon voyage...

Et l’Europe, alors, l’Europe, alors ?

2005-10-10 LUN 18:03 (FR) | STEVE

Le vélo est parti sur le tapis roulant. Le passeport et le billet électronique vérifiés. L’aéroport est clair, lumineux. Déjà un ailleurs impersonnel. Il fait beau et froid aujourd’hui à Buenos Aires. Un temps de drapeau argentin, bleu, blanc mais surtout bleu avec un soleil au milieu.

No puedo creerlo. Estoy aca, en el aeropuerto...y este viaje....no ! No quierro, pero si, lo quierro. No lo sé.

Marie était là il y a quelques minutes, comme elle était là quand je suis arrivé en Amérique du sud, en juin 2004. Il sont beaux les hasards, elle est belle la vie ! Elle m ’a accompagné dans mes trois premières semaines de voyage, elle m’a appris à marcher sur ce continent, moi, petit Steve, Stevito, débarquant plein d’inconnu avec son petit sac à dos. Elle est là aussi pour m’aider à franchir ce pas. Etre là, m’aider simplement, de présence, d’amitié. Mais je sais grâce à elle que l’on peut partir....et revenir.

Bitume, Tapas, chorizo, etc.

Atterrissage, Madrid, Europe.

Premier choc. Tout est propre, beau, lisse et calme. Chaque centimètres carré de voirie dit haut et fort que des dizaines de techniciens et d’ingénieurs ont pensés son organisation. Pas un brun d’herbe qui dépasse, pas un vendeur ambulant non plus. Monsieur JCDecaux a réussi le rêve de beaucoup, l’asseptisation clinique de l’espace public. Il a quoi de public, cette espace qui est aménagé uniformément dans tout ce continent par le même pourvoyeur de mobilier urbain, partout les mêmes caméras de surveillance, les mêmes enseignes de magasin, les mêmes voitures, les mêmes vêtements... Espace public, terme mensongé, il n’y a rien de public...sinon des touches privatives qui se croisent.

Les trottoirs sont bien propres, bien net, tout est bien défini, à sa place. Les vitrines débordent de délices et de luxe. Dans les rues, peu de monde, peu de voitures, c’est calme. Pas un klaxon ou un moteur de vieux bus ronflant au démarrage. Les gens marchent, propres sur eux, stylés. Les femmes à l’âge avancé se cachent sous une couche de poudre. Trois mamies au look "prout-prout" bloquent un trottoir tirant chacune sur la laisse d’un tas de poil trop "faux propre", comme elles, comme eux, comme tout.

Vous savez un peu comme il y a des appartements témoins, il pourrait y avoir des villes témoins. Toute belle, toute propre, toute calme avec quelques trop beaux figurants. C’est ça l’Europe. Chère vieille Europe, cher vieux continent,...

Je suis chez Vicente, un ami espagnol, un cyclotouriste à ses heures de vacances. Sympa son quartier, ca bouge. Géraldine arrive 3 jours plus tard. On traîne dans Madrid, il faut regarder en face ce retour en train de se faire.

Tout les deux, on enfourche les vélos. Vers le nord, une idée, un but, faire une surprise là haut, là bas, de l’autre coté des Pyrénées.

Sortie scolaire

Quand j’étais au primaire, en cm1 ou cm2, un jour, on a pris un car pour aller au centre de La Prévention Routière. Il y avait un gendarme qui nous expliqua les panneaux de signalisation, le civisme au volant, les premières notions du code de la route. C’était un peu barbant d’écouter un monsieur en uniforme comme ceux qui avait grondé papa l’été d’avant sur le bord de la route. Après on a bien rigolé. On a chacun choisi un véhicule miniature et on a fait des tours de circuit. Fallait bien s’arrêter au Stop. Regarder à gauche et à droite.

On faisait ca sérieusement sauf un ou deux, les turbulents de la classe. Parfois la maîtresse s’avancait sur le passage piéton pour nous obliger à freiner et à nous arrêter, et, comme maman, les matins sur le chemin de l’école, faisait le signe de la main qui remercie les automobilistes qui n’ont fait que leur devoir. Tout le monde faisait bien attention, doublant super large les plus lents. Faut dire que le monsieur il avait un petit carnet et il notait des trucs dedans. Des fois même il en grondait certains qui n’ont pas compris la priorité à droite, un peu comme moi avec les participes passés.

Rouler en vélo en Espagne, c’est un peu pareil. On a l’impression de pédaler sur un circuit géant de la prévention routière. Tout les 100 mètres, des panneaux de signalisation, chaque carrefour est doté de panneau indicateur qui vont même jusqu’à informer du nom de la ferme perdue au bout du chemin fraîchement goudronné. Pas un caillou qui dépasse, tout est annoncé. Attention, ca monte. Maintenant ca descend. A présent virage à gauche. Route à droite pour le hameau de jenesaisquoi. Dans 3 kilomètres un village avec une église du XIVème siècle et une station essence et une panaderia et une oficina de turismo et un mercado dominical et ....

Sympa, ce circuit d’apprentissage. Mes petits camarades ont du courir plus vite vers le parking aux véhicules car ils roulent tous dans des grosses berlines silencieuses, plutôt noires et pour épater le gendarme ou la maitresse ils nous doublent super large ou adoptent notre 15 ou 20 kilomètres heures le temps d’avoir une visibilité suffisante pour dans un silence indifférent nous doubler dans une vapeur de diesel. Moi j’ai juste un vélo. J’ai du arriver le dernier, y’avait plus que ca. Chacun son jouet. Le mien il me plaît bien.

Au pays d’Aragon et Castille....

Pour éviter le grand désert du centre-nord de l’Espagne on a mis cap sur le Pays Basque, traversant les sierra de Castille qui nous permettent de faire un périple "relais château", en plantant la tente chaque soir au pied d’une ruines d’église, de village, de tour, de forteresse chrétienne, ou de citadelle mauresque. Mais passer les Pyrénées au niveau du Pays Basque c’est pas marrant, alors entre Logrono et Pamplune, cap à l’Est, toujours sous le soleil, entre des champs d’éoliennes qui laisseraient entendre, de leurs silhouettes légères, que Norman Foster s’est lancé dans la sculpture ou le land art.

Les Pyrénées se cachent au loin, et au détour d’un virage, un panneau, Francia 84. Coup d’émotion. Les géographes, les cartographes avaient raison. D’Argentine, après l’Atlantique, au nord, c’est l’Espagne et si tu roules un peu vers le nord de l’Espagne... tu arrives en France. Roland de Ronceveau, Cid de Castille ou armées napoléoniennes ne voulez-vous pas réapparaître dans ces vallées historiques pour arrêter l’avancée inéluctable de ces deux vélos vers les contrées de France.

Jaca, continuons encore. Puis cap au nord, enfonçons nous dans les pentes virageuses de ces belles montagnes. A coup de pédale, tout simplement, en haut, col du Pourtalet, Frontière Espagne-France. Même pas un panneau avec FRANCE écrit dessus. S’enchaînent les virages de redescente, ca glisse entre les couleurs préautomnales et sur le bord de la route, mes premiers mots à lire, en français : Fromages, miel, foie gras, confitures. Sympa comme accueil !

Premier soir en France, à Laruns. Géraldine décide d’aller voir des amis à Pau. Moi je suis dans les temps pour faire cette surprise, celle qui a fait que j’ai fixé le retour à cette date, mi septembre-début octobre. Dans deux jours, Nath et Aurélie seront à coté de Saint Gaudens pour y présenter le 3ème spectacle de leur cie de Théâtre de rue (Ecce Homo de la Cie Trace(s) en poudre), la dernière occasion de voir ce spectacle que je ne connais pas, j’étais loin ces derniers mois. Alors être là, faire la surprise et retrouver ainsi les gens que j’aime.

Il me reste deux jours. Je me sens dans une forme physique, morale jamais acquise avant. Alors, vamos ! je pars m’amuser un peu vers les hauteurs. Col d’Aubisque. Après une montée régulière, toujours en vélo, me voilà en haut d’un des cols mythiques du Tour de France. Les virages se sont enchaînés, simplement, comme des perles de plaisirs. J’aime cette idée de montrer que le vélo en montagne ce n’est pas que la souffrance télégénique de corps suport-publicitaire vu sur le petit écran courant juillet. Moi je monte, sans EPO mais avec 25 kilos de sacoches+duvet+tente, et j’ai le sourire. je suis heureux, en France mais heureux. Au sommet, j’enchaîne le Col du Soulor, puis se pose la question, je le tente ou non ? Allez, en 15 mois tu as toujours fait ce que tu as voulu, sans frein, juste en écoutant tes envies alors continue ! Luz Saint sauveur, le lendemain matin. Temps couvert, après quelques kilomètres je suis dans les nuages. Je ne vois pas à 30 mètres. Personne sur la route, personne sur les cotés. Pourtant je suis en train de pédaler sur les pentes du Col du Tourmalet.

A chaque virage, je vois des fantômes de hollandais en vacances, criant leur encouragements aux Lucio Herera, Bernard Hinault ou autres mangeurs de cols de mon enfance. Mais dans le silence nuageux d’un jour sans voitures, sans cyclistes, sans vue, seuls quelques vaches m’encouragent involontairement du tintinement de leurs cloches.

Au sommet, je suis seul, je suis heureux. On est le 29 septembre 2005, et je réalise enfin que cette journée, la véritable dernière de ce voyage ne fait que commencer, malgré une ascension du col du Tourmalet déjà à mon actif.

Après cette étape de montagne, j’enchaine, de suite, pour un contre la montre. Contre la montre contre le soleil, mon ami, fidèle compagnon de ce voyage, ralenti ta trajectoire diurne pour me permettre d’arriver, pour ma surprise, à Saint Martory, avant la nuit. Je dévale les pentes pyrénéennes, coupe à travers les contreforts, évite un tracteur pour me vautrer dans un tapis de cailloux, quelques mètres plus loin. Ouh, ca fait mal, ca saigne. Rien à faire, plus rien ne peut m’arrêter. J’ai voyagé 15 mois, moi, j’ai fait le Pourtalet, l’Aubisque, le Soulor et le Tourmalet en 3 jours, j’ai toujours réussi mes défis de voyage, alors je vais arriver à temps... je bombe, comme jamais. Apres le maillot à pois, je décrocherai bien le maillot vert. L’objectif approche mais la route est longue encore. Je roule sous le soleil couchant, une première. J’ai pas mangé de la journée, juste 10 pains aux chocolats et des barres de céréales. Petits plaisirs du retour. La nuit est tombé. Je ne vais tout de même pas planter la tente là à quelques 10 ou 15 kilomètres de leur hôtel. Je roule encore, ne vois plus rien, sort de la route. Chute, deuxième. Rien à faire, je repars... et arrive.

Nath arrive, puis une heure après, Aurélie.

On en a vécu des choses ensemble. J’en ai vécu des choses, seul sur les routes du sud.

La surprise est belle comme les retrouvailles. Du mal à y croire, pour elles, pour moi.

Il faut dire que j’ai fait un long voyage... et je me souviens....


La carte du parcours en Amérique du sud de juin 2004 à septembre 2005 :

Et la carte + explications du retour en vélo depuis Madrid

Retour... en Uruguay, en Argentine, en vélo...

2005-09-17 SAM 00:00 (FR) | STEVE

Depuis beaucoup plus au sud que l’Amazone... vers où le printemps cherche à pointer son nez... pas si précoce que ça...

Pendant ce temps là, par-ci, par-là

Ca fait un bail que je vous parle de ce qui se passe dans les pays de par-ici et puis après je poursuis ma route alors plus rien. Bon moi je continue dans la mesure du possible de suivre l’actualité de ces pays où j’ai traîné mon sac.

Le truc marquant c’est que tous ces pays sont en pleine campagne électorale. Ca chauffe au Brésil. Ca campagne ferme en Argentine... Pendant 1 an, à partir d’octobre 2005, hasard de calendrier, tous les pays d’Amérique du sud, ou presque, vont voter pour leur président et parlement. Du coup, les murs se recouvrent de peintures au nom des candidats un peu partout. Pour en savoir plus aller voir mon article sur le site du Réseau Intergalactique (www.intergalactique.org)

Effacement de dette

Les fidèles lecteurs de ce site, se souviennent sans doute d’ une nuit d’octobre 2004, à Montevideo. Enfin, moi je m’en souviens, j’ai repensé souvent à ce moment fort de ce voyage.

Voir le texte Le bon air de Buenos Aires du 03/11/2004

Petit rappel : Un passage d’à peine 48h en Uruguay pour participer à la joie populaire de tout un peuple qui fête une victoire politique, et après retour en Argentine. Je ne connaissais que ça de l’Uruguay. Alors pour effacer ma dette envers l’Uruguay... retour en Uruguay.

Un voyage en vélo de près de 1000 km depuis Porto Alegre (Brésil) à Montevideo (Uruguay), un objectif, suivre la cote... au plus proche... et quand il n’y a pas de route... rouler sur la plage, traverser les lagunes avec les barques des pêcheurs.

Trois superbes journées pour commencer. Il fait frais. Parfait ! Avec un grand soleil. Passage, détour par le parc national Lagoa do pexe. Des oiseaux par centaines. D’un coté la mer, puis après la plage immensément longue et déserte, quelques dunes et des lacs. Rouler entre les éléments, avec les éléments. Parfois, à mon approche quelques oiseaux (je ne connais pas les noms, l’ornithologie c’est pas mon truc, mais un oiseau c’est juste BEAU), parfois, donc, à mon approche, quelques oiseaux sont surpris au dernier moment par ce voyageur cycliste silencieux. Ils s’envolent et m’accompagnent, si proche, durant quelques secondes. J’ai un peu l’impression de jouer dans Le Peuple Migrateur 2. Sur cette plage, un point noir au loin. Quelqu’un. Non pas possible, je suis seul au monde. Et si. En croisant ce marcheur, je m’arrête, échange quelques mots. Un gars de mon âge, pêcheur à quelques km de là, vivant dans une cabane, loin de tout. Depuis toujours ou presque, chaque samedi il fait ces 14 km de marche sur la plage, pour rejoindre le premier village côtier, plus au nord, où avec quelques amis, il fêtera cette fin de semaine bienvenue, autour d’une (plusieurs) bière. Le dimanche, retour a la casa. Un voyage, le sien, 30 km sur ce bord du monde sauvage pour trinquer, pour l’amitié,... pour les filles aussi !

Quelques jours plus tard, alors que la pluie a fait son apparition et un méchant vent de face, Bojurú. Pour qui fait du cyclotourisme (c’est comme ca, parait-il, que ca s’appelle de mettre des sacoches sur son vélo et dormir sous une tente après une journée de pédalage et en digérant un plat de pâtes), Bojurú c’est un peu le spot du sud du Brésil où il faut passer... à vélo. Débute là, la Estrada do inferno, la route de l’enfer. Une piste de 40 km de sable (et le sable en vélo... c’est pas top).

Il pleut quand j’y arrive, après les premiers kilomètres de piste. Pas top cette route ! Je me prépare psychologiquement, une nuit de repos et puis à l’attaque. Le soir le vent devient fou, il pleut à verse. Le lendemain idem, une tempête est en train de balayer la cote uruguayenne plus au sud (j’en verrai les dégâts les jours suivants). Rien à faire. Surtout pas de vélo. Je me risque en fin d’aprem’ sur quelques km de reconnaissance, sous les cordes. IMPOSSIBLE. Des flaques d’eau immenses qui coupent la route en largeur sur plusieurs mètres et un sable quasi mouvant tellement imbibé d’eau. Dommage. Je zappe. Un bus : 40 km en 2h30 tout de même.

Face au vent et à moi même

Je continue, sud du Brésil. Partout des gauchos, des pâturages, des vaches et ces étangs inondés à perte de vue. Si vous regardez une carte, vous verrez le Sud-Est du Brésil c’est une bande de sable entre mer et lacs. Je traverse le Parque do Taim. Quelques capivaras surgissent devant le vélo. Impressionnant. Le capivara ressemble à un énorme castor mais grand comme un gros mouton environ. Au bout de la route, Chuí, de l’autre coté de l’avenue principale c’est Chuy. D’un coté le Brésil de l’autre l’Uruguay, la même ville.

Le paysage se vallonne. Le vent souffle toujours. Ce succèdent des petits villages de pêcheurs que les années ont transformées en stations balnéaires estivales... mais à présent c’est encore l’hiver. Personne, juste les pêcheurs. Des maisons vides partout, aucunes voitures. Juste les pêcheurs, moi, le vent, le soleil, les vagues et à Punta del diablo un petit pingouin blessé sur la plage... mais je ne suis pas ornithologue.

Plus loin, sur 8 km je traverse une pinède puis un mur de dunes, je pousse le vélo plus que je ne roule. Sauf pour finir sur la plage et arriver sur cette perle posée au bord de l’océan, ce village sans électricité ni eau courante battu par les vents. Je ne croise pas plus de 10 habitants. Les maisons sont fermées. Seule une centaine de lions de mer occupent oisivement les rochers de granit. Comme ailleurs je plante ma tente mais là je vais aux puits chercher l’eau et partage le maté avec un pêcheur : Cabo Polonio. Si j’étais écrivain j’en ferrai mon Cape Cod. Mais je ne suis pas écrivain alors je continue, la Perdrera, Punta del Este et enfin Montevideo, 10 mois plus tard.

Avec ce parcours en vélo c’est une nouvelle impression de ce petit pays qui me saute au yeux. En quelque sorte un petit frère argentin, des paysages vierges et des gens souriant, aidant, tout simple. Je respire à nouveau, ils sont loin Pérou et Amazonie, ici je ne suis plus un dollar sur pied, juste un "franchute" qui a choisi de voyager en vélo, juste un gars dans la foule... le rêve.

Le rêve devient encore plus vrai de l’autre coté du Rio de la Plata. Me voilà à Buenos Aires, Argentina, encore et encore, 3e passage. Je retrouve avec joie cette ville. Je ne le réalise qu’en croisant de mon petit vélo l’avenue 9 de Julio, la plus large du monde, dit-on, celle de l’obélisque.

Buenos Aires, retour en Argentine, retour chez les amis, les cinés, les théâtres, les expos, les restos... Le bonheur... juste là au bout du guidon, vers le sud.

Comme je descendais des fleuves impassibles...

2005-08-24 MER 00:00 (FR) | STEVE

Vers Leticia, Colombie, il est temps d’aller voir un peu ce qui se passe derrière les rives du fleuve. S’enfoncer pour quelques jours dans cette forêt mythique, l’enfer vert pour certains. Accompagné de deux autres voyageurs et guidé par Francisco un natif de l’ethnie des Tikuna nous partons à la découverte de ces "sous-bois". Rien de plus à dire, on n’a pas vu foule d’animaux, juste quelques singes, toucans et autre oiseaux colorés, des grenouilles aux couleurs étranges. Mais bien sympa de se prendre pour un gosse qui part à la découverte du terrain vague à deux pas de chez lui et s’émerveille devant les surprises que lui réserve son escapade à haut risque, tente de ne pas tomber en traversant des rivières sur des troncs d’arbres ou de fuir les attaques d’insectes pas gentils. Et comme pour une expédition, le soir, installer son hamac et sa moustiquaire au milieu de nul part, se baigner dans une rivière (avec ou sans piranha ?) et s’endormir au cris des singes et des oiseaux nocturnes.

Faux semblants

Dans ce coin du monde, j’assiste aussi malgré moi à un spectacle, pas drôle. Alors que je suis dans un petit village au bord du fleuve, aux maisons de bois sur pilotis, arrive, un bateau de touristes colombiens en excursion. A leur approche quelques habitants revêtent vite un pagne de fibre végétale et un collier « poncho » dans la même matière. Vite, ils attrapent leurs animaux mascottes, capivara, perroquet, boa et avancent timidement vers ces touristes bien en chair qui déjà font crépiter leurs appareils photos. L’objectif de leur voyage est atteint. Ils ont vu des indiens. Ils vont même pouvoir se faire prendre en photo avec eux. Les enfants déguisés devant, les adultes déguisés derrière. Personne ne sourit. Sauf eux. Ah qu’ils sont beau !, bien blanc, une tête de plus que ces figurants du moment. Triste reproduction photographique des pauses colonialistes, dominatrices, des premiers explorateurs blancs de la Selva. La photo sortira numérique et couleur mais, à voir la pause des uns et des autres, j’y vois, moi, le résultat en noir et blanc, un pied posé, triomphant sur le corps refroidi d’un jaguar, entouré d’hommes, femmes et enfants à demi-nus. Les habitants de ce village jouent le jeu, sans parole, presque machinalement. Dès que l’objectif pendant d’un appareil photo se redresse, excité par tant de folklore que l’on racontera plus tard, fier, à Bogota ou Cali, dans les repas coûteux pour épater ses amis, ils accourent de petits pas, chacun sera sur la photo. Les autres, plus loin, en short et tee-shirt, regardent ces scènes tragiques. Peut-être fier de ne pas tomber dans le panneau, d’offrir au friqué ce qu’il attend, même entouré de mensonges et travestissements pour finalement récupérer quelques piécettes, pacotilles contemporaines, lancées à la gueule quémandante des indigènes desculturés. Tristes tropiques.

Voce fala....

Retour à Leticia (je recommande l’Hôtel Los Delfines, face au Bomberos, carrera 11, N 12-85) pour passer chez sa voisine, Tabatinga, Brésil. Retour au Brésil, juste en traversant une rue, et déjà tout est différent, la langue, le regard, l’ambiance. Un nouveau bateau, presque classe... y’a même une buvette, à nouveau au fond du hamac, en pleine lecture et écriture.

Non, faut pas croire, vous allez pas y échapper au petit topo sur "l’Amazonie en danger !"

Quand s’éteindra le monde

C’ est pas que je veux pas, c’est pas que j’ai pas vu ou entendu des histoires pas belles sur la déforestation qui chaque année ravage ce territoire et emporte, avec, la culture des derniers natifs, les « indiens d’Amazonie »... mais il y a tant à dire, à écrire. Alors voilà juste quelques chiffres et un constat, que au cours de ce voyage je prononce parfois, à contre coeur... on est mal barré ! ! ! !

L’ Amazonie c’est, parait-il, le poumon du monde, en renouvelant la moitié de l’oxygène de la planète. La plus grande forêt du monde, la plus grande biodiversité de la terre, plus de 10 millions de formes de vie. L’Amazone, le fleuve, déverse dans l’Atlantique, le quart d’eau douce (à l’état liquide) de la planête. Mais depuis les années 70, lorsque les militaires au pouvoir ont commencé à vouloir exploiter la forêt et percer ces routes transamazoniènne, ça coupe, ça brûle, toujours plus.

26130 km carré (la taille de la Belgique) a disparu en flamme entre 2003 et 2004, idem les années précédentes, voir moins. Le carnage écologique s’inscrit dans la normalité. Le monde a d’autre préoccupation et pour les gouvernements brésiliens, l’environnement est la dernière des préoccupations.

Depuis les années 70, sont partis en fumée, quelque 670 000 km carré sur les 3,68 millions que compte la forêt amazoniènne au Brésil. 16,3%, soit la surface de la France et du Portugal réunis. Imaginez, en trente ans, plus un arbre sur une forêt dense qui couvrait un tel espace. A ce rythme, dans 45 à 50 ans, la forêt amazoniènne ne sera plus.

Et il n’y a pas de raisons que ça change. Déjà ceux qui s’élevent contre ça, sont lâchement abattus comme Chico Mendes dans les années 80, mais chaque année des anonymes tombent sous les balles des tueurs à gage. Cette année, c’était au tour dune missionnaire de 74 ans, écologiste convaincu, Dorothee Stang, accompagnée d’un défenseur des "sans terres" et d’un syndicaliste défenseur de l’ environnement.

Et puis pourquoi arrêter ? Culture du soja, élevage bovin, bois exotique... sont les principales raisons de la déforestation. Tant que la demande sera là et que le Brésil (mais aussi le Pérou et la Bolivie) tentera d’équilibrer sa balance commerciale avec des tonnes d’exportations...

La dernière idée est de relancer la percée de routes pour donner au Brésil un accès routier aux ports péruviens, car en face la Chine est un grand marché... alors pour quelques hectares de plus, il était une fois.. l’ Amazonie.

Et sur toute la planête le constat est le même. La biodiversité est en danger. Il y a 15589 espèces animales et végétales menacées d’extinction sur la liste rouge de l’Union mondiale pour la protection de la nature (UICN), soit un mammifère sur quatre, un amphibien sur trois, un oiseau sur huit.

Et coté culture... Il reste en Amazonie, 180 langues indiennes, toujours parlées. Au Brésil il y a 300 000 indiens sur 183 millions d’habitants. Des réserves, espaces protégés, sur le papier plus que dans la réalité sont chargées de préserver leurs modes de vie, leurs cultures et l’environnement de centaines de groupes, connus, contactés ou vivant encore (et pourvu que ca dure) sans contact avec notre "civilisation" (pas beau ce mot).

Jusqu’en 1988 les indiens étaient légalement considérés comme des personnes mineurs... hum hum... et placés sous la tutelle de la FUNAI. Cela a changé, mais la FUNAI reste la même, connu pour limoger ses fonctionnaires trop militants de la cause indigène et régulièrement accusé de favoriser la desculturation et la déforestation sous le lobby des agrobusiness....

Pour plus d’ infos, voir le travail remarquable fait par l’asso « SURVIVAL ».

Les indiens d’Amazonie

Vivement la mer !

Passage par Manaus, mégapole de près de deux millions d’habitants au milieu de la forêt. Là, le fleuve devient large. A bord du bateau qui mène à Santarem, on commence à croiser des portes-conteneurs, des pétroliers, le fleuve devient mer, tout en restant fleuve. 15 km de large, 20 km. Les berges ne sont plus qu’une ligne inégale sur un horizon brumeux d’humidité. Et puis une perle au milieu, Alter do Chão. Une plage de sable banc et une île droit sortie d’une coupure publicitaire pour ces îles de l’Océan Indien. L’eau est transparente... Rio Tapajo, quelques kilomètres avant qu’il ne rencontre dans un lent mariage les eaux brunes de l’Amazone.

Ultime bateau, le plus petit, le plus vieux, le moins fun... direction Belem, après 15 jours sur l’eau. Une eau étale, une immensité sans rives et puis dans la nuit, un événement pour ne pas dire que ce n’est qu’un fleuve tranquille, un fleuve impassible, pour me faire mentir après ses journées sans rebondissements, à se lover dans son hamac 20h sur 24, et à attendre, plus loin, que sente bon l’arrivée aux rives de l’atlantique, et puis....

Il est autour de 1h du mat’. Je me réveille brusquement dérangé par les mouvements étranges de mon hamac. Je réalise que ma tête est bien basse. Ce hamac penche ! je réalise que tout le monde est en train de sauter de son hamac figeant sur son visage une impression d’inquiétude. Je me lève, difficilement. Le bateau penche sur son flanc bâbord. Mes oreilles libérées de mes bouchons de mousse indispensables au sommeil pour tenter de camoufler, si peu, les bruits du moteur, entendent le tambourinement sauvage de la pluie sur la tôle, sur les bâches. Cette nuit, c’est « tempête sur l’Amazone ». Malgré les bâches l’eau de pluie entre dans le bateau, rapidement on est tous mouillé. A plusieurs kilomètres des rives, un vent puissant pousse dangereusement le bateau latéralement, dans sa tentative de rejoindre une rive, au calme. Vite les passagers comprennent qu’ils faut faire contre-poid. Nous voila tous, ou presque, à tribord, accoudé au bastingage. Quelques cris, quelques pleurs. Les gilets de sauvetage circulent, nous couvrant tous, par sécurité, d’un bel orange perroquet. Les visages se sourient, d’autres se cachent, en larmes. Le bateau est illuminé toutes les deux secondes par un éclair qui n’a de puissance égale que celle du tonnerre qui lui répond. Bateau ivre ! On attend, et puis l’orage s’éloigne peu a peu, le vent aussi. Les gilets de sauvetage sont enlevés par les optimistes. D’autres les garderons toute la nuit à coté d’ eux... au cas ou... Il est temps de repartir. Avec difficultés. On est ensablé !

Le lendemain, ultime jour sur le fleuve, il fait chaud, dans un demi sommeil je pense à ses visages croisés, résonne dans ma tête des bruits, des musiques. Je dors, je rêve, je divague sous la chaleur équatoriale.... mon cerveau laisse allez les phrases des poètes...

"Littératriture de voyage"

Comme je descendais des fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour ?

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours

Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m’échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse, Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur, S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ?

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Heureux qui, a fait un beau voyage

Bajo la penumbra de un farol Se dormirán todas las cosas Que quedaron por decir se dormirán Junto a las manillas de un reloj esperarán Todas las horas que quedaron por vivir, esperarán.

Comme je descendais des fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

Rien n’est précaire comme vivre Rien comme être n’est passager C’est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J’arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière D’où viens-tu mais où vas-tu donc Demain qu’importe et qu’importe hier Le coeur change avec le chardon Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe Touche l’enfance de tes yeux Mieux vaut laisser basses les lampes La nuit plus longtemps nous va mieux C’est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne Mais l’enfant qu’est-il devenu Je me regarde et je m’étonne De ce voyageur inconnu De son visage et ses pieds nus

C’est long d’être un homme une chose C’est long de renoncer à tout Et sens-tu les métamorphoses Qui se font au-dedans de nous Lentement plier nos genoux

O mer amère ô mer profonde Quelle est l’heure de tes marées Combien faut-il d’années-secondes A l’homme pour l’homme abjurer Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n’est précaire comme vivre Rien comme être n’est passager C’est un peu fondre comme le givre Et pour le vent être léger J’arrive où je suis étranger

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Et à présent

Au bout du fleuve il faut choisir. En face c’est l’Atlantique, mais j’ai pas de voilier pour continuer de voguer vers l’Est. Au nord, un équateur à franchir et l’inconnu des Guyanes et du Venezuela et au Sud, le Brésil. Alors, je met cap au sud, pour après Belem et Sao Luis, replonger dans le connu et les grandes discussions entre amis, à Recife, chez Marie Laure (cf. fevrier) et avec aussi, parce que le hasard fait bien les choses, deux autres amis parisiens, Caro et Luc, de passage chez elle. Un saut de puce jusqu’à Sao Paulo, chez Jean et Carolina. La petite Julia a bien grandit. Là, je récupère mon vélo, car plus au sud, le printemps est précoce alors autant le retrouver en roulant, le nez à l’air.

Après les Andes, l’Amazonie

2005-08-05 VEN 00:00 (FR) | STEVE

A force de marcher en équilibre sur la cordillère des Andes, il fallait bien qu’un jour je tombe d’un coté ou de l’autre. J’avais choisi l’Amazonie et puis je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvé les deux pieds dans le Pacifique. Lima, pas follichone cette ville.

Considérations

Un choc en quittant cette capitale, dans la banlieue, des hypermarchés au bord de la route. Des mois que je n’avais pas vus ces bêtes là. Moi je pensais que Pérou et Bolivie c’était un peu kifkif bourricot, et bien non, dans les villes le contraste est réel, des voitures individuelles et des supermarchés.

C’est ça qui est super en Bolivie, pas de centre commerciaux climatisés (ou chauffés) pas de hangars à rayons pour remplir le manque de vivre de stressés par la vie, et dans les rues, 99% de véhicules collectifs. Des taxis, collectivos, trufi, micro, bus, camion. Presque personne n’a de voiture individuelle, alors, avec ces moyens nombreux, tout le temps il est possible d’aller n’importe où. Toujours un bus qui part (bon on ne sait pas toujours quand) pour n’importe où, pas à s’embêter avec des cartes et des infos dures à glaner... c’est si simple. Imaginez en France vouloir relier deux villages éloignés de 60km... si t’as pas de bagnole... restes chez toi pauvre type. Idem pour les magasins, pas de supermarchés, loin des villes pour ceux qui peuvent "faire les courses pour le mois", pas même de minimarché, mais toutes les quatre ou cinq maisons, une petite tienda, qui vend l’indispensable, car en Bolivie on ne connaît pas l’inutile, et dans chaque quartier un marché avec les produits de la campagne, et quelques échoppes pour s’alimenter, se vêtir. Un pays pauvre, vous allez dire ? Ouaih mais je crois que l’on a aussi à apprendre par là bas.

A travers le Pérou, quelques belles surprises culinaires, dans les restos comme dans la rue. Un plat fameux, le "picante de cuy". J’ai goûté, ben oui, il faut bien s’habituer à manger des trucs bizarres car en Amazonie... ah oui, le picante de cuy... c’est du Cochon d’inde. Pas mal !

Je remonte vite dans les montagnes, pour la Cordillère blanche. Un spot d’andinisme magnifique. Le rêve, une vingtaine de sommets a plus de 6000, des glaciers à la pelle, des pics, des aiguilles, des treks, enfin y’en a pour tous les goûts. Après quelques marches je reprends la route sans tout d’abord faire un dernier tour à la boulangerie de David. C’est un Breton venu s’installer au pied de la cordillère blanche, à Huaraz. Si un jour vous passez par là, venez le saluer, il vous racontera comment cela relève de l’alchimie de faire du pain français avec les farines péruviennes, des baguettes, des croissants, des chocolatines. (angle des rues San martin et 28 de julio à Huaraz).

Plus loin vers le nord, je découvre ces autres nombreuses cultures préhispaniques qui ont peuplé le Pérou, bien avant les Incas, les Wari, Chumi, Chan-Chan et quelques belles plages aux portes du désert côtier.

Et puis, la route monte, monte et redescend de l’autre coté, plein Est, les derniers virages sous une chaleur retrouvée, et en face apparaît une étendue infinie, plane, verte... ça y est j’y suis ! En Amazonie !

Sur le fleuve roi

A Yurimaguas (toujours au Pérou), je me mets au courant des faits et coutumes d’un voyage en bateau... car il me reste près de 5000km pour atteindre l’embouchure de l’Amazone, tout là bas, très loin au Brésil. Ce sont des jours de navigation sur de nombreux bateau qui m’attendent.

Comme les autres passagers j’accroche mon hamac. Bientôt le pont est bariolé de tous ces hamacs multicolores. Le sac est protégé (et caché) dans un gros sac type sac à patate. Un cadenas, on ne sait jamais, les vols sont fréquents. Et après des heures d’attente (après l’heure annoncée), le bateau part. Petit pincement au coeur, c’est une page importante de ce voyage qui se tourne. Je quitte ces Andes, où je viens de passer 4 mois et plus de 7 mois de ce voyage. Ces atmosphères, ces rencontres..., j’ai à présent devant moi, un rêve de gosse : l’Amazonie et moi sur un bateau, sur l’Amazone (qui ne s’appelle pas encore comme ça par ici).

La vie à bord est aussi calme que le rythme du bateau. Là, les berges sont encore bien proches et sur la route (façon de parler) vers Iquitos (2 jours) puis après vers Leticia (2 jours) le bateau fait des arrêts multiples dans les villages, ou dès qu’un riverain du fleuve fait signe. Bateau taxi...

Ici on débarque des bidons d’essences pour charger des régimes de bananes, plus loin ce sont des caisses de coca contre des vaches, là des cochons descendent et l’on charge des poissons immenses destinés aux marchés d’Iquitos. Chaque arrêt est l’occasion d’observer la vie des villages, voir les enfants plonger dans l’eau, ou d’autres monter à bord vendre quelques fruits aux saveurs inconnues (anona, par exemple).

Une très jeune femme enceinte monte à bord, suivi d’un docteur tenant le goutte à goutte. Espérons que l’on arrivera à la ville à temps.

A bord, rien à faire, et par ici c’est déjà beaucoup. Dormir dans son hamac, lire, écrire, dormir, manger, discuter avec son voisin, regarder le beau travelling des berges qui défilent, dormir, lire, écrire...

Quelques voyageurs au milieu de la population locale, des voyageurs longue durée, comme moi. Un couple de canadiens, la cinquantaine, faisant leur grand tour en Amérique du sud, et voyageant, tout simplement, comme tout le monde, et plutôt bien marrant. Une famille hollandaise, avec leurs 4 enfants, découvrant eux aussi l’Amazonie. Comme quoi il suffit de vouloir partir, rien ni personne n’empêche un voyage.

Quelques jours à Iquitos, ville unique. La plus grande ville du monde qui n’est pas reliée par une route. Pour venir à Iquitos, où vivent plus de 400 000 habitants, c’est en bateau ou en avion, uniquement. Quelques restes architecturaux du "boum du caoutchouc" qui fit la richesse éphémère de quelques villes le long du fleuve et la misère des indiens et paysans du Sertão, qui forcés ou endettés travaillèrent dans la jungle hostile pour enrichir quelques barons de la gomme. Il en reste des villes, étonnamment grandes, au milieu de rien et quelques beaux bâtiments (dont un construit par Eiffel et importé en morceau).

Autre bateau, même atmosphère, ou presque. Arrêt à San Pablo, petite ville qui s’agite pour préparer la fête nationale. Il y a environ 50 ans c’était une autre fête qui résonnait dans la nuit. L’anniversaire d’un jeune docteur travaillant auprès des lépreux, fêtant ici ces 24 ans, à la léproserie de San Pablo, un certain Ernesto Guevara (voir la séquence dans le film, Diario de Motocicleta ou dans le livre).

Chaque jour les berges sont de plus en plus loin au fur et à mesure que le fleuve s’élargit à la rencontre de ces affluents, Napo, Huallaga,.. et puis... je quitte le Pérou après un mois, 8e pays, 30e passage de frontière après 400 jours de voyage, je suis à Leticia, en Colombie. Extrème sud de ce pays, là où sa frontière flirt avec le fleuve des fleuves et jouxte, le Pérou et le Brésil ; Triple frontière.

Cap au Nord

2005-07-08 VEN 23:02 (FR) | STEVE

Tout d’abord je vous souhaite à tous un bel été. N’oubliez pas la crème solaire et la petite bouteille d’eau.... oui conseils de baroudeur... moi ça fait... plus d’un an que j’y pense tous les matins ! ! ! ! ben oui, un an, un año ou même si on veut "one year" comme disent ces vendeurs ou autres démarcheurs d’hôtels ou restos et qui ont le don de m’énerver en me parlant en anglais....

Vous ne pouvez pas savoir comme ça commence à me sortir par les oreilles cette image du touriste qui bien sûr ne parle pas espagnol alors il faut lui parler en anglais. Et surtout dans ces pays où la majorité de la population parle Quechua puis la langue du colonisateur, le Castillan. Là on peut comprendre, ils veulent caresser le touriste dans le sens du poil mais le pire ce sont ces hordes de touristes qui ne font pas un effort pour dire Hola, gracias ou desculpe.

Eh oui je les ai retrouvés les autres gringos et gringas sur les routes de l’Amérique du sud. Depuis Bahia au Brésil en mars je n’en avais pas croisé des masses. Faut dire que Brasilia, Santa cruz, Tartagal, etc... ce n’est pas le spot du tourisme et en Bolivie eh bien ils avaient vite fuit dès les annonces de bloqueos et les rumeurs de coup d’Etat. Il devait bien y’en avoir un ou deux bloqués à Potosí, Sucre ou Tupiza... mais bon pas des méchants. Les autres ils avaient vite rangé leurs vêtements au fond du sac à dos et filé au Pérou...

C’est donc là que je les ai retrouvés et avec eux tout ce qui fait qu’une ville touristique est parfois insupportable. Mais avant, pour ceux qui entre le Tour de France et Paris Plage (ou la vraie) ont encore deux neurones pour la géopolitique.....

Fin de crise en Bolivie ?

Ce 12 juin restera historique en Bolivie. Tous les scénarios pour sortir de la crise ont failli se réaliser. Après la démission de Mesa, la constitution faisait du président du Sénat, Hormando Vaca Diez, un grosconquifaitpeurtellementilestpasbeau, son successeur. Mais personne ne voulait de lui et lui rêvait du pouvoir. Dans l’ombre, des magouilles et dans la rue des milliers de manifestants pour faire pression et l’obliger à renoncer. A Sucre, les mineurs de Potosí, les campesinos, les profs encerclent les parlementaires réunis. Affrontements dans les rues. A quelques kilomètres de là, l’armée tire. Un mort. Un mineur de Potosí. Et tout bascule. Finalement c’est le président de la cour suprême qui est nommé président (en attendant les prochaines élections en décembre), Eduardo Rodriguez. Le pays respire. Jusqu’à quand ? ? ?

Au Pérou

Je quitte donc mon banc sur la place, au soleil, referme les journaux et range mes vêtements dans mon sac à dos, direction Pérou... pas très original....

Mais bon avant une petite révision historique pour être bien calé en "Inca Studies" en regardant les DVD des Mystérieuses Cités d’or (merci Mag) et un petit détour, avec Géraldine, par Sorata (2600 m) là où les Andes commencent à plonger vers l’Amazonie pour quelques marches sous une chaleur bienvenue.

Passage de frontière périlleux à Desaguadero, un bordel monstre, des centaines de vendeurs, de trafiquants se bousculent sur ce trop petit pont qui sépare les deux pays. Au milieu, un Camping-car immatriculé en Savoie est bloqué. Encore un qui s’est trompé de pays....

Puis le bus qui n’a que trois heures de retard longe le lac Titicaca, la cordillère royale s’éloigne, les lumières du soir sont toujours aussi belles sur cet altiplano péruvien et dans la nuit apparaît Cusco que je surnommerai bien gringo land... Bon comme partout il suffit de s’éloigner de quelques rues pour trouver la vraie ville avec des péruviens qui y vivent.

La cité perdue des Incas

Voilà je l’ai vu ce Machu Pichu, réveil a 3h45. Début de la marche vers 4h20 et en haut, à l’entrée du site à 5h20. Tout le monde m’avait parlé de 1h30 de montée mais il faut croire qu’à cette faible altitude (2000m) mon taux de globules rouges après plus de 3 mois a 4000m m’a poussé vers le haut. Durant 15 minutes il tombe une petite bruine. Les premières gouttes depuis plus de 100 jours. Il faut dire que, à la lueur de ma frontale, je réalise qu’ici tout est vert. On est loin des steppes sèches des 3000 ou 4000. De Cusco, peu à peu la route a basculé vers la forêt luxuriante, tropicale.

J’attends l’ouverture des ruines à 6h en sortant mon petit dej’ du sac. Les premières lueurs du jour apparaissent. Le gardien me laisse entrer. Je suis le premier sur le site, ce matin du 6 juillet, alors que le soleil cherche à se lever à travers les brumes matinales. Je suis seul. Ouaahhhh. Ca existe vraiment ce décor parfait vu mille fois en photos. Je traîne quelques minutes au milieu des ruines, tel un descendant de H.Bingham qui découvrit ces pierres, en 1911 seulement. Jamais les Espagnols n’ont eu vent de cette cité des Incas.

Et puis quelques visiteurs arrivent. Ben oui ils ont le droit aussi. Dommage ! Je cherche la solitude un peu plus loin, temple du soleil, Intiwatana, etc. A 8h les premiers groupes (ceux qui m’insupportent avec ces guides tous plus nuls les uns que les autres qui racontent dans un mauvais anglais quelques généralités en tentant un minimum de mise en scène pour éveiller les regards amorphes de leur riches clients). Alors je quitte le centre du site pour partir à l’ascension du Wayna Pichu, la fameuse montagne derrière sur la photo.

Ca grimpe fort. Il fait déjà chaud. Le dieu soleil, Inti est là. Je ne me lasse pas à traîner mon regard de part et d’autre. Car si le Machu Pichu est fabuleux il le doit tout autant à son cadre qu’à ses ruines perchées sur une montagne avec de chaque coté ces falaises bien vertes qui s’effondrent jusque dans les méandres du Rio Urubamba, affluent de l’Amazone. De l’autre côté après une longue descente, le temple de la lune, si vrai, avec cette végétation qui le recouvre par endroits. Personne ne pousse jusqu’ici (ou presque). Retour au milieu des ruines, points de vue magnifique de part et d’autre. Je m’éloigne de l’autre côté vers le pont de l’Inca, laissant aux visiteurs le temps de partir retrouver d’un coup de bus et de train le confort de leur lodge 4 étoiles. Le soleil décline. Les ruines se couvrent d’or. Je traîne quelques instants encore. On est plus beaucoup. Juste des silencieux s’abreuvant de ce spectacle, rassasié pour la vie du rêve du Machu Pichu.

Je redescends à pied vers Aguas Calientes pour m’affaler vers 19h sur lit de ma pauvre chambre d’Hôtel. Demain le train est à 5h45... et oui il est là le sombre côté du Machu Pichu, c’est que c’est un beau scandale financier ! ! ! Ca y est, vous vous dites, le Steve, il ne peut pas être juste content 5 minutes sans faire son donneur de leçon, son moralisateur idéaliste à deux francs six sous.... Non, c’est juste, au cas ou vous passiez par là, que vous connaissiez la vérité. Pour rejoindre Aguas Calientes (la petite ville au pied du Machu Pichu) depuis Cusco, il faut prendre un train. Une seule compagnie, Perurail, privatisé sur les injonctions du FMI par Fujimori, l’ex-président, réfugié au Japon pour corruption. Il faut donc verser ses dollars (oui à Cusco la monnaie est le dollar et non le Nuevo Sol comme partout au Pérou... puisque c’est bien connu que, nous, étrangers, on en a tous plein les poches). Le train c’est 200 dollars pour les plus riches (avec des supers horaires et tout plein de services) et pour les pauvres (ceux qu’ils appellent les Backpackers) c’est 40 dollars, mais pas de Cusco, non d’abord tu te débrouilles pour aller à Ollantaytambo, plus en avant. Et là tu peux pour ces super 40 dollars prendre un aller-retour avec des horaires de merde qui te font faire 200 km en 4h (a/r) dans un confort digne d’un très vieux TER.... Je ne crois pas que l’on puisse trouver plus belle arnaque au KM.... Tout ceci étant pour enrichir une Cie chilienne... Nada pour les péruviens. Ok ils ont droit à un tarif local eux, mais pas de réduction pour les argentins, chiliens, équatoriens ou boliviens, pour qui l’Empire Inca fait aussi partie de leur histoire. Comment priver un peuple de l’accès à sa culture... Super. Après, une fois à Agua calientes c’est encore 9 dollars de bus pour monter (moi je suis monté à pied) et encore quelques-uns pour entrer (mais ça c’est normal) mais interdit de rentrer de la bouffe (bon moi j’en avais caché) sinon il y a qu’un seul resto... 10 dollars le menu basique...

Va falloir qu’ils arrêtent de nous prendre pour des "cash machine". Ah oui le pire dans le train c’est que les touristes sont d’un côté et les péruviens de l’autre.... un peu comme s’ils avaient le choléra et nous.... la rage. Et ne tentez pas d’aller dans l’autre wagon..."forbiden" vous dira le contrôleur....

J’ai été habitué en un an à payer un peu plus que le local. La petite dame au marché qui gagne quelques sous sur le kilo de légumes, la bouteille d’eau à prix gringo, la course de taxi ou le billet de bus annoncé à un prix et qui exige de longues minutes de marchandage. Je l’ai presque accepté au regard des ressources des gens que je rencontre. Mais là, si au moins toutes ces tunes étaient pour le Pérou... Bon, c’est fini.

Je quitte Cusco, pour Ayacucho, ville marqué dans les années 90 par les révoltes des guérilleros du Sentier Lumineux. Ca aurait fait des milliers de morts. J’en sais pas beaucoup plus. J’ai pas bossé le sujet. Désolé mais bon on est en juillet, non ? Ce sont les vacances !


Merci aux lecteurs toujours de plus en plus nombreux de ce site. Si vous voulez réagir, ou juste des infos... le courriel : verslesud à free.fr

¿ Hacia donde vamos ?

2005-06-09 JEU 00:00 (FR) | STEVE

Le temps qui passe

Deux mois en Bolivie, et plus de la moitié à Potosí. Se poser, regarder la vie qui passe, la lente agitation des rues, lire le journal, discuter chaque jour avec les gosses de la place, les cireurs de chaussures, Omar, Vladimir, William et les autres, se sentir un peu chez soi dans cette maison, aller voir les petites marchandes du marché Uyuni pour faire les courses, préparer le repas, découvrir le goût des ocas, habas, lissa, aripa, etc., faire de belles rencontres grâce aux contacts de Géraldine, marcher quelques jours au dessus de Potosí, dans les montagnes, à 5000m, lire, écrire, penser.

Tout simplement vivre loin du nomadisme du mochilero, loin de l’inconnu excitant qui s’offre à celui qui poursuit sa route, regarder cette année de voyage qui bientôt se réalise depuis la simplicité de la vie quotidienne.

C’est comment la Bolivie

La Bolivie est un pays tropical composé de trois principales régions géographiques : les Andes, les vallées subandines et les plaines orientales (ou l’Amazonie). Entre la Cordillère occidentale et la Cordillère royale se trouve enfermé l’Altiplano, région des hauts plateaux andins d’une altitude moyenne de 3 700 mètres. Potosí est la ville la plus haute de Bolivie, d’Amérique du Sud, du monde même disent certains, 4100m d’altitude.

Ca chauffe en Bolivie.

"La Bolivie est au bord de la guerre civile", Carlos Mesa, président démissionnaire de Bolivie

Ca fait plus d’un mois que y’a pas mal d’agitation sociale, mais depuis 3 semaines, ça pette ! Toutes les routes de montagne du pays bloquées (bloqueos), impossible d’aller à La Paz ou même à la ville d’à côté. L’autre jour en passant à pied, de nuit, un bloqueo, j’ai dî éviter les pierres lancées par les campesinos !

Manifestations partout pour la nationalisation du gaz et du pétrole.... entre autres. Il y a deux semaines deux militaires sont intervenus à la TV pour demander la démission du président Mesa et dire qu’il fallait pour sortir le pays de la crise former un gouvernement civilo-militaire et qu’ils étaient prêts à assumer la direction du pays... heureusement que l’armée les a tout de suite viré et assuré son soutien au President. Les jours précédents, c’était le président du Congrès (Vaca Diez) qui tentait peu à peu de réunir le climat propice à son coup d’Etat.

A gauche, les différents mouvements qui bloquent le pays et manifestent, réclament la nationalisation des ressources de gaz (les deuxièmes d’Amérique du sud), rejettent la nouvelle loi sur les hydrocarbures et appellent à la convocation d’urgence d’élections pour l’assemblée constituante. Le problème est que outre ce rejet de la politique en cours, la Bolivie se déchire entre l’Est et l’Ouest, l’Orient et l’Occident. A l’Est, le pétrole, le gaz, l’agriculture, en un mot la richesse... A l’Ouest, les montagnes, l’Altiplano, les peuples originaires (Aymara et Quechua) avec leur culture, la pauvreté criarde du pays le plus pauvre d’Amérique du sud. Les régions les plus riches, à l’ouest (Santa Cruz, Tarija, Beni et Pando) demandent leur autonomie motivée par les oligarchies de Santa Cruz. Or les autres régions voient là une tentative pour s’approprier les ressources naturelles du territoire et assumer des tâches relevant de l’armée ou des relations internationales, mettant ainsi en danger l’unité de la Bolivie.

La Bolivie est au bord d’une implosion politique et géographique.

Le MAS (Mouvement pour le socialisme) de Evo Morales est en plus actuellement doublé par sa gauche (si si c’est possible) par des mouvements indigènes et syndicaux (Fejuve, COB entre autres) qui eux sont les plus virulents à bloquer les rues et routes et s’affrontent tout les jours avec la Police dans les rues de LA PAZ.... Les deux principaux mouvements de gauche, le MAS et la COB se tirent dans les pattes, s’accusant de tous les mots. On assiste à une surenchère bien souvent démagogique.

Mesa, apolitique, journaliste et historien, depuis son arrivée au pouvoir (après la fuite de Lozada en 2003 après des affrontements meurtriers), a connu plus de 800 conflits... un pays ingouvernable ! ! ! En Février 2005, Mesa a décidé de démissionner, mais le Parlement a refusé sa démission... Lundi 6 juin dans un discours d’une beauté à faire pleurer tous les téléspectateurs, il s’est excusé de ne pas avoir su régler les problèmes du pays, et à annoncer sa démission (cette fois pour de vrai). Ce jeudi 9 juin 2005, le Congrès se réunit à Sucre pour décider de l’avenir politique du pays.

Qui va remplacer Mesa ? Constitutionnellement c’est Hornando Vaca Diez du MIR (libéral), élu de Santa Cruz, mais à part les oligarchies de cette région, les investisseurs pétroliers et les Etats-Unis personne de l’Ouest ne veut de lui. Il souhaite rétablir l’ordre ! Le pays attend. Etrange ambiance dans les rues. Le pays semble suspendue, dans le silence, attendant les nouvelles d’une impossible solution à venir...

Un pays qui s’oppose entre deux régions, une économie bloquée, des revendications divergentes, et des rumeurs... partout les gens parlent du coup d’Etat qui se prépare, de l’influence des Etats-Unis pour empêcher une nationalisation du gaz, ou de l’ingérence du Vénézuela... comment savoir ?

Il y a deux jours, un chauffeur de taxi m’a dit "que ça ne pouvait plus durer cette situation, qu’il fallait un gouvernement militaire pour remettre de l’ordre. Oui mais les droits de l’Homme ? Ah oui mais bon quand y avait les militaires, y avait pas de blocages, pas de grèves..." Et il est loin d’être tout seul à penser cela. Il y a une semaine des manifestants ont rejoint l’Etat major pour demander aux militaires de prendre le pouvoir... Dure quête de la démocratie dans un pays qui n’a jamais connu de stabilité politique.

La raison à tout cela, l’élément déclencheur, est la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui prévoit que les multinationales qui exploitent les ressources naturelles du pays (Total, Petrobras et Repsol en tête) reversent à l’Etat 18 % de royalties et 32 % d’impôts.

Or Evo Morales, le leader du Mouvement pour le socialisme (MAS, gauche) exige que l’Etat perçoive 50 % de royalties sur les revenus des hydrocarbures, craignant que les sommes dues ne soient pas acquittées, les entreprises pouvant réduire leur impôt grâce à diverses déductions.

Le dirigeant de la COB (Centrale ouvrière bolivienne), Jaime Solares, lui demande la nationalisation pure et simple du pétrole et du gaz tout en incitant les militaires à commettre un coup d’Etat.

Personne n’est en mesure de voir où peut être la solution. Si ça vous intéresse, la vie politique bolivienne, jetez un oeil aux journaux ou lisez les articles du site RISAL ou mon article sur le site Intergalactique (en français) ou sur la page d’accueil du site Intergalactique voir la rubrique à droite (en espagnol).

Croyances des uns.

Un soir de mai, Beto, musicien, luthier nous invite à la cérémonie de Ckoa de sa boutique. Il a décidé pour son anniversaire de « challer » (célébrer la chance) son petit magasin où il fabrique et vend des instruments de musique. Sur des tisons de charbon de bois, il dépose un mélange d’épines de conifères, de graisse de lama et de figurines en pâte colorée. On arrose le tout d’alcool, l’un après l’autre, quelques incantations... une abondante fumée entre dans le magasin. Le temps est alors venu de se retirer, car il est interdit de regarder la Pachamama (la mère terre) se nourrir de ces délices terrestres. L’instant est fort sous une presque pleine lune, dans un froid mordant...

La semaine d’avant nous a mené au village de Manquiri, à quelques kilomètres de Potosí, pour la fête et la procession en l’honneur du Seigneur de Manquiri. Ce village est tout petit flanqué d’une immense église au sommet d’une bute et au cœur d’un vallon adorable. Chacun s’y rend en famille. La foule est grande. On y va surtout pour demander la chance et pour connaître son avenir. Sur des étales, on trouve des petits camions, des petites maisons, des petits dollars, bref pleins de miniatures qui attendent d’être encensées et priées. Entre deux danses, entre deux verres, les familles pénètrent dans l’église vidée de ses bancs. La chacun dépose des bougies à même le sol. L’ambiance est étrange mais tellement prenante !

La boucle du sud

Tupiza ou le far ouest bolivien. Tupiza, quasiment à la frontière argentine. C’est par là-bas que les deux grands bandits, Butch Casidy et Sundance Kid ont trouvé refuge après avoir épongé les banques et trains des Etats-Unis. Ici, ils firent de même. Leur dernier coup fut l’attaque de la paye des mineurs, portées à dos d’âne, au milieu de ces canyons de pierres rouges.

Je marche en ce beau mardi dans l’un de ces canyons dont la lumière hivernale fait ressortir la beauté des teintes. Au bout, quelques chèvres, une campesina et deux chiens qui se précipitent sur moi. Ils ont l’air bien rodés aux techniques d’attaque dans un canyon étroit, sans doute élèves dans une autre vie, aux méthodes de Butch Casidy et du Kid.... Rien à faire je suis pris au piège. Non je n’ai pas la paye des mineurs... juste deux beaux mollets.... Je tente un repli, l’un m’attaque par derrière (le traite) déchire mon bas de pantalon et dans un deuxième coup de cros attaque ma pauvre chair d’humain... Et merde ! ! ! ! Je flipe à cause de la rage, frotte tout ce que je peux, désinfecte et redescents à Tupiza, enveloppé dans un nuage de poussière, pour visiter les urgences de l’Hôpital. Rien de grave côté blessure, juste j’espère qu’il n’avait pas la rage, le chien, car le médecin il n’a pas voulu me vacciner... cas très rares selon lui, même discours à la pharmacie. Bon depuis moi j’ai mordu personne... c’est bon signe, non ?

De Tupiza à Tarija, impossible de dormir dans ce bus de nuit ; la pleine lune éclaire chaque ravin, chaque précipice qui flirt avec cette mauvaise route de terre. Pas vraiment envie de tomber, j’ai encore beaucoup à voir et à vivre sur ce beau continent et dans ma petite vie. Cette visite du grand sud bolivien me mène, à nouveau, pour deux jours, en Argentine. Oran, Tartagal aux portes du Chaco. Oubliées les nuits glaciales de Potosí, oubliées les ambiances des villes d’altitude. De belles places où s’abriter du soleil tropical pré hivernal, et à nouveau cet amour des Argentins pour les rencontres, les discussions et le football. En sirotant ma Quilmes et en mangeant mon Choripan j’assiste à la victoire de Boca puis de River dans les quarts de final de la Copa de los Libertadores.

Retour en Bolivie, par une ville frontière de tous les trafics, Pocitos. Seul gringo à traîner mes chaussures neuves dans cette partie du monde. De retour en Bolivie, cette autre Bolivie, loin de l’altiplano, loin des agitations sociales, loin de l’ethnicité affirmée comme fierté, cette Bolivie, ici, c’est celle où le gaz et le pétrole coulent à flot dans les oléoducs d’exportation. Mais, une fois encore, il semble que cette richesse ne profite pas à tous. Comme ailleurs dans ce pays d’à peine 10 millions d’habitants, la richesse est entre les mains d’une oligarchie puissante. Il fait chaud ; face à moi les territoires immenses du Chaco bolivien et paraguayen. Je retrouve à Yacuiba et Villamontes cette ambiance découverte il y a 11 mois dans les premiers jours de ce voyage en face, au Paraguay.

Eternels perdants

La Bolivie et le Paraguay se sont disputés ces territoires lors de la Guerre du Chaco en 1932-1935. Le Paraguay souhaitait se refaire une santé territoriale après sa défaite dans la guerre de la triple alliance où Argentine et Brésil lui ont spolié de nombreuses terres. La Bolivie espérait se refaire de sa défaite dans la Guerre du Pacifique (1884) contre le Chili où elle perdit son accès à la mer.... Une guerre de perdant, une guerre de pays pauvres, une guerre pour du pétrole aussi, nombreux dans le sous-sol du Chaco. La Standart Oil mise sur la Bolivie tandis que la Shell mise sur le Paraguay. Au final la Bolivie perd 225000 km² et....65000 hommes.

A Camiri, c’est le Dallas bolivien, le centre de l’exploitation des hydrocarbures, ces fameuses dont tout le monde parle. A Camiri, y’a même un Hôtel JR.... Je me traîne, cherchant l’ombre ; puis la route monte, monte au milieu de la selva continuellement jusqu’à Sucre la blanche et Potosi, ville impériale. Potosí, encore !

Et après ? Le pays est bloqué. Grève générale jusqu’à nouvel ordre. Sur chaque route principale du pays, des campesinos bloquent tout trafic. Impossible de bouger. Et d’ailleurs pourquoi. C’est bien, aussi, le sédentarisme. Pourtant plus loin, après les barrages des manifestants, après les affrontements de La Paz, la saison sèche commence avec l’hiver dans la grande selva amazonienne, pourtant là-bas dans ce pays frère, le Pérou, d’autres merveilles Inca m’attendent... les routes sont bloquées, la place de Potosi est belle et offre un spectacle inlassable à mes yeux de gringo de là-bas, muy lejos... hay que ir en avion !

Alors si c’est ainsi que le hasard ou le destin a voulu que ce soit. J’attends ! J’ai le temps, mon temps.

Pour les nuls en Géographie : parcours au 9 juin 2005

Donner son avis

2005-05-11 MER 01:58 (FR) | STEVE

Hola,

Vous savez, depuis 10 mois, je mets des articles sur mon site Internet, que vous lisez, j’espère avec attention.

Cette fois ça va être long, long, va y avoir des trucs pas faciles pour moi à raconter et des trucs "prise de tête" pour vous...

alors éteignez le feu sous les casseroles ou revenez lire ce texte plus tard (il faut bien 15 minutes pour le lire)

Comme c’est long, pour des questions de mise en page, je l’ai mis sur une autre page. Cliquer ici.

Sous le soleil, exactement !

2005-05-01 DIM 03:52 (FR) | STEVE

Quel plaisir de retourner en Bolivie. Ce pays, c’est vraiment l’Amérique du Sud. Je m’y sens bien. Santa Cruz puis Cochabamba mais toujours pas ces montagnes, cette ambiance que je recherche.

Il faut faire avec

Bon je me dois, à ce moment de ce carnet de route, de vous révéler la pire réalité d’un voyage en Amérique du Sud. Pour beaucoup cela va être une découverte. Pour ceux qui, un jour, ont voyagé en Amérique du Sud ou en Asie, je ne vais que faire resurgir de tristes souvenirs... désolé Dorothée !

Dans un bus, en Bolivie, un groupe de jeunes israéliens montent. Les voyageurs israéliens voyagent toujours par groupe de minimum quatre parfois jusqu’à 7 ou 8... Pas de chance, ils n’ont pas réservé de sièges à coté les uns des autres. Sans doute qu’après des mois de voyage par ici ils n’ont toujours pas appris les 50 mots nécessaires aux voyageurs. Alors l’une commence à aborder une femme et avec un regard à fusiller un pitbull lui dit : "do you speak english ? puis lui demande-ordonne de se déplacer". Petite précision, la Bolivie est le pays le plus traditionnel de ce continent, 60% de la population est indienne, 30% métisse, la moitié des habitants vit dans des campagnes. Il n’y a pas plus de 7 habitants au KM carré. Pour une grande partie de la population, la première langue est le Quechua ou l’Aymara, plus tard, à l’école l’on apprend l’espagnol... alors l’anglais...

Et voilà qu’elle se met à crier, gesticule, et fait signe à tout le monde de bouger. Et oui, un israélien en voyage est en pays conquis... (déformation nationaliste ?). C’est lui qui fait la loi. Souvent, lors de ces 10 premiers mois de voyage, j’en ai croisé. Ils parlent fort, réveillent tout le monde dans les hôtels, marchandent sans manière, ne respectent ni les habitants ni l’environnement. Il n’y a qu’eux qui comptent. Tout le monde les déteste, les hôtels, les agences d’excursion, les autres voyageurs. Tout le monde y va de ses mauvais souvenirs... parfois cauchemardesques. En traversant le Salar d’Uyuni, le gars de l’agence m’avait dit : "ça va être un beau voyage de 4 jours... il n’y a pas d’israélien..." Je me lève, je parlemente en espagnol et anglais pour arriver enfin à un accord dans le calme bolivien plutôt que dans la furie ridicule de cette sauvage. Bon ce n’est pas Camp David non plus !

La première fois ça surprend. Et puis on comprend. Il y a toujours une explication à un phénomène. Les jeunes israéliens partent en voyage de 6 mois ou un an en sortant de l’armée. Garçons et filles font 3 ans minimum de service militaire dans un pays en guerre. Alors après 3 ans (plus pour les officiers).... on peut comprendre que, comme disait ma grand-mère... ils aient un petit vélo dans la tête...

Le pire c’est qu’individuellement ils sont sympa... mais en groupe... En plus ils ne s’intéressent à rien. J’ai toujours pas compris pourquoi ils voyageaient.

Un rêve si simple, si vrai.

Je continue ma route en Bolivie, et remarche sur mes pas : retour à Sucre et quelques jours plus tard à Potosí. Là je retrouve Magali et Géraldine, deux françaises travaillant pour un an ici, que j’avais croisé déjà en septembre dernier. Je ne vais pas vous remettre une tartine sur ces deux villes, Potosí et Sucre, si différentes mais pour lesquels j’ai un coup de coeur. Relisez l’article du 13/09/2004 : Salé et Sucre, argent et misère.

Après quelques jus d’orange à deux bolivianos sur la place de Potosí nous partons, Géraldine et moi pour les petits villages de l’Altiplano à la frontière Chili/Bolivie. Moi je souhaite retourner dans ce petit bout du monde paradisiaque où j’étais en août dernier (cf. article Syndrome de Stendhal du 31/08/2004). Géraldine doit sortir de Bolivie pour des questions de visa. Le bus nous laisse à 4h du matin dans la ville fantôme de Patacamaya. On trouve refuge en attendant les bus du matin dans un troquet où trois ivrognes finissent leur bouteille de Singani. Ils nous souhaitent bien 20 fois la bienvenue... Discussion rendue difficile par leur degré d’alcool mais bon ça fait passer le temps. Nous on se réchauffe avec un vieux café. Le soleil se lève, de partout sortent des hommes et des femmes chargés de sac, de balots. Ils attendent les vieux bus qui les mèneront à El Alto ou à La Paz vendrent leur production. À un croisement de route, nous prenons un bus qui va vers le Chili.24ème passage de frontière.... et retour au village de Parinacota dans le fabuleux et désertique Parque Nacional de Lauca. Toujours cette lumière de l’Altiplano, ces vigognes, lamas, alpagas ou viscachas. Et encore ces rencontres : Le petit José, sans doute seul enfant de son âge dans ce village de vieux qui se précipite vers nous et engage un jeu de lancé de cailloux dans nos casquettes respectives. Il nous fait visiter l’église... à sa manière. Felipa qui nous héberge et, avec son regard malicieux, nous propose de nous raconter l’une des 60 histoires ou légendes de son répertoire. Et puis, à la nuit tombée, les trois gardiens du parc et trois femmes du village dressent un filet de volley entre l’église du 16e siècle et le centre de la place. S’engage alors une partie toute simple à 4200m d’altitude qui si elle nous réchauffe nous rappelle que là, l’air est pauvre en oxygène. C’est beau, c’est simple, c’est là-haut dans les Andes.

La nuit est froide, la journée bien chaude et nous on avance au rythme de nos pas, plantant la tente pour la nuit ici ou là, face aux volcans qui nous entourent. Nous laissons les -12 degrés de la nuit au lac Chungara (4500m) qui nous offrit un coucher et un lever de soleil d’un autre monde... Les dieux vivent en haut sur les sommets, aujourd’hui j’en suis sûr. Il ne faut pas aller les déranger... oui mais moi ca me démange. En attendant nous rencontrons les rêves de développement touristique du village de Lagunas. Bien content d’être passé avant ! Et là, face à nous, le volcan Sajama, plus haut sommet de Bolivie (6544m), sur un altiplano bolivien où les rencontres des hommes et de la nature sont si simples, si belles. Un tour du Sajama de 3 jours nous dévoile toutes ses facettes. J’ai les chaussures qui me démangent. C’est comment là-haut ?

A la nuit tombée on plante la tente sous les milliers d’étoiles. Face à nous au petit matin, deux pas nous séparent de sources thermales à 35 degrés. C’est inexplicable. Les steppes désertiques, les volcans, la lumière, nous et ce cadeau du sous-sol. Plus loin après des heures de marche on croise un gardien du parc, Santos, à moto. Il nous propose de lui rendre visite. Le lendemain on s’invite pour le petit dej’. Alors il nous parle de tombes Incas, à l’écart du chemin, des Chulpares. Il nous fait un croquis pour les trouver. La journée se transforme en jeu de piste, et nous en explorateur des temps anciens. Alors que le soleil avance vers le crépuscule et projette l’ombre du Sajama sur les immensités de l’altiplano, enfin nous atteignons ce site archéologique. Au soleil horizontal, les Chulpares, ocres, s’élèvent comme des lueurs sur ce désert. Le temps s’est arrêté. On est là. Il ne faut pas s’approcher disent certains, syndrome de Toutankhamon ? ? ?

Et puis soudain à nos pieds, des morceaux de poteries. Quelques bouts de terres cuites, une anse, des débris rouge et noir.... Il s’est passé quelque chose. On a quitté ce monde. Si ce n’est un rêve... qu’est-ce donc ? Marcheurs, découvreurs, apprentis archéologues... La lune monte sur l’horizon... Le temps s’est arrêté et puis au loin une route, des camions qui passent. Retour au réel, celui de Felix, camionneur bolivien, qui nous prend en Stop et nous parle de son pays qu’il aime mais souhaiterait plus riche, plus indépendant, de sa famille qui lui manque, sur la route, entre Chili, Bolivie et Paraguay. La nuit est tombée, c’est l’heure des confessions.

Un dimanche comme un autre

Près de La Paz, capitale de la Bolivie, il y a le site archéologique de Tiwanaku. C’est là le berceau de la civilisation précolombienne qui précéda l’empire Inca en Bolivie. Ce dimanche je décide d’aller y faire un tour. Pour cela prendre un minibus dans le quartier du cimetière m’indique-t’on.

Le soleil est déjà fort ce dimanche. Les rues sont vides de véhicule. Etrange ! Explication rapide d’un vendeur de bazar. Aujourd’hui c’est le semi marathon, dans une ville qui culmine entre 4100m et 3100m. Aujourd’hui comme hier, les femmes ont troqué leurs amples jupes vertes, bleues ou mauves pour une plus claire, aux motifs en dentelles de fil d’or ou d’argent. Un châle repose sur leurs épaules et un magnifique petit chapeau de feutre noir couvre le haut de leur chevelure tressée. Chaque rue du quartier Rosario ou Gran Poder est encombrée de marchant de rue. Les échoppes ont envahi le trottoir et les commerçants les premiers mètres de chaussées. Ici ce sont les marchandes de légumes. Quelques tomates, courges, beaucoup d’haricots, de pommes de terre ou de chuños. Quelques carottes vendues par lot sont présentées en pyramide. Un vendeur de glace, un bonnet traditionnel sur la tête, répète à tout vent, cinquenta, cinquenta.... Une Cholita s’endort sur ses monticules de pommes et d’oranges. Une autre plus haut dans la rue, zone des marchandes de poissons, agite avec adresse un long couteau et découpe d’un geste sec que sa carrure pourrait faire craindre, un morceau de poisson posé sur la paillasse de carton, à ses pieds.

La rue monte, monte. A présent les vendeurs de bazar finissent d’installer leur camelote, dentifrice, coupe-ongles, pince à cheveux, élastiques, etc... les couleurs des différents étalage forme un dessin pointilliste sur le bitume. Une pause. J’entre dans un couloir défraîchi faisant office de buvette. Repos dans cette lente ascension autour d’un apí et pastel à 2,50 bolivianos. Au mur quelques vieux calendriers et des publicités pour des bières attirant le regard en exhibant les corps presque nus de femmes que l’on ne croise pas par ici, blondes, pulpeuses... clichés du monde occidental.... Les minibus, trufis passent dans un bruit de moteur qui s’éssouffle, autant que moi dans ces rues à 40 degrés. A la fenêtre, un enfant crie la destination :"cementerio, cementerio, un boliviano" et fait coulisser la porte pour que s’engouffre une Cholita et son enfant enveloppé sur son dos dans ces tissus multicolores que chacun porte. "Jesus te ama" est écrit sur le parbrise. Plus haut, une petite place où un homme fait tourner un manège manuellement pour le plaisir de deux enfants aux regards inquiets. Le vieux cinéma propose trois film pour le prix d’un. E.T est toujours à l’affiche. Mais la foule amassée n’attends pas pour se tourner vers ces cieux là. Ce matin c’est l’Eglise évangéliste qui "squatte" le ciné. Les cinés ont de l’avenir en Amérique du sud. Enfin, pas les films, mais les salles, partout rachetées par les églises évangeslistes, baptistes, pentecôtistes ou autre. Quelques vendeurs poussent de petites remorques et proposent un jugo de quinoa con manzana ou des épices dignes des souks de Marrakech. Sur le trottoir deux jeunes cireurs de chaussures attendent accroupis devant leur petit repose pied en bois. Ils sont vêtus d’un survêtement à capuche. Leur visage est caché par une cagoule. Un cireur de chaussure à La Paz ne veut pas que l’on le reconnaisse. Sur une place des marchandes vêtues de bleu, s’accoudent à d’immenses paniers d’osiers. Dans un, des petits pains m’attirent l’oeil. Ils paraissent à ceux de ma boulangerie du quartier d’Aligre. 2 pour 60 centavos. A y goûter ils n’ont rien à envier à notre très fameux "pan francès".

A présent j’approche des vendeurs de fleurs. Les femmes forment des bouquets d’oeillet, de glaïeuls. J’aurai dû m’en douter, les fleurs annoncent le cimetière... Etrange espace dans la ville, cimetière HLM...Il y a du monde ici !

Je demande où est la parada pour les bus de Tiwanaku. On m’indique par là, puis par là. Je devrais toujours garder à l’esprit que pour ces gens là contrarier n’est pas dans leur nature. Ils ne disent jamais non, jamais je ne sais pas. Voilà un gros point commun entre deux cultures aussi éloignées, Brésil et Bolivie. Enfin je monte dans le Combi 12 places où nous tiendrons à 18 ou 20. Seul gringo au milieu de ces hommes et femmes qui se rendent à la féria dominicale de Tiwanaku. Tout le monde parle Quechua... sauf moi. Un vendeur de Salteñas propose sa production maison. J’en ai goûté des meilleurs. C’est parti. La route monte et serpente entre les maisons de parpaings rouges. Vue superbe sur La Paz et la Cordillera Real en arrière-plan.

Invraissenblable embouteillage au milieu du marché d’El Alto où chaque trufi, taxi, bus, joue à touche-touche, à se frayer un passage. Un foutoir énorme, mélange de bruits, de couleurs, de styles... El Alto quartier "pauvre" de La Paz. 4100m d’altitude. Lieu où naissent les révoltes sociales du pays. La dernière en date, en janvier 2005, des manifestations importantes en protestation contre la société Agua Illimani (Suez - ex-Suez- Lyonnaise des Eaux- est majoritaire -). Les protestations sont nées des 40.000 familles privées d’eau potable faute d’adduction. Des infrastructures non construites et des hausses de tarifs pour les "raccordés au réseau". Face à l’ampleur du mouvement, le gouvernement a choisi de retirer le marché à la société Agua Illimani. Suez a quitté la Bolivie. Pour plus d’infos lire l’article "Suez ne fera pas la loi en Bolivie".

70 km sur l’altiplano. Descente au niveau des ruines. Ici s’élevait un empire immense qui régna sur l’ouest bolivien, sud Pérou et nord Argentine et Chili durant 2700 ans. Avant l’empire Inca. Au village la féria bat son plein. Les femmes paradent dans leurs costumes du dimanche, les jeunes se dirigent vers la cancha pour assister au match de football. Je m’atable à un comedor improvisé sous deux bâches. Discrètement je jette un oeil à mes photos du matin. Silencieusement un homme s’est approché et secrètement regarde lui aussi par dessus mon épaule. Quand je réalise cela, tout le monde part dans un grand éclat de rire auquel je me joins avec plaisir. A côté les marchandes de feuilles de coca plongent leurs mains dans de grands sacs rouges et par poignées entières remplissent le réceptacle de la balance. 4 bolivianos ! De quoi mastiquer un petit bout de temps.

Minibus de retour à La Paz. Surplombant la ville, le Cerro Illimami semble se courber vers la capitale. Les alentours du cimetière sont toujours aussi agités. Une bi-cervezina pour épancher la soif et un fruit de Chirimoya. Je n’ai rien trouvé de mieux pour les concours de crachat de pépin. Deux hommes repeignent l’enseigne d’une station-service. Dorénavant elle s’appellera "Juan Pablo II". Paix à son âme. Moi je trouve le repos dans un de ces cafés "un peu pour les touristes" où je sais que je peux lire le journal du jour en dégustant un vrai expresso. Eh oui, je ne peux pas me passer de ce plaisir simple, un peu franchouillard... La nuit est tombée. La lune est pleine. Ca ne m’empêchera pas de dormir. Un dimanche comme un autre... quelque part...

Titikaka et île du Soleil

La semaine suivante, sur les rives du Lac Titikaka. Qu’est-ce que ça a pu nous faire rire, gosses, ce nom, Titikaka... C’est sur les rives de ce lac immensément bleu, une mer dans les montagnes, que sont nés, selon l’histoire et la légende, l’Empire Inca, le Soleil et la lune (sur l’île du Soleil). Des centaines d’années plus tard, une procession débute tous les soirs du village de Copacabana. Deux, cinq, dix, vingt personnes montent vers le Cerro pour rendre un hommage au soleil, des touristes venant inscrire sur leurs rétines ou leur argentique le coucher du soleil. Deux civilisations, deux époques, un seul soleil.

Depuis un petit moment je pense à un petit garçon que j’ai rencontré quand j’avais 10 ans. Il avait le même nom que moi, un certain Esteban, parti vers l’Amérique du Sud, chercher des cités d’or. Il m’a sans doute transmis ce don de faire venir le soleil (15 jours de pluie en 300 jours de voyage...). En regardant le soleil se coucher couvrant de paillettes d’or les vaguelettes du lac Titicaca, je réalise qu’il est là l’or des Incas, là dans ces spectacles de la nature, là dans le regard de ces gens que je croise depuis 10 mois. L’avarice des conquistadors les a rendu aveugles. Comme me l’a dit un autre petit garçon, croisé un jour entre Natal et Rio Gallegos, à côté d’un avion en panne et d’un troupeau de moutons....

Sólo se ve bien con el corazón ; lo esencial es invisible para los ojos.

La ruée vers l’ouest

2005-04-07 JEU 01:58 (FR) | STEVE

Bon ! Ca marche toujours ces petits jeux là. "O dia de la mentira" que l’on dit par ici. Un message daté du 1er avril... et vlà que l’on me croit à l’autre bout du monde. Enfin, l’autre, pas celui-la... Côté poisson ici, en avril, ce sont du Pantanal que l’on déguste. Ben oui, toujours en Amérique du sud. Mais bon y’a quand même eu changement de cap, car j’ai quitté le bord de mer (quand même assez chiant au bout d’un moment ces plages et cocotiers à ne rien faire. Quand je pense qu’y en a qui viennent au Brésil que pour ça ! ! !) Direction Plein Ouest. Go west..lalalalla, go west.....

Chapada Diamantina

Ok ma quête des montagnes n’a pas été longue car au fin fond de l’Etat de Bahia, je fais déjà un premier arrêt dans la Chapada Diamantina. Alors le Steve il se dit que trois ou quatre jours ça va le faire... et puis scotché aux cascades j’y suis resté plus de deux semaines. Trop sympa cette Chapada. Le plus dur c’est de trouver un bon guide. Ben oui, ils font exprès de ne pas baliser les chemins et de faire plein de sentiers différents... pour obliger de partir avec un guide local. Enfin local... la plupart sont autant du coin que moi, et se limite à indiquer le chemin. Risques maximum, arrivées au bivouac de nuit à la frontale, etc. Et surtout ne demandez pas ce que c’est que cette bête-là ou cette plante-là... ils ont d’autres herbes à fumer...

Arrivée a Capão je rencontre Luan. Lui, au moins, il en connaît plus que le chemin. Et c’est reparti pour 7 jours de marche, à dormir dans les grottes, à se baigner trois ou quatre fois par jour dans les ruisseaux, cascades et ruisseaux et cascades et ruisseaux et cascades. Il semble que l’eau soit brunâtre / rougeâtre à cause d’une forte teneur en fer. C’est marrant, on a l’impression de se baigner dans du coca ou du thé. Bon, se baigner n’est pas de tout repos car de temps à autre il y a un cobra verde qui décide de traverser notre belle piscine naturelle. Réfugié sur un rocher il faut encore se méfier des tarentules bien poilues qui se baladent à la fraîche. Capão, c’est marrant comme village. Accès super dur et au bout un petit bonheur peuplé de hippies du monde entier (surtout argentins) qui passent leurs journées à ne pas faire grand chose puisque y’a pas besoin de grand chose pour vivre. En v’la qui ont bien compris que c’est la création du besoin qui oblige au travail.

Le dernier jour de rando (le 10e), nous nous réveillons dans notre grotte sur les coups de 6h. Des cordes sont tombées toute la nuit et le petit filé d’eau de la veille que nous devons suivre pendant 3h est devenu un torrent. Impossible de s’y aventurer. Tant qu’il pleut : pas d’espoir. Alors, nous voila à attendre en faisant l’inventaire de nos maigres victuailles pour voir combien de repas on peut tenir. Vers midi la pluie s’arrête. Il reste plus qu’à attendre que les milliers de cascades formées pendant la nuit s’amenuisent pour rendre au torrent une taille cheminable... Commence une longue attente qui se révèle vite être un calvaire. Dans la moiteur de la forêt tropicale, un cauchemar fidèle à la réalité nous transforme en martyr chrétien d’un nouveau genre, jetée dans un monde hostile pour servir de pâture aux moustiques. Tout est bien qui finira bien. La descente dans l’eau en portant les sacs, évitant les pierres et se relevant meurtri de chutes dans une eau, hier plaisir, à présent, obstacle. Je crois n’avoir jamais terminé une rando aussi éprouvé.

Brasilia

Comme il y a d’autres montagnes un peu plus loin, vous savez une petite chaîne sympa qui s’appelle les Andes, j’ai continué ma ruée vers l’Ouest en direction de la Bolivie. Mais avant stop obligatoire pour saluer Jefferson et Ana Paula, mes amis de Porto Alegre qui bossent à Brasilia. Etrange ville, rêve urbanistique et architectural, sorti de nulle part en 1960. Des bâtiments d’Oscar Niemeyer, en veux-tu, en voila et plein de superbes et très mauvaises idées urbanistiques. Trop long à raconter. Cette ville aux distances immenses, ville construite pour la voiture, moi j’ai eu la chance de la découvrir en vélo avec mes deux amis. Trop Cool.

Je zappe le Pantanal. Pas envie de voir ces animaux qu’un guide sans doute incompétent fera payer très cher pour découvrir après je ne sais quelle balade à touriste. Passage en Bolivie. Retour à l’Espagnol. Un billet de train en main. Un train, enfin, après neuf mois et demi. Le "train de la mort" qu’il s’appelle. Va savoir pourquoi ?

Changement de cap

2005-04-01 VEN 00:00 (FR) | STEVE

Certains diront que c’est un coup de tête. Non, juste une envie de voir autre chose, après 9 mois. Voilà : au bout d’un moment j’en ai eu ras le bol des attaques de moustiques et de cette langue, le portugais, que je ne maîtrise pas comme l’espagnol ; Ras le bol de cette chaleur humide.... et puis comme un appel, chant de sirènes, une offre promotionnelle sur la vitrine d’une agence de voyage à Brasilia.... Alors j’ai pas réfléchi longtemps ; Deux jours plus tard, embarquement à l’aéroport de Brasilia. Direction Pékin, Chine. Bon, ça fait bizarre de se retrouver là mais grâce à Huang, rencontré dans l’avion, je n’ai pas été complètement perdu. Je reviens sur le web dans une semaine pour vous donner mes impressions de ces premiers jours en Chine.

Les brésils que l’on croise

2005-03-12 SAM 18:13 (FR) | STEVE

Comme tout le monde le sait, le Brésil est LE pays de la musique, des musiques. Là dessus rien à dire, c’est vrai qu’elle est omniprésente. Jour comme nuit, dans les villes ou les villages il y a toujours un son dans l’air. Pour moi, le premier contact avec la musique au Brésil, a été à Porto Alegre pour le Forum Social Mondial avec le concert d’ouverture : Bersuit Bergalat (rock argentin), Manu Chao (comme d’hab’) et Gilberto Gil. Gil est une icône vivante de la musique au Brésil, au même titre que Chico Buarque ou Caetano Veloso. En 2002, Lula, le président, lui propose le poste de Ministre de la Culture. Il accepte à une condition, avoir de libre ses fins de semaine pour continuer ses shows. Du coup ce soir, à Bahia, je retourne voir, le ministre sur scène. A vos agendas : il sera Place de la Bastille avec Caetano Veloso et Ivette Sangalo le 13 juillet dans le cadre de l’année du Brésil en France et de la visite de Lula à Paris http://www.bresilbresils.org . La musique c’est la bossa, la samba mais aussi le forro, pagode, axe et autres hip hop et electro. Juste un problème, si la musique est partout, le son est souvent bien mauvais... à quand la création de Ingénieur du Son sans frontière....

Canne à sucre, etc...

En traversant le Nordeste, on est frappé par les étendus infinies de culture de la canne à sucre. Au 16e siècle, à l’arrivée des premiers portugais, hollandais, français et espagnol, le littoral brésilien était couvert par la Mata Atlantica, forêt primaire. Aujourd’hui il n’en reste que 7%. A la place, les colonisateurs ont imposé la monoculture pour l’exportation. L’Europe avait besoin de sucre, de café, de coton... 4 millions d’esclaves furent amenés d’Afrique en 300 ans. On détruisit la forêt et partout on planta de la canne à sucre. Plus tard, les productions des caraïbes et le sucre de betterave aux coûts inférieurs, plongèrent dans la misère le Nordeste brésilien. On planta du coton, partout, pour connaître à nouveau la crise après le développement des productions des Etats du Sud des Etats-Unis... Brésil, producteur de matière première, hier comme aujourd’hui. Un pays qui a du mal à se voir autrement. A relire les textes écrits depuis huit mois, et face à ces nouvelles expériences brésiliennes, je pense alors à cette phrase de Claude Levi-Strauss :

" Comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n’a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. (...) Ce que d’abord vous nous montrez, voyages, c’est notre ordure lancée au visage de l’humanité." Claude Levi-Strauss, La fin des voyages, Tristes Tropiques (1955)

Sertão

Fin février, avec Julie, nous quittons Recife et le littoral de plages pour le Sertão. Le Sertão, dans le Nordeste du Brésil est une région aride ou parfois il ne pleut pas pendant 5 ans. Par chance, cette année de l’eau est tombée. C’est vert, c’est beau. La Caatinga a abandonné son habituelle couleur grise. On arrive à São Raimundo Nonato pour tenter de comprendre ce qui se passe aux alentours du Parc National de la Serra da Capivara. On nous a parlé de ce site et du danger qu’il est en train de courir. Une idée de reportage...

Un parc national magnifique où personne ne va car c’est loin de tout. Pourtant c’est là que l’on a découvert les plus anciennes traces de l’homme en Amérique, chassant ainsi les théories occidentales sur l’absence de recul historique dans le "nouveau monde". On y trouve aussi plus de 700 sites archéologiques, des centaines de parois avec des peintures rupestres (la plus grande concentration au monde). Elles représentent des scènes de chasse, de cérémonie, de sexe. J’ai même vu des dessins où y’a un bonhomme qui joue au basket, qui fait de la boxe, une autre où ils font des équilibres, une des saltos en l’air avec un en dessous qui réceptionne. C’est sûr que les hommes préhistoriques ils se la coulaient douce, nues dans les grottes à bouffer des tatous ou des jaguars. Nous des jaguars on en n’a pas vu, par contre, malgré le braconnage qui menace cette espèce, on a réussi à voir un tatou.

Bon, personne ne vient là, ou presque, car il n’y a pas la plage et c’est loin de tout. Et pour venir c’est assez dangereux. Nous, par exemple... Le 18 février, au soir, on a pris le bus de nuit qui nous menait de Recife à Petrolina... Réveil au milieu de la nuit, bruits de tôles, le bus roule sur quelque chose en fer, sort de la route, redresse, accélère, zig zag... que se passe-t’il ? ? ? ? Nous venons d’être attaqué par des pirates de la route de la zone. En fait on est dans le polygone de la maconha (drogue) de cette partie du Brésil. Ils ont dressé une barricade en grille et pierre sur la route pour arrêter le bus. Raté. le chauffeur a accéléré, fait du hors-pistes (avec un bus quand même) et a pu rejoindre la ville suivante pour informer la police... Merci le gars, si le bus s’arrête, ils braquent le chauffeur, oriente le bus vers une route secondaire et là c’est dépouillage total.... Fallait voir la gueule du bus à l’arrivé, pare-choc et pare-brise explosés. Que d’aventure ! ! ! Depuis à part deux ou trois moustiques, ça va.

Pas facile d’expliquer en quelques lignes ce qui met en danger, aujourd’hui, ce Patrimoine culturel de l’Humanité et cette faune et flore uniques au Brésil. Depuis la création du parc en 1979, des paysans sans terre ou avec des terres occupent illégalement des espaces aux alentours du parc. Déforestation et plantation dans une zone, corridor écologique, qui relie le Parc National de Capivara avec celui de Confusões. Aujourd’hui, le gouvernement de Lula, engagé par des promesses électorales qu’il n’arrive pas à tenir, cherche à tout prix à faire du chiffre pour démontrer aux divers mouvements de Sans Terres qu’il redistribue des terres. Alors au lieu de faire une vraie redistribution en spoliant les latifundistes, l’INCRA et le ministère de la Réforme Agraire, dirigé par un agro business ! ! ! (accord de coalition oblige), ont décidé de régulariser l’instalation de 1000 familles. Corruption, politiques électoralistes et visions à courts termes s’ajoutent à cette décision. Et toujours cette impossibilité qu’a le Brésil de se voir autrement qu’un pays exportateur de matières premières ou agricoles.

Pourtant la FUMDHAM, fondation qui gère le parc a fait beaucoup pour le développement économique de ce coin reculé du Sertão. Nous avons été plus qu’épaté et conquis par le travail et la volonté de Niède Guidon, archéologue qui découvrit les peintures il y a 35 ans et qui depuis se dédie entièrement, avec le personnel de la fondation, à la défense et au développement du parc et de la région. Création d’entreprises (céramique, miel), antenne universitaire, école, festival de musique et développement du tourisme procurent des emplois de guides, de gardes, etc. Mais aussi démarche d’autonomisation financière de femmes victimes de violence en leur offrant des postes de gardes dans le parc. Un travail exemplaire. Outre ce danger d’une régularisation des terres, lien de cause à effet ?, manoeuvre politique ? de nouveaux Sans Terres venant de "on ne sait où" arrivent aux alentours du parc et même dans le parc. Les dernières traces de la Mata Atlantica, brûlent chaque année un peu plus, pour être remplacées par des cultures de subsistances ou de Noix de Caju. Mais la terre sablonneuse n’est pas fertile. On va donner des terres improductives à de faux (et quelques vrais) paysans sans terres, légaliser les pratiques de déforestations, mettre fin à un équilibre biologique fragile et regarder les peintures rupestres êtres détruites par des hommes sans conscience de leurs richesses, souhaitant ainsi nier l’existence d’un passé pour se dire propriétaire... On va regarder cela se faire, parce que le Brésil est complexe et que les cris d’alarmes poussés depuis la Caatinga désolée du Nordeste n’intéressent personne. Le Brésil c’est la plage, la musique et le football. Qui veut traverser le Sertão pour regarder la réalité du Brésil en face ?

Salvador de Bahia

Retour à Recife, puis Natal avant de mettre cap sur Salvador de Bahia. Ville bien sympathique si on exclue son centre historique, sans aucun doute bien joli, mais à l’ambiance insupportable. Pelourinho, caricature du monde de demain ? Des pauvres violents, affamés qui tentent de tirer deux ou trois reals aux touristes, bien sur friqués, qui, en chemise hawaïenne et caméra digital au poing s’esclaffent sur la beauté des bâtiments, la préciosité des dentelles des mamas bahianaises, tout cela sous le regard vigilant de la Police Militaire, omni, omni présente et ne se privant pas d’arrestations violentes. Riches, vivons heureux, l’armée nous protège. La misère des autres n’est qu’un artifice pour Brésilisé le décor disneylandien des ruelles pavées...

Finies la plage et la côte atlantique, plus loin vers l’intérieur, j’entends une autre musique brésilienne, les rythmes envoûtant des cascades, du vent dans les arbres, et du vol des oiseaux. On nomme cela, je crois, l’appel de la montagne....

Une page se tourne

2005-02-12 SAM 00:00 (FR) | STEVE

Longue remontée vers les tropiques. Quitter la Patagonie, le Chili et l’Argentine pour revenir au Brésil, trois ans après... Avant cela ce fut quelques derniers km de vélo sur la Carretera Austral au Chili, sur LA route mythique qui longe la cote sud du Chili. Une partie en bus et bateau puis une autre en vélo pour terminer ma boucle. Belles sensations à longer des fjords, les traverser en bateau, monter (en espagnol, on dit "subir"....) les routes de terre (ripio) des parcs nationaux et peu à peu quitter les ambiances de la côte Pacifique pour redécouvrir les "alpages" et les maisons de bûcherons, les glaciers là-haut au loin et au bout, l’Argentine.

Envie de déboulonnage

Au bord de la route, à La Junta, je découvre quelque chose qui retranscrit bien cette complexité chilienne. La Carretera Austral fut un projet de Pinochet avec pour objectif de relier les villages isolés du sud chilien accessibles uniquement par la mer ou par l’Argentine et ainsi parer à une éventuelle invasion des militaires argentins. Dans les années 80 les travaux titanesques débutèrent et la route fut nommée du nom du dictateur. A La Junta, un panneau immense indique toujours : Carretera Austral Gnrl Augusto Pinochet.... Ouah ! Je demande à la dame de l’épicerie pourquoi 14 ans après la fin de la dictature il y a toujours cela. Et bien, personne ne semble trop être dérangé. "Et puis elle s’appelait comme ça la route, alors pourquoi pas." Dommage que mes amis "désobéissants" ne soient pas là pour que l’on fasse tomber cette enseigne insultante pour la démocratie.

Se termina la vuelta

Esquel, petite ville de la Patagonie Argentine. C’est là, qu’il y a un petit moment, j’ai commencé une boucle en vélo, mi "vuelta Patagonica". Plus de 2000 Km après, je range le vélo dans la soute d’un bus.

Petit bilan vélo :
— Plus de 2000 km
— 1 mois et demi
— Zéro crevaison (trop cool pour moi, nul en bricolage)
— Zéro problème technique
— 2 belles chutes, dont une bien sanglante.
— 5 jours de pluie
— Un beau bronzage "cycliste"
— Un constat : dans les côtes, piqué par les bourdons, on n’avance pas plus vite.
— "Despacio se va largo !"
— L’envie de continuer.... ou de remettre ça un jour. Je prends les pré-inscriptions pour un prochain voyage (2005, 2006 ou 2007), je ne sais pas, à voir, la route de la soie, Cap nord-Gilbratar, Tour de la Méditerranée,...

Beaucoup de Km plus loin, de mauvais films dans les bus et des degrés de température qui montent à chaque degré de latitude qui baisse, poste frontière de Uruguayana et de l’autre côté le Brésil. Petit pincement au coeur en quittant ce pays, Argentine, qui m’a vraiment conquis, "que buena onda las personas, paisajes maravillosos y una comida incredible". Mais bon, pour faire un deuil, le Brésil c’est quand même pas mal. On change de langue, de climat, de rythme. Une page se tourne.

Porto Alegre, Brasil, 5e Forum Social Mondial

Matinée étouffante de chaleur. Chaleur climatique (été, soleil, humidité ambiante, + de 30 degrés) et chaleur humaine (je retrouve là Panayota, Julie et Marie-Laure). Un rendez-vous prévu de longue date pour participer au 5e Forum Social Mondial. Ca serait trop long de raconter l’ambiance de ce genre d’événement, entre grande foire à idées, débordement d’émotions en tout genre, sérieux des discussions, étalage des malheurs et des espoirs du monde. Pour ceux que ça tente, allez voir les articles sur le site du réseau intergalactique : http://www.intergalactique.org.

C’est Carnaval

Bon je sais ça va paraître fou, 8000 km en moins d’un mois, pour un mec qui veut prendre son temps... mais bon il y a des raisons à cela. Loin, très loin d’Ushuaia, nous voici à présent à Recife avec Julie, chez Marie-Laure. Premier contact avec le Nordeste par ses plages, un peu touristique mais tout de même bien paradisiaque. Journées de plage, à savoir se traîner du hamac à la plage pour se baigner dans une eau bien tiède puis larver sur le sable blanc, sous les cocotiers, à boire à la paille l’eau des noix de coco. Pousser jusqu’au village manger un poisson et accompagner la nuit en dansant et en buvant des caipirinha ... Le Brésil ça va être dur, mais dur. A chaque instant sur la plage, l’impression que va surgir à l’horizon une caravelle, amenant un Christophe Colomb, Vespuci ou Cabral. Pourtant, seules les jangada montrent leurs voiles et près du rivage, protégé des requins par les récifs, les surfeurs et baigneurs. Si vous voulez savoir pourquoi ce continent s’appelle Amérique pour Amerigo et non Colombie, pour Colomb, je vous conseille vivement la lecture du petit livre de Stefan Sweig, "Amerigo" (le livre de poche).

Carnaval à Recife et Olinda. Les rues anciennes déversent sous les rythmes les plus fous de la musique brésilienne, des marées humaines multicolores et multi-ethniques. Dans la chaleur moite de l’été tropical, les corps en sueur se touchent, se frottent, se caressent, s’accompagnent pour une samba ou un rythme de batucada. La fête est partout. Les classes sociales et la ségrégation se laissent quelque peu oublier pour quelques jours. Nous, on suit cela, on y participe et les lendemains de carnaval sont durs.... Heureusement que je ne suis pas qu’en voyage.... mais aussi en vacances... N’est-ce-pas, Marielle E. ?

Au Brésil, très peu de cybercafé et de lavanderia, les deux boutiques indispensables au voyageur... mais comment vais-je faire ? Alors la solution... moins de mails et plus de maillot de bain.

Au sud du sud ; la Terre de feu en questions

2005-01-12 MER 23:04 (FR) | STEVE

Tierra del fuego, Ushuaia, Détroit de Magelan, Canal de Beagle, Cap horn, les steppes soumises au vent du bout du monde.... Ces noms qui m’ont fait rêver, je réalise difficilement que je les ai devant moi sous mes yeux. Je ne me lasse pas de regarder les cartes géographiques de cette région extrême du sud du continent américain. Cartes marines, indiquant les lieux des naufrages des navires au cours des siècles. L’histoire de la découverte, de la colonisation, du génocide indien et du peuplement est violente. A l’image de ce climat qu’endurent les habitants du bout du monde.

Un soleil qui fait peur

Une réalité étrangement bien présente dans ces contrés où les températures estivales proposent rarement la tenue de plage. Pourtant nous sommes ici en un lieu de la planète où le soleil est des plus dangereux. Vous vous souvenez, dans les années 80, on nous parlait du trou dans la couche d’ozone. Et bien, je suis juste en dessous. Explications : La couche d’ozone est essentielle à la vie sur terre car elle la protège des rayonnements ultraviolets (UV) nocifs émis par le soleil. La couche d’ozone se fait plus fragile chaque année à cause de nos rejets de gaz CFC (chlore), entre autres. En sa partie la plus fine (vers les pôles) cela conduit en été à la création d’un trou. Pour exemple, à Punta Arenas, au sud du Chili, la quantité d’ozone diminue de 30 à 50% durant le printemps Austral (notre automne dans l’hémisphère Nord), obligeant les habitants à se protéger la peau. En 2000, 2001 et 2003, le trou dans la couche d’ozone a atteint une superficie jamais observée avant 2000. A Punta Arenas, régulièrement les autorités chiliennes avertissent les 120 000 habitants de se mettre à l’abri. Les jours où la couche d’ozone a perdu 50% de son épaisseur habituelle elle offre si peu de protection contre les rayons ultraviolets qu’il suffit de passer sept minutes dehors sans protection pour attraper un coup de soleil. Mon budget "Crème solaire indice 50" y prend un coup... Roulez, roulez, on bronzera plus vite...

Tant que j’y suis dans mes discours environnementalistes (conducteurs de 4X4 et abonnés à Turbo Magazine passer au paragraphe suivant), Greenpeace Argentine fait sa campagne sur le changement climatique avec une superbe photo du glacier Upsalla en 1928 et aujourd’hui. Voir sur la page Cliquer sur le glacier en bas de page pour voir l’animation du recul du glacier. Là, on est tous responsable. Enfin, certains plus que d’autres : 1/6e de l’humanité (pays développés) émettent 2/3 des gazes à effet de serre. Il n’y a pas de raisons pour que ça aille mieux. Les pays du sud se développent en imitant notre super modèle de société. Entre 1990 et 2060 le trafic auto va se multiplier par 6. Roulez, Roulez, la mer avance vers Paris plage.

Et pour terminer. Dans les années 90, en Argentine, le gouvernement Menem, souvenez-vous, le voyou réfugié au Chili, inculpé de tout et condamné pour rien, celui qui a tout privatisé, fermé les chemins de fer et gracié les militaires de la dictature... dans les années 90, il a vendu l’exploitation des ressources de gaz et pétrole de la Terre de feu à notre très estimé TOTAL. Aujourd’hui, tout autour de la baie de San Sebastian, l’un des 10 lieux protégés du continent américain pour les migrations d’oiseaux, ont fleuris des puits de pétrole, des plateformes off shore. Les fuegiens l’ont un peu de travers. Voir l’argent partir chez les actionnaires occidentaux alors que l’Argentine est toujours traversée par une crise et une dette plombante. En discutant avec le guide d’un musée à Ushuaia, il m’explique comment TOTAL Austral, inonde tout le monde de beaux papiers, vidéos et maquettes (y en a une au musée) pour expliquer que cela ne risque rien... Lui, il n’y croit pas. Des anecdotes contraires circulent. Et puis TOTAL, ils aiment tellement leurs voisins les oiseaux, que c’est eux qui ont réalisé la salle Ornithologie du musée d’Ushuaia. De beaux panneaux avec leur logo en bas. j’ai un peu mal au coeur. j’ai passé mon jour de l’an à Ushuaia. Il y a cinq ans j’étais en Bretagne à la même date. Les vagues apportaient des galettes de pétrole et les oiseaux mazoutés finissaient leur vie sur des rochers souillés. Erika, disaient-on. Merci TOTAL. Ah oui, j’ai traversé la Terre de feu en long et en large, je n’ai pas vu la moindre éolienne, sur cette île soumise au vent. Pourtant TOTAL, ils en font aussi. Suffisamment mal pour en dégoûter les riverains des énergies renouvelables.

Bon après j’arrête. Ok au moins jusqu’à la forêt amazonienne... Chaque jour à Ushuaia, débarque un peuple de pingouin bien étrange. Ils sont plutôt âgés (+ de 65 ans), ils sont bien habillés avec des couleurs plutôt claires, un appareil photo en bandoulière et se précipitent dans les magasins d’artisanat super cher ou les salons de thé et chocolats. Il s’agit des passagers des paquebots de luxe. La plupart de ces bateaux, ainsi que quelques autres faisant la liaison régulière, se rendent en Antarctique. Alors là, je crois que c’est le comble de la connerie du touriste friqué. Il y a au sud de cette planète un 6e continent qui n’appartient à personne et ou toute activité commerciale ou industrielle est interdite. N’y vivent que des chercheurs. Malheureusement chaque année, depuis 10 ans, se développe à une vitesse incroyable le tourisme en Antarctique. Des touristes en mal d’aventures ? Rien de très aventureux à payer 3000 $ minimums pour faire une croisière. Des rêves de paradis blanc ? Ce n’est pas la peine d’aller si loin pour voir des icebergs et des paysages de champs de glace. Sur l’"autoroute" des mers qui emportent son flot de touristes, les nuisances sont bien réelles, déjà pour la faune, qui pensait être tranquille si loin des hommes et pour la mer. Il y a quelques années un bateau s’est échoué sur un récif. Une cargaison de mazout a menacé pendant des mois ces dernières "terres propres" de la planète. Une société hollandaise a fini par, gratuitement, effectuer une opération de pompage. Le guide rencontré à Ushuaia, m’invite à regarder un petit manège, chaque jour quand les bateaux accostent. Un contener, remplis des déchets de la croisière, est débarqué et quitte le port. A défaut de les jeter à la mer, ils finiront enterrés dans le sol de la Terre de feu.

Ushuaia

Plusieurs personnes m’avait dit : "Ushuaia ça ne vaut pas le coup d’y aller, c’est beaucoup de route pour une petite ville sans intérêt". Et bien non, encore des gens qui n’ont pas dû s’éloigner de la rue San Martin. Ushuaia c’est une petite ville bien sympathique dont les quartiers résidentiels témoignent de sa croissance. On y trouve des maisons luxueuses à côté de cabanes en tôle, des petits chalets en bois près des hôtels, des taudis en bois aux fenêtres en plastique près d’immeubles en béton. Un développement rapide, des gens venus tenter leur chance depuis tout le pays, mais aussi le Chili ou la Bolivie. Et dans les jardins à côté de la maison, une ruine en bois de leur première demeure, avant que l’argent n’ai commencé à rentrer. Et puis il suffit de sortir de la ville pour en prendre plein les yeux. La route la plus extrême du monde, la route 3, se termine dans le Parc National d’Ushuaia, face à la magnifique baie de Lapataia. Tout autour de superbes montagnes, des forêts de Lenga et de ñire et encore des lacs. Comme bout du monde on ne peut pas demander mieux.

Le Syndrome d’Ushuaia

Ushuaia, c’est au bout, à la pointe, là où le cône sud américain se fait si étroit que, effet géographique (ou gravitationnelle ?), tu y croises des gens déjà vu a Puerto Madryn, à Chiloe ou à El Chalten. Un peu comme si le cône se fait si petit à la fin que tout le monde tombe vers le bas.

Et puis il y a ce syndrome étrange. Une fois a Ushuaia, impossible d’en repartir... Chacun a l’impression d’être arrivé quelque part, que le voyage s’arrête là. Des ombres dans l’auberge traînent là depuis des semaines. Moi-même je me traîne. Pas le courage de voir comment en partir. Surgissent les questions. Crise d’existentialisme du voyageur... J’en ai parlé à plusieurs personnes, il paraît que c’est normal. C’est Ushuaia qui veut ça. Ca arrive à tout le monde. En arrivant là, les voyageurs quel qu’ils soient se retrouvent face à eux-même. On est en bas, tout au sud. Pas moyen d’aller plus bas et l’impression d’être au bout de quelque chose, d’avoir atteint un but. Plein de questions surgissent dans la tête. Le vent, le climat finit par renforcer cela. Et puis il faut arrêter de regarder au loin de l’autre côté du Canal Beagle. Il faut se retourner et regarder au nord. Et là, c’est un véritable vertige. Le continent sud américain qui s’ouvre face à nous. Un bel angle qui fait du champ des possibles une éternité de voyage. Alors ou aller, que faire ? On est pris de vertiges. Ce continent est immense. Comment faire pour un jour le connaître. Comment voyager sans être un simple touriste ? On pense alors au temps qui passe ; pour moi, 6 mois. On rêve d’années de voyage pour sentir la magie des lieux traversés. Repartir d’Ushuaia c’est peut-être amorcer un voyage retour, alors que l’on a cette carte qui nous invite à nous perdre entre les sommets des Andes, les méandres de l’Amazone, les villages de ces nombreux pays. On veut aller partout et en même temps on est déjà arrivé quelque part. Au final, on ne veut plus bouger. Moi je pensais y passer deux jours. J’y suis resté plus d’une semaine. Et encore je me suis forcé à partir car j’ai des rendez-vous fin janvier. Certains m’ont dit y être resté trois semaines, deux mois, à rien y faire ou presque. Je comprends pourquoi la population augmente de manière si rapide. Vous ne voulez pas me croire ? Venez faire un tour par ici un jour. Attention, on n’a pas découvert de vaccin !

Tourisme formaté

Voyager en Patagonie australe... à en détester le voyage. Ce tourisme formaté. Les offices de tourisme depuis Puerto Natales qui donnent les mêmes réponses à tout le monde et v’la que chacun fait la même route, les mêmes bus, les mêmes randos. C’est grand la Patagonie mais à part les 5 ou 6 spots valorisés sur les cartes postales où aller ? Dur d’avoir des infos.

Je repense alors au superbe voyage de Bruce Chatwin (En Patagonie, édité chez Grasset). Il a accompagné mes pas durant ces semaines patagoniennes. Dur de voyager ainsi de nos jours. Ras-le-bol des routes toutes tracées. Je veux retrouver mon vélo. Les bus traversent tous la Terre de feu du nord au sud. Tout le monde traverse la steppe d’un coup pour se ruer à Ushuaia. Oui mais moi, je veux rejoindre Punta Arenas par Porvenir. "Ce n’est pas possible en bus, et d’ailleurs, rajoutent-ils, en voiture c’est plus long, plus cher et y’a rien à voir". Et Tolhuin, Rio Grande, San Sebastian ? ? ? ? Non surtout pas. c’est nul. Quoi en Terre de feu, il n’y a que Ushuaia ? Où est le vrai ? Où transpire la rivalité Argentine/Chili ? Oui mais moi je veux le faire pour voir autre chose de cette île, pour faire la même route que Chatwin et pour traverser d’Ouest en Est. Me voila donc parti pour une traversée de la Terre de feu en Stop à braver les vents, le doigt à l’air, à attendre la pitié de conducteurs perdus dans le nul part des steppes fuegiennes. Et au bout du compte, visite de Tolhuin et Rio Grande, une panne de véhicule, un conducteur qui dort au volant, un autre, argentin, faux descendant de Fangio, des rencontres sympathiques, 10 km de marche entre deux postes frontières à lutter contre le vent, des douaniers qui me regardent comme un fou quand je leur dit que je suis arrivé là à pied, des guanacos, des ñandus et des renards sur le bord de la route, des dauphins dans la mer, et au bout, Porvenir, un bac de 2h pour traverser le détroit de Magellan et Punta Arenas, Chili pour prendre une bière avec Dorothée.

A présent j’ai mis cap au nord, en bus, en vélo et en bateau attiré par des airs de bosa nova.

Au fait.., Feliz año 2005.

Patagonia express

2004-12-31 VEN 00:00 (FR) | STEVE

Au bout d’un moment il a bien fallu redescendre des montagnes. Des envies de Parilla, de dulce de leche, de facturas, de mate... Un jour, je vous conterais combien la nourriture en Argentine est bonne. Et puis, ce n’est pas que l’eau de la fonte des glaciers suffise à l’hygiène, mais une douche en dix jours ce n’est pas le must pour changer la réputation des français à l’étranger...

Revenons-en où j’ai laissé ce site, il y a plus d’un mois. Avant de repartir en vélo pour mon parcours "entre lacs et volcans", je fête ces cinq mois de voyages du haut du sommet du volcan Lanín (Argentine) atteint le second jour après un petit réveil à 4h du mat et 6h d’ascension crampons aux pieds (pente a 45 degrés, 2500m de dénivelé en 2 jours), dans une belle neige et sous la lueur d’une pleine lune. (cf. photo. Ça vous tente pas ? ? ?).

Après cette pause "trekking" c’est reparti en vélo pour une petite traversée des montagnes et une redescente côté chilien. Là il y aura des dizaines d’anecdotes à raconter... c’est le Chili... décidément je ne vais pas le comprendre ce pays... A Puerto Montt, je retrouve Julien pour la troisième fois de nos voyages avant de voir le relief de l’Ile de Chiloé se dérouler sous mes roues. Drôle d’impression après ce temps à vélo dans les montagnes de se retrouver dans des petits villages de pêcheurs. Et encore de belles rencontres, comme celle, sur la plage de Cucao, avec ce pêcheur de machas (coquillage triangulaire). Deux heures, courbé dans une eau glacée pour ramasser 8kg de ces coquillages qu’un homme vient acheter pour 4000 pesos (moins de 6 euros). Un beau coup de coeur pour cette île de Chiloe (Cucao, Achao, Quinchao,...)

Cadeau de Noël

Le 13 décembre, je range mon vélo pour un temps inconnu dans le grenier de mon hôtel, à Puerto Montt, pour me rendre à l’embarcadère du bateau qui me mènera de Puerto Montt à Puerto Natales au sud sud du sud chilien. Un voyage de 3 jours que je pensais faire seul. Et puis, comme un cadeau de Noël avant la date, quelle belle surprise me fait Panayota, amie grecque de Paris, de m’attendre au pied du bateau à m’annoncer qu’elle part avec moi. Une surprise bien organisée qui me laisse sans voix et remplie d’émotions.... ouahhhh

Patagonie tragique

Le sud de la Patagonie, nous le découvrons depuis le pont du bateau. Mais si les paysages sont magnifiques au milieu de ce chapelet d’îles, l’Histoire est tout autre.

Il n’y eu jamais plus de 10 000 fuégiens pour peupler ces ultimes terres du continent américain. Quatre peuples minuscules : Les Tehuelches, les Onas , nomades, vivant de la chasse. Les Yamanas et les Kawashkars, pêcheurs, vivaient de l’autre cote du canal de Beagle sur les îles les plus au sud, jusqu’au cap Horn. Magellan aurait donné le nom de "terre de feu" à la vue des grands feux qu’allumaient les indiens pour se protéger du froid ou signaler l’approche de navires inconnus.

Un jeune botaniste de 30 ans, futur anthropologue, navigue en 1830 sur le navire "Beagle" du jeune amiral anglais, Fitz Roy. A la vue de ces indiens, Charles Darwin, puisque c’est de lui qu’il s’agit, écrira : "des primates à peine élevés au dessus du singe, le chaînon manquant entre l’homme et l’animal". Ils ramenèrent quatre de "ces créatures" en Europe. Plus tard, d’autres furent montrés comme des bêtes de cirque à l’exposition universelle de Paris, en 1878 et au zoo de Hambourg.

Les Kawashkars (alakalufs avaient trente mots pour définir les vents et un exceptionnel vocabulaire maritime. Des sauvages... massacrés par les "races civilisées" de l’Europe.

Le gouvernement chilien depuis quelques années a recueilli sur l’île de Puerto Eden, plus au nord que leurs terres d’origines, les derniers indiens qui y vivent comme des assistés. A son tour le peuple des kawashkars a achevé sa course sur cette terre. Aujourd’hui ils ne sont plus qu’au nombre de sept. Là, en discutant avec un habitant on apprend le comble de la stupidité de l’administration chilienne. Alors que le gouvernement dit vouloir protéger ces derniers descendants d’une culture originaire, il crache sans pudeur sur les croyances de ces hommes. L’an passé l’un est mort.Il avait émis l’ultime souhait d’être enterré au cimetière indien, sur ses terres, parmi les siens. Cela ne fut pas possible : cimetière non reconnu par la loi chilienne. Enterrement interdit. Il repose aujourd’hui à plus de 500km de là...

Plus au sud, la dernière des Onas, s’appelait Lola. Elle vivait dans une cabane de rondins au bord du lac Fagnano (Terre de feu). Seule à s’exprimer dans sa langue et plus personne pour la comprendre. Aujourd’hui, une route a été tracée sur sa sépulture.

En traversant les steppes de la Patagonie et de la Terre de feu, dure de ne pas voir qu’il y avait de la place pour tout le monde au sud de ce grand continent.

Randos, randos et randos

Après le bateau, je troque mon pull marin pour les chaussures de randos et pars pour 10 jours dans les montagnes accompagné de mes compagnons de randos, Xomin, Camille et Virginie. Superbes que ces parcs nationaux du sud de la Patagonie, Torres del Paine, Los Glaciares, El Chaltén... des randos a gogo. ¡ Quel bonheur ! On s’offre une petite pause face au glacier Perito Moreno pour y passer Noël. Réveillon de Noël en terrasse devant notre tente de camping avec le glacier en décor. Pas mal, non ? C’est aussi pour moi l’occasion de croiser Dorothée qui passe Noël avec nous. Dorothée est une amie de Claire de Clermont. Elle est partie d’Alaska il y a un an et demi avec son vélo direction Ushuaia en terre de feu. Depuis tout ce temps, je lis avec plaisir les textes de son site internet. Avant mon départ c’était déjà être en partance que de lire son regard sur le continent américain. Alors après s’être raté en Bolivie et à Chiloe, c’est à El Calafate que nous arrivons à croiser nos chemins pour fêter notre petit Noël dans un cadre magnifique.

A présent je suis à Ushuaia. Plus au nord j’ai passé le détroit de Magellan ; face à moi, le canal Beagle. Tout le monde sait où est cette ville. Ville la plus australe du monde, pointe du continent. Le bout du monde, ou le début. Tout est question de point de vue. Alors que je vais passer "el fin del año al fin del mundo" je vous souhaite une belle fête de fin d’année. Ici les nuits sont courtes (5h de nuit). Cette nuit, elle risque de l’être encore plus...

Le bonheur c’est simple comme....

2004-11-24 MER 00:00 (FR) | STEVE

Dans les premiers jours de novembre, j’ai fait un rêve étrange. Je rêvais que je marchais seul sur une plage immense sous un soleil léger. Le bleu du ciel n’avait pour rival que celui de la mer. Je marchais, marchais sur le sable. Et soudain, je ne sais pas comment, est apparue à mes cotés, à 30 mètres du rivage, une baleine. Ou plutôt deux baleines. Il semblait que maman baleine était de sortie avec son petit, pour jouer dans les vagues et lui montrer les rudiments de la vie : comment nager, comment plonger, sauter, respirer...

Dans ce rêve, je reste des heures face à ce spectacle de la vie, face à cette majestueuse force et tendresse d’une baleine et de son baleineau. Plus tard dans le rêve il y avait comme des pingouins marchant risiblement sur les rochers, des orques ondulants au loin sur l’océan, des dauphins se riant des vagues et des colonies d’éléphants de mer et de loups de mer, oisifs, sur une plage, à se dorer au soleil. Après je ne me souviens plus trop...

Le lendemain en me réveillant je n’ai pas compris pourquoi mais il y avait du sable dans mes chaussures. Mon appareil photographique avait étrangement enregistré quelques images de ce rêve. Peut-être étais-je toujours endormi. En marchant dans la rue, une claque fini par me réveiller pour de bon. Le visage souriant du même homme faisait la une de tous les journaux. Les états-uniens avaient réélu leur président. Je pensais alors, qu’à cause d’inconscients comme cet homme et beaucoup d’autres, à cause de nos irresponsabilités à tous, dans quelques années, ce spectacle onirique de la nature, comme tant d’autres, ne serait plus.

Site Greenpeace pages baleines

A la péninsule de Valdes, viennent chaque année, 600 des dernières baleines franches australes, pour se reproduire, accoucher et élever leurs petits.

Le bonheur, c’est simple comme un vélo

J’y avais pensé avant ce voyage, je l’avais même envisagé (voir le texte d’introduction à ce voyage en haut à droite). Maintenant c’est une réalité. A Buenos Aires, j’ai "troqué" mon sac à dos contre un vélo, et depuis... ça roule. Je ne sais pas trop jusqu’où cela va me mener, combien de temps, mais l’important est le présent et pour l’instant il est à ravir. Je suis parti d’Esquel (6 novembre) en direction de El Bolsón, Bariloche, San martin de los Andes... traversant des parcs nationaux, les rives de lacs verts, bleus, de forêts puis d’autres lacs et encore d’autres forêts, tout cela dans cette partie sud des Andes, en Patagonie, à quelques encablures du Chili. Tout est bien vert, les ruisseaux, cascades, lacs et rivières apportent l’eau nécessaire pour se rafraîchir sous le soleil pré-estival. A ce moment de l’année, le tourisme n’a pas commencé, je croise alors plus de Gaucho à cheval et de troupeau de vaches que de voitures particulières. Bon, un petit truc pour rendre ce site plus interactif. Sur mon porte-carte, sur mon guidon, je glisse des bouts de papiers avec des trucs à apprendre, tout en pédalant (mots de vocabulaire, poésie). Alors envoyez moi votre poésie préférée (ou chanson ou tirade de théâtre) et si ça me plait et bien, Hop, tout en pédalant, je penserai à vous. (si c’est un peu connu, vous le trouverez sur le net) Et comme ça je vais voir si y’en a qui regarde ce site...

Forum Social Chilien contre l’APEC

Petit breack en cour de route, abandonnant le vélo pour 6 jours afin de faire un aller/retour à Santiago du Chili pour participer aux mobilisations contre le sommet de l’APEC, contre la visite de George W, et partager des idées au Forum Social Chilien. Pour ceux qui veulent en savoir plus lire les articles sur le site du réseau intergalactique - rubrique Actualité)

Sinon pour faire simple, l’APEC c’est le sommet des pays de la zone Asie / Pacifique. Chaque année ils se réunissent pour voir comment mieux ouvrir les frontières aux investissements, à la circulation des produits et donc en réalité comment toujours mieux exploiter la main-d’oeuvre pas cher du sud, au profit du nord, continuer le saccage des ressources naturelles, etc... Un bel instrument pour que l’Asie du sud est et l’Amérique latine soient l’arrière-cour productive et exploitée des pays leaders du nord : EU, Canada, Japon,...

Etrange impression que voir cette police militaire aux uniformes identiques à ceux des années de la dictature de Pinochet, réprimer avec violence les manifestations pacifistes, ne faisant pas économie de lacrymo et canons à eau. Image étrange, aussi, devant le palais de la Moneda, où Allende se donna la mort, cerné par les forces putchistes de Pinochet, le 11 septembre 1973, image d’un drapeau des Etats-Unis flottant en signe de bienvenue à la visite de Bush, sous le regard de bronze d’une Statue d’Allende, président renversé grâce au soutien direct et aujourd’hui reconnu de la CIA dans le coup d’Etat. Image de ses camions militaires qui patrouillent dans un centre ville déserté ou chaque coin de rue est surveillé par des groupes de carabiñeros.

Etrange Chili, difficile de comprendre ce pays, cette fierté affiché d’être à la tête du "développement" des pays d’Amérique du sud tout en étant le deuxième pays en terme d’inégalité dans la répartition des richesses. Etrange transition vers la démocratie, 14 ans après la fin de la dictature, dans un Chili qui est encore loin de regarder en face son histoire. Les nostalgiques pinochétistes sont nombreux et il est des sujets dont il ne faut pas parler. Les choses avancent doucement mais la responsabilité de l’Etat dans les crimes commis n’est toujours pas énoncée.

Et le Chili, c’est aussi cet accent bizarre, chantant, mangeant les mots. Pour être franc c’est assez énervant après 5 mois dans des pays hispanophones de devoir faire des efforts incroyables pour essayer de les comprendre, et parfois, en vain, alors que de l’autre coté de la frontière, en Argentine, Todo bien ! ! !

Dans un mois, c’est Noël

Bon, on a beau être à quelques semaines de l’été, c’est bientôt Noël, ici aussi, d’ailleurs les décos, sapins et guirlandes dans les rues, sous presque 30 degrés a l’ombre, ça fait bizarre.... Et globalisation oblige, et bien le Père Noël il vient jusqu’ici et tant pis pour la chaleur, il se trimbale sa grosse doudoune rouge et les bonshommes de neige en polystyrène décorent les vitrines des magasins... Tout ça pour vous dire que si vous savez pas quoi lui demander au vieux barbu, ou pas quoi offrir, voila quelques suggestions qui vous plongeront dans l’ambiance sud américaine, c’est à dire, qui vous rapprocheront un peu de moi. Un poquito !
— Côté bouquins, outre les classiques (Neruda, Cortazar ou Borges) il y a "Les veines ouvertes de l’Amérique latine" de Eduardo Galeano, une bible sur l’histoire de 500 ans de pillages d’un continent, un regard engagé, ultradocumenté et critique sur l’histoire de ces pays.

Une petite perle, sans doute l’un des plus beau récit de voyage, "En Patagonie" de Bruce Chatwin. C’est son voyage, c’est l’histoire des régions qu’ils traversent, c’est des anecdotes. Tient ça me rappelle quelque chose... En réponse, il y a "Le Neveu d’Amérique" de Luis Sepulveda, un style différent, mais des milliers de points communs, et encore des belles histoires de voyageurs, d’écrivains voyageurs (ou tout autre livre de cet auteur).

Au Chili, il y a cette île magique Chiloe (j’y reviendrais la prochaine fois). De la vient Francisco Coloane, des histoires de marins, de Chiliens, de Gauchos, de pêcheurs, tout cela dans ces paysages magiques et intraitables du grand sud, de la Patagonie et de la terre de feu.

— Côté ciné, il y a le "Diario de la motocicleta" (Carnets de voyage de Walter Sallers) l’histoire d’un jeune docteur parti faire le tour de l’Amérique Latine en moto, d’Argentine au Chili puis Pérou, etc. Un certain, Ernesto Guevara.

— Côté musique, outre les tangos argentins, Mercedez Sosa, Violetta Para, Atahualpa Yupanqui.

Voilà, faites votre liste et racontez-moi après.

Pour ceux à qui le père Noël n’a jamais offert un atlas... le parcours après 5 mois de voyage .

Le bon air de Buenos Aires

2004-11-03 MER 00:00 (FR) | STEVE

Tout d’abord, le titre n’est pas à entendre au sens propre. En effet comme toute grande ville, Buenos Aires est polluée par les rejets des voitures, et c’est sans parler des fumeurs qu’aucune bonne loi Evin ou juste un peu de savoir vivre, empêche de fumer dans les lieux publics (musée, gare, resto)

Visite par les chemins de traverses

Comment visiter une ville, une capitale sans jouer au touriste qui court chaque jour vers la dizaine de "spots" qu’il faut "avoir vu". Je n’ai pas eu à me poser la question, grace à deux amis parisiens qui m’avaient investi d’une petite mission, que j’ai vite prise à coeur, et qui m’à conduit dans tous les lieux dédiés au cinéma de cette ville (cinémathèque, musée du ciné, bouquinistes, institut du ciné, archives de journaux, etc.) A chaque endroit, mes recherches furent prétexte à de grandes discussions sur le cinéma, pour commencer, mais parfois aussi sur des thématiques bien plus larges ; et toujours l’occasion de touver d’autres adresses pour continuer les recherches. A ce rythme, j’ai parcouru la ville, à fouiller dans des lieux magiques et cachés aux yeux du promeneur.

Dix jours plus tard, l’arrivée depuis Strasbourg de Julien, Laureline et Fabian, fut l’occasion de continuer le tour de cette ville, qui fourmille de milliers d’évènements culturels et sociaux. Une ville où je serais bien rester un peu plus que ces trois semaines mais d’autres rendez-vous m’attendent, plus au sud, tout d’abord avec les baleines, puis avec moi-même, puis avec un certain Georges W pour lui dire trois mots, et enfin avec d’autres amis, eux aussi sur la route.

"Tabaré presidente"

Avant de descendre vers le sud, un évenement qui se fait chaque jour plus envisageable, me conduit à traverser le Rio de la Plata en direction de l’Uruguay. L’Uruguay c’est ce petit pays, coincé entre l’Argentine et le Brésil, qui ne comporte que 3,4 millions d’habitants, beaucoup de grandes plaines à bestiaux et deux écrivains mondialement connus, Mario Bennedeti et Eduardo Galeano.

L’Uruguay c’est aussi un pays qui, alors que le monde entier regarde vers les States, est appelé, ce dimanche 31 octobre, à élire son président et ses députés. Depuis 150 ans, seuls deux partis (de droite), aux idées toutes proches se partagent le pouvoir à tour de rôle. Fondé en 1970, quelques années avant la dictature (1973 a 1985), le Frente, parti de gauche, s’apprête pour la première fois à remporter les élections.

Dans le bateau qui me mène à la charmante ville coloniale de Colonia, 90% des passagers sont des Uruguayens vivant en Argentine, retournant au pays pour voter. Eh oui, il y a quelques années les partis de droite (Colorados et Blancos) pour contrer le succès grandissant du Frente ont fait de ce pays une exception : Il est impossible de voter par corespondance ou dans les consulats. Sur une population de 3,4 Millions, 500 000 ont quitté le pays pour fuire la dictature ou chercher du travail après la répercution des crises brésilienne et argentine sur l’économie de l’Uruguay. Ayant raté la présidence de peu en 1999, Tabaré Vazquez peut, cette fois, compter sur les votes des émigrés, revenus en masse pour voter, d’Europe parfois, mais surtout de tout le continent. Stirling, lui est parti de Santiago du Chili, il y a quelques semaines, à vélo, pour accomplir son devoir civique et faire chuter 150 ans d’hégémonie gouvernementale.

A l’embarquadère, des habitants de Colonia accueillent le bateau et les passagers aux cris de "Gracias ! Bienvenido !".

Dans le bus qui me mène à Montevideo, la capitale, où je souhaite être pour l’annonce des résultats, je rencontre Ana Laura, jeune étudiante en Relations Internationales. Une fois arrivé, elle me propose de loger chez elle et de passer la soirée à fêter la victoire, dans la rue, avec sa famille. A cette heure, plus personne ne veut douter ; Tabaré va être élu, au premier tour. Une page de l’histoire de ce pays va se tourner, et l’étrange coalition de gauche et centre gauche qu’il mène, va se retrouver face aux durs responsabilités. L’Uruguay a une dette supérieur à son PIB et dans une situation sociale des plus misérables. Le même jour, un référendum a rejeté la privatisation des ressources d’eau tout comme son traitement.

Me voila donc dans la rue, au milieu de ces dizaines de milliers de personnes agitant des drapeaux aux couleurs du Frente (bleu, rouge, blanc). L’ambiance est digne d’une victoire de coupe du monde, mais là c’est l’histoire qui se joue. Avec Ana Laura, sa soeur, sa mère et l’ami de sa mère nous traversons la foule qui danse au rythme des batucadas, et crie "y ya lo vé, y ya lo vé, es presidente Tabaré" ou "soy del Frente, soy del Frente, del Frente yo soy", pour nous rendre sur la place ou d’un balcon Tabaré va faire sa première allocution. Au moment où il sort, la foule explose. L’euphorie est indescriptible, partout des cris, des vagues de drapeaux et des larmes de joie et d’émotions. La mère d’Ana Laura, me prend le bras et en larme me dit : "ca fait trente ans que j’attends ce moment lá. On a connu la dictature et la crise. Mon frère, militant socialiste, a fuit la dictature et vit en Hollande. Je ne l’ai pas vu depuis des années." Bon, pour être franc, à ce moment je ne faisais pas mon fier et moi aussi j’avais du mal à cacher l’émotion créée par ces paroles et le fait de partager avec eux et toute une population ce moment historique. 30 ans à attendre ces quelques mots, si simple mais qui en une seconde firent basculer l’espérance en réalite pour 52% de la population : "Festejen, Uruguayos, festejen, que la victoria es de ustedes. Gracias, Muchas gracias."

Des Andes au Rio de la Plata

2004-10-13 MER 00:00 (FR) | STEVE

Un dernier détour dans le nord argentin me conduit dans les vallées Calchaquies à la découverte du magnifique village de Cachi, des alentours de Molinos (je recommande la "casa de familia" de myriam, "cardones Molinos" au 00868-494061 face au commisariat) et la quiètude d’Angastaco.

A Cafayate, je me retrouve en pleine célébration de la Virgen de Rosario. Cette surprise devient vite source de révolte. Il m’est vite insuportable (mais je suis curieux alors je reste) d’entendre ce curé sur la place du village, innonder de logorrhée cette foule en tenant un discours digne de l’Opus Dei sur les dangers de la modernité, de l’internet, déversoir pornographique, puis continuer avec un discours de plus de cinq minutes sur l’avortement et la contraception. Illegal en Argentine, l’avortement effectué en cachette est passible de condanation pénale mais plus que tout ,il est la première cause de mort maternelle : deux femmes meurent par jour d’avortements mal réalisés. Je découvre chaque jour dans ce pays le poid de son Eglise dans la société, l’éducation mais aussi la politique. Franchenemt notre laïcite, faut vraiment qu’on y fasse gaffe.
— Plus d’info sur cette question voir article Site indymedia

Buenos Aires

En arrivant à Buenos Aires, c’est la deuxieme étape de ce voyage qui se termine. Etape qui m’a mené des rives du Pacifique à l’estuaire atlantique du Rio de la Plata. Je laisse derriere moi ces montagnes magiques et pense dans le bus qui traverse l’immense pampa à tous ces moments uniques.

Considérations andines et autres plaisirs minuscules.

Moments à rêver en regardant le vol d’un condor, à s’entasser à 40 dans un bus fait pour 20 sur les routes tortueuses de montagne, se faire appeler "gringo" et quémander de l’argent ou des caramels, regarder le travail d’un homme labourant son champ en terrasse à l’aide d’un âne ou d’un boeuf, écouter le rire des enfants qui jouent vétus de leur blouse ou uniforme à la sortie de l’école, s’étonner à chaque instant de l’ingéniosité des habitants pour vivre en harmonie avec cette nature intacte et vénérée, "mourir" de froid et de chaud dans la même journée, entendre le récit d’une vie sur un banc ou dans un bus, laisser le temps passer sans horaires, sans montre, sans date, repenser à tous ces visages croisés, redécouvrir chaque jour la beauté de notre planète et remercier la Pachamama pour ce cadeau, comprendre peu à peu l’histoire et l’actualité de ces pays, rêver devant cette carte de l’Amérique du sud aux joies à venir, déguster un plat local au nom incompréhensible et éveiller ses papilles à des plaisirs inconnus, s’endormir exténué par ce chemin parcouru dans un air pauvre en oxygène, écouter cette musique qui vient du fond des montagnes et des siècles...

C’est avec un pincement au coeur que je quitte ces altitudes envoutantes pour partir à la découverte d’une autre Argentine, urbaine, à Buenos Aires et plus tard Patagonienne.

¡ No hay nada que festejar !

Je quitte l’Argentine indienne pour me retrouver à Buenos Aires en pleine célébration du 12 octobre 1492, découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Cette date est fériée dans bon nombre de pays d’Amerique du sud, ce qui provoque, chaque année l’ire des populations indigènes (indiennes, originaires) dénoncant la célébration de leur dernier jour de liberté et du début de plus de 500 ans de génocide, spoliation des terres, mépris de leur culture et d’évengélisation forcée. Au rassemblement devant la statue du Général Roca, bien peinturlurée à défaut de pouvoir la renverser, on m’explique le rôle de ce militaire dans le génocide du peuple Mapuche lors de la Campagne du désert en 1880. Plus tard, une marche traverse Buenos Aires aux sons des instruments traditionnels. Outre l’insulte faite aux premiers habitants de ces contrés par ce jour férié, la question de leurs droits à la terre et au respect de leur culture (langues, éducation, etc.) est loin d’etre réglée. Plus d’info sur Indymedia (traduction de Pagina12 )

C’est le printemps !

2004-09-29 MER 00:00 (FR) | STEVE

Après Tarabuco et son marché dominical traditionnel je quitte Sucre et son festival de la culture et ses 48h de fêtes dans les rues en l’honneur de la Virgen de Guadalupe.

Tarija (Bolivie)

J’arrive à Tarija apres 12h de voyage pour faire 350 km sur l’une des routes les plus dangereuses de Bolivie (route de terre en montagne). Tarija, c’est la méditerranée de la Bolivie. Oui, je sais, y’a pas la mer, comment l’oublier dans ce pays où ce sujet de conversation semble parfois être le plus important. La future loi sur les Hydrocarbures, suite au référendum de juillet (vers une renationalisation du gaz bolivien) ne fait que renforcer ce sujet de débat continental. A Tarija (2800m d’altitude) il fait chaud + 30 degrés (ce qui dure depuis...) et ca y est, il y a du vert ! Au pas des masses (c’est pas Hyde-park) mais quelques arbres en fleurs sur la place, quelques mètres de pelouses et des terrasses ombragées pour siroter la bière et le vin local.

Vers le sud pour un bon moment...

Maintenant que c’est le printemps il est temps d’amorcer la descente vers le sud. A regarder mon parcours, j’ai l’impression d’être un navigateur traçant sa route en fonction des alizés, sauf que moi c’est le soleil qui guide mes pas, et m’accompagne depuis trois mois (à trois jours près). Et ca va durer !

Pour fêter le printemps et mes trois mois de voyage, je me suis offert la traversée de la frontière Bolivie / Argentine. De l’autre côté du pont, en Argentine, comme un clin d’oeil à la suite de mon voyage, un panneau indique "Ushuaïa 5121 km". Mon objectif pour les trois prochains mois.... mais il va me falloir plus de kilomètres vu que j’envisage encore de beaux détours.

Je laisse de l’autre côté du pont, la Bolivie, ou le peu que j’en ai vu. Ce pays est vraiment l’Amérique du sud, l’Amérique indienne. Ce sont aussi, pour l’annecdote, les lits trop petits, les auvants des étalages des marchés trop bas.... Plus sérieusement ce sont des traditions ancestrales conservées, des croyances et une musique omniprésente. la Bolivie est le pays le plus pauvre de l’Amerique du sud. Chaque jour je le constate.

En Argentine, je remonte sur les pré-andes, pour découvir les villages de Humahuaca, Iruya (merci Mathieu pour le tuyau), San Isidro, Tilcara et Purmamarca.

Vie urbaine

Deux choses, depuis un petit moment commencaient a me manquer (¡ à part vous tous lecteurs connus ou inconnus !), le goût du café (le vrai) et la vie urbaine. Et bien oui ! on ne change pas en 100 jours. Les paysages de l’altiplano, magnifiques ; les randos en pleine nature, uniques ; les nuits étoilées, inoubliables ; mais bon un petit cocktail : terrasse de café, journal local, place de concert, édifices anciens, et ticket de cinéma.... c’est pas mal non plus, par moment. Pour réparer ce manque j’ai rencontré Salta (dit Salta la belle), euh, c’est une ville pas une fille et son festival de théâtre et Jujuy (la pas belle) et son festival de cinéma documentaire. Et je vous le dit, après les petits villages sans électricité ou il fait -10 degrés le soir, et où on est au lit à 20h tellement y a rien à faire et qu’il fait trop froid pour lire ou écrire... ca fait du bien. Mais ne croyez pas que je crache sur ce que je viens de vivre... là haut. Au non, rien à redire, venez faire un tour dans l’altiplano chilien, bolivien et argentin et vous verrez : on ne peut être que conquis par cette culture, ces paysages et cette lumière unique. Aussi, je reste épaté pas toutes les techniques d’irrigation (bien anciennes) utilisées par les habitants pour cultiver un peu de terre en terrasse ou pour construire des maisons pleine de bonnes idées pour se préserver du climat. Il y a beaucoup à apprendre par là haut et de quoi réfléchir sur notre société occidentale, celle de l’artificiel, de l’avoir et du parraître.

Salé et Sucre ; Argent et misère

2004-09-13 LUN 00:00 (FR) | STEVE

En quittant le Chili, pour la Bolivie, je quitte "l’usurpador del litoral". La tension diplomatique entre le Chili et la Bolivie et le Pérou va chaque jour en augmentant. Les journaux en rajoutent. Certains disent qu’une guerre est possible....

Il faut trois jours de piste en 4X4 sur le toujours aussi aride Altiplano pour rejoindre Uyuni. Entre temps nous traversons (dans des décors dignes du film "Gerry" de Gus Van Sant), une succession de déserts de roches et de sables ponctués par des lacs bleus, verts, et roses où de nombreux flamands s’alimentent.

Salar de Uyuni

Le deuxième soir nous dormons au bord du Salar de Uyuni (étendue de sel la plus grande du monde à 3600m d’altitude) dans un hôtel construit uniquement (mur et sol) de briques de sel. La traversée du Salar provoque des visions étonnantes. Les volcans au loin, culminant à + de 5000 m s’emblent flotter sur l’horizon. La blancheur est parfaite et le silence unique.

Après un mois dans les montagnes face à des reliefs et des couleurs diverses il est étrange de se retrouver face à cette étendue blanche et plane épaisse de + de 6 m de sel et large et longue de + de 100 km.

A Uyuni, un étrange cimetière de train (locomotives à vapeur), superbe éventuelle décors de cinéma accentue l’ambiance de désolation dulieu.

Ironie toponymique, après tout ce sel je fais route vers Sucre, après une pause à Potosí.

Les mines de Potosí

L’histoire de cette ville est sans doute l’une des plus violente que le monde est connue. En 1545, dans un coin perdu des montagnes est découvert par un berger un filon d’argent sur une montagne (à 5000m). Rapidement les espagnols ont vent de la découverte et se ruent vers ce lieu qui sera nommé Cerro Rico. Au pied est fondé Potosí (à 4100 m, plus haute ville du monde, plus haut que Lhasa). En l’espace de 30 ans, Potosí devient la plus grande ville du monde (plus que Londres, Paris ou Séville). Des milliers d’indiens sont arrachés à leurs villages pour servir d’esclaves dans les mines. Des quantités incalculables d’argent furent extraites du Cero Rico en 300 ans de domination coloniale. La ville de Potosí étalait ses richesses pavant d’argent une rue de la ville à l’occasion de fêtes religieuses. Les colons espagnols firent batir des dizaines d’églises et vivaient dans l’oppulence. L’Espagne endettée par ses guerres ne voyait que cette richesse transiter par ses ports. Les banquiers francais, flamand ou genois furent les véritables bénéficiaires. Cette richesse rendue possible la Renaissance en Italie, France et Hollande.

Durant ces 300 ans, 8 milions d’esclaves moururent à Potosí, dans les mines où ils vivaient jusqu’à trois mois sans voir le jour ou dans les rafineries où le mercure les attaquait peu à peu. Les esclaves noirs, ne resistant pas à l’altitude travaillaient dans ces rafineries ; quasi aucun ne survécut à cette époque. Certains disent que c’est le sang de tous ces indiens morts qui donnnent sa singulière couleur rouge à la montagne.

Aujourd’hui, 450 ans après, plus de 5000 mineurs continuent quotidiennement à creuser cette montagne en quête d’argent ou d’étain.

Je ne veux pas parler de cette eprouvante visite dans la mine (3h), des superstitions et croyances des mineurs. Je préfère citer quelques phrases d’un passionant travail universitaire sur lequel je suis tombé.

Les ministres du diable : le travail et ses représentations dans les mines de Potosí / Pascale Absi .- L’Harmattan, 2003

"Au fur et à mesure que l’on s’ enfonce dans la mine, l’air se raréfie sous l’emprise des effluves d’Arsenic et du monoxyde de carbonne. La chaleur devient parfois difficilement supportable. Le trajet vers le lieu de travail est un véritable parcours du combatant qui s’étent sur plusieurs kilomètres et dure plus d’une demi-heure. Il faut enjamber des trous, éviter des goufres aveugles, monter des cheminés ou descendre dans des puits en faisant s’ebouller au passage les roches branlantes qui menacent de s’effondrer. Dans les galeries principales, emportés par leur poids, les wagonets chargés de 500 kg à 2 tonnes de minerai sont lancés dans une course folle que rien ne saurait arrêter. Peu à peu les galeries rapetissent et il faut bientôt ramper. l’agitation de la galerie principale fait place à un silence pesant. La commence le tavail du mineur."

(...) "Les travailleurs commercent avec le diable : Il est le propriétaire des filons qu’ils réveillent en échange de leurs offrandes, quelques feuilles de coca, des cigarettes parfois un foetus de lama. Si le rite négocie l’autorisation de produire du minerai, c’est l’intervention directe des divinités sur la personne du mineur qui lui donne, en dernier instance, la possibilité d’exercer ce droit."


Pour finir, la blague la plus courante en Bolivie : La Bolivie était jusqu’a peu le pays le plus corrompu du monde. Maintenant il est le deuxieme.... Ils ont payé pour cela.....

Pour ceux qui n’ont pas d’atlas : parcours au 12 septembre

Syndrome de Stendhal

2004-08-31 MAR 00:00 (FR) | STEVE

En visitant la ville de Florence, Stendhal fut pris de malaises devant tant de beauté. On appelle cela le syndrome de Stendhal.

En arrivant sur l’altiplano chilien, Steve fut pris de nausées. On appelle cela la puna, le soroche ou le mal de l’altitude. Bon c’est vrai que c’est pas fin de monter de Arica (niveau de la mer) à Chungara (4500 m) en 3h de bus....

Les jours suivants ce fut le syndrome stendhalien qui me poursuivit. Les randos à 4500 m d’altitude et les paysages de l’altiplano n’ont pas eu de mal à me ravir.

Une fois passée les 3500 m d’altitude, la barrière montagneuse laisse place à une étendue légèrement valonée qui se termine quelques dizaines (centaines) de kilomètres plus loin par une chaîne de montagnes qui culmine à plus de 6000 mètres : on appelle cela l’altiplano.

Victoria

Après une aclimatation dynamique (randos) à Putre (3500m), je décide de passer quelques jours dans le parc national de Lauca au village de Parinacota (4400 m). Je loge chez Victoria, une vieille indienne Aymara qui fabrique des vêtements en laines d’alpaga. A Parinacota, une quinzaine de maisons basses en pierre volcanique abritent les dix familles (25 personnes agées) qui continuent à vivre ici. Il y a dix ans il ne restait plus qu’un vieil homme gardant précieusement les clefs de l’église (des peintures montrant le christ en croix où les romains sont remplacés par des conquistadors espagnols et une représentation de l’Enfer où l’on ne voit que des femmmes jetées aux flammes par d’étranges hommes-animaux). Et puis des touristes chiliens et européens ont commencés a s’arrêter il y a dix ans, alors les plus vieux partis à la ville (Arica) sont revenus pour vivre de la vente de l’artisanat et de l’élevage des lamas et apalga. Il n’y a ni auberge, ni restaurant, ni boutiques. Victoria va de temps à autre à Chucuya, à l’atelier de tissage, pour fabriquer ses bonnets, pulls et autres ponchos. Elle y reste troid à quatre jours avant de revenir à son village et attendre sur la place, les éventuels touristes. Elle me dit qu’un bonnet, qu’elle vend 2000 pesos (2,5 euros) peut lui prendre une journée de travail.

Le jour et la nuit

Une fois le soleil couché sur le Bofedal de Parinacota (quelque chose comme un marécage, une tourbière ou une prairie humide) le froid se fait cruel. La température tombe très vite à - 10 ou - 15 degrés. Dans la chambre que j’occupe chez Victoria il ne doit pas faire plus de - 5 degrés. Je remercie, en m’endormant, Lestra Sport pour ce plus que nécessaire sac de couchage.

Le lendemain c’est un soleil cuisant qui couvre l’altiplano. L’altitude et la réverbération sur la neige transforment les chauds rayons de soleil en un dangereux coup de massue à qui ne sait s’en protéger.

Chaque randos vers le Lac Chunagra, la laguna Cotacotani ou le cerro Guaneguane est un enchantement. Je pense avoir découvert ici l’Eldorado, ou l’un des paradis terrestres. Pas un visiteur, personne sur ces sentiers de montagnes si ce n’est les vigognes (sauvage), lama (domestique) et alapaga (domestique) qui semblent gouter ici un bonheur simple et unique. Parfois une viscacha, petit rongeur semblable à un lievre mais à la longue queue est surpris par mes pas. Au bord des lacs je reste des heures à regarder les tagua gigante refaire leur nid flotant en plongeant chercher des herbes aquatiques au fond de l’eau. En arrière plan, comme pour parfaire un décor qui se sufisait à lui même, le volcan Parinacota à la forme parfaite offre sa stature magestueuse (voir les photos). Le volcan Guallatire avec sa fumerole au sommet, rappelle l’activité géologique de ce coin du monde heureusement méconnu.

Justino

Justino habite depuis toujours à Putre (3400 m). Il a 33 ans. De 8 à 14 ans il a été berger de Lamas et d’Alpagua. Passionné par la poterie, il a, des 15 ans, vendu son artisanat sur la place de Putre. Il a meme exposé à Santiago. Et puis d’autres personnes du village ont commencés à copier son travail. Les prix ont chutés. Il y a quelques années, des touristes lui ont demandé s’il pouvait avec son véhicule les mener au Lac Chungara. Il a dit oui mais n’a pas apprécié "faire le taxi". Par contre faire découvrir sa région et sa culture (Aymara)... il a créé son agence de voyage : http://www.tourandino.com/ C’est avec lui que nous avons traversé 300 km d’Altiplano vers le Salar de Surire et Colchane à observer les Ñandu ou Suri (autruche des montagnes), les vigognes, flamands roses et autres condors, sans parler d’un lever de pleine lune sur le Salar....

rien à voir : Pour ceux qui connaissent Hélene et Fred, ils sont arrivés à Essaouira pour faire du surf apres un long stop en Andalousie. Bientot ils troquent le camion pour le vélo... vers le sud.... comme moi !

Le soleil d’Atacama

2004-08-22 DIM 00:00 (FR) | STEVE

Apres un passage dans la Valle de Elquí, impressionnante pour ses techniques d’irrigations qui permettent d’optimiser l’eau des montagnes pour faire pousser vignes et verger et produire la boisson nationale chilienne le Pisco (eau de vie de raisins), à La Serena je retrouve comme prévu mon cousin Julien ainsi que Myriam, Catherine et Blaise.

A Antofogasta nous passons quelques temps chez Rodrigo et Jessica avant de partir pour San Pedro d’Atacama.

San Pedro d’Atacama

En plein coeur du désert d’Atacama, et au bord de la cordillère des Andes, se trouve la Salar d’Atacama, grande dépression saline. Le désert d’Atacama étant le désert le plus aride du monde (certaines zones n’ont pas vu de pluie depuis 100 ans), cette immense salar est devenue au fil des siècles, un immense désert de sel.

San Pedro d’Atacama (2250 m d’altitude) est sans doute l’un des villages les plus connus d’Amérique du Sud dans la communauté des Backpackers (voyageur au sac à dos). En dix ans, cet oasis posé au nord du Salar a vu sa population passer de 900 à 5000 habitants. A cela s’ajoute 800 touristes. Un voyage dans cette partie du monde (nord du Chili) ne s’envisage pas sans un crochet par San Pedro. Vu les discours tenus par certains amis passés par là (n’est- ce pas Matthieu ?), je redoutais pas mal de débarquer au milieu de ces paysages impressionnants dans ce spot touristique.

En fait, San Pedro c’est un peu comme une station de ski. Tu n’y rencontres pas les gens qui y vivent à l’année, sauf à l’épicerie super chère, les trois rues principales sont pleines d’agences de voyages qui te proposent des tours en minibus vers le Salar, les dunes, les geysers, la Bolivie, les volcans. Entre chaque agence un bar ou un resto dont l’aspect extérieur (mur en adobe : terre et paille) cache le design intérieur fait pour plaire à la horde de jeunes européens et australiens venus chercher ici la beauté du lieu, l’activité sportive mais aussi des restos où bien manger et danser bien tard : l’atmosphère d’une station de ski dans le désert le plus aride du monde....

Mais comme partout il faut peu pour sortir des chemins encombrés. Grâce à Mario et Myriam (tel. 55 - 85 12 84 _ Los Cardones) qui louent deux chambres à coté de chez eux et une petite cuisine à partager et la voiture louée à Antofogasta nous avons échappé à tout cela.

Mario est passionné par cette région. Il nous parle d’Histoire, d’Archéologie, d’Ornithologie, etc. Il nous dessine des cartes pour nous rendre dans les plus beaux recoins de l’Atacama en nous indiquant les heures où on échappe aux tours de minibus.

Nous voila donc, tous les cinq, un matin, seul au lever du jour sur les volcans à assister au réveil des flamants roses à la Laguna Chaxa et le soir à regarder le soleil se coucher sur le majestueux Licancabur depuis les dunes de la Valle de la Muerte, sans avoir aperçu l’ombre d’une personne.

Le plus beau fut peut-être ce coucher de soleil après 45 minutes de piste, sur une lagune d’un bleu intense aux rives couvertes de sel avec les vols de flamands andins ou encore le silence total au milieu du Salar à observer les formes géométriques des plaques et des cristaux de sel, ou peut-être la redescente des Geysers du Tatio (4320 m) au milieu de l’Altiplano avec pour seuls voisins des vigognes, des lamas et des cactus de sept mètres de haut.

La guerre du Pacifique et les mines

Sur la route du retour à Antofogasta nous faisons halte aux ruines du village de Chacabuco. Cette partie du désert est d’un monotone qui commence à nous faire rêver de forêts bien vertes. Tout cette partie du Chili, les 500 km les plus au nord, a connu une histoire bien particulière. Rien ne peut pousser quelqu’un à vouloir venir vivre par ici, si ce n’est le travail.

La découverte de Salpêtre (qui donnait le nitrate nécessaire aux engrais), d’or, d’argent et de cuivre poussa à la findu XIXème siècle, des entreprises chiliennes à venir sur ce territoire péruvien et bolivien pour exploiter des mines. En 1879, la décision de la Bolivie de taxer la production de minerai sur son territoire par des entreprises chilienne, entraîna la guerre du Pacifique. Le Chili sorti grand vainqueur grâce au soutien financier de l’Angleterre. Celle-ci reçu en remerciement des concessions très intéressantes sur l’exploitation des mines, le Chili venait d’augmenter d’ 1/5 la taille de son territoire, la Bolivie perdait son accès à la mer, et le Perou le sud de son territoire.

De part et d’autres de la route on voit des traces d’exploitations passées, et de temps à autres, les ruines des baraquements où s’entassaient les mineurs pour travailler sous les 40 degrés minimum à l’enrichissement de la couronne anglaise.

Aujourd’hui les capitaux des mines toujours en exploitations (cuivre) sont Anglais, Etatsuniens, Japonais, Allemands. Peu revient au Chili.

Chacabuco était une exploitation qui fonctionna de 1922 à 1940. On construisit à côté de la mine une ville pour 7000 habitants là où quelques temps avant ce n’était que sable et caillasse. Aujourd’hui on marche (il n’y a que nous) dans les ruines de cette ville fantôme, on visite le théâtre, l’hopital, les baraquements. Après des années d’abandon, en 1973 le gouvernenemt militaire de Pinochet utilisa ces ruines comme camp de concentration pour prisonniers politiques. En utilisant les infrasctuctures des mineurs d’avant ils s’organisèrent recréant une vie urbaine dans ce decors du passé.

Des villages fantômes, symboles de l’âge d’or du salpètre et de la richesse du sous-sol il y en a des dizaines dans cette région.

Combien de touristes sur la route de San Pedro connaissent la dure histoire de plus d’un siècle de colonisation du désert ?

La traversée des Andes

2004-08-07 SAM 00:00 (FR) | STEVE

Tout d’abord, un peu de géologie :
— Vous vous souvenez : la théorie de la dérive des continents ... et bien il y a très longtemps la Cordillère des Andes s’est formée par la collision de la plaque océanique de Nazca et de la partie continentale de la plaque de l’Amérique du Sud. La plaque Nazca s’est enfoncée (et continue) sous la plaque continentale Sud Américaine, provoquant à la fois des séïsmes, des sommets bien pointus et des roches en fusion remontant vers la surface et formant ainsi des dizaines de volcans...

Puis un peu de Climatologie :
— La Cordillère des Andes (de la Colombie à la Terre de feu) forme une barrière naturelle en Amérique du sud. Les masses nuageuses venant du Pacifique, bloquent contre les montagnes et font du Chili (sud et centre) un pays pluvieux. La face Est de la Cordillère, en Argentine, où j’ai trainé ces dernières semaines, reçoit donc très peu de précipitations... d’où tous ces déserts que j’ai traversé. Seul le nord du Chili est dispensé de pluie à cause du courant froid de Humboldt dans l’océan Pacifique. D’où le désert d’Atacama, au nord, désert le plus aride du monde, où je vais aller dans quelques temps.

Maintenant un peu d’histoire :
— José de San Martin (libérateur de l’Argentine) décide, après avoir vaincu les espagnols sur le territoire argentin, d’aller les déloger de Lima au Pérou. Mais les armées qui s’aventurent au nord (actuel sud Bolivie/Nord Chili) additionnent les défaites. San Martin décide donc de faire le tour par en bas (chili) et donc de lever l’armée des Andes pour faire traverser 4000 hommes, avec ses chevaux, canons, munitions et vivres pour un mois à travers les andes, en partant de Mendoza. Le 10 février 1817, toute l’Armée des Andes se trouve rassemblée dans la vallée de l’Aconcagua, prête à gravir les Andes et remporter une bataille décisive. San Martin et son comparse chilien O’Higgins divisent l’ armée en six colonnes. Le 14 février, San Marin entre en triomphe à Santiago du Chili. O’Higgins est élu Directeur Suprême du Chili. Après San Martin part vers le nord pour libérer le Pérou.

Tout ca pour dire que en quitant Mendoza et ses caves à vin, j’ai traversé les Andes par le dénomé "Paso de los Liberadores" (vous savez maintenant pourquoi), que à 3700 m d’altitude nous avions sur notre droite le plus haut sommet des Amériques, l’Aconcagua, culminant à 6962 m (seuls les sommets himalayens font mieux) et que une fois à Santiago du Chili j’ai retrouvé la pluie après 1 mois de ciel bleu sans une goutte (d’où les déserts argentins...).

La pluie m’a fait quitter Santiago plus vite que souhaité. Juste le temps de passer devant le Palais de la Moneda (bombardé le 11 septembre 1973 par l’armée pour renverser le président démocratiquement élu de L’Unité Populaire, Salvador Allende et ouvrir 15 années de dictature de Pinochet). Juste le temps aussi de retrouver Francisca, rencontrée il y a plus de deux ans à Porto Alegre.

Et puis.... Valparaiso, l’Océan Pacifique, ....

Ce nom "Valparaiso" me faisait déja rêver. Il évoque, comme Vladivostock ou Amsterdam, des histoires de marins, des ombres de Joseph Conrad ou Pierre Loti, des gloires passées, des aventures de la marine marchande...

Pour dire vrai, je suis tomber sous le charme de cette ville, mélange de quiétude et d’ultra activité. Les cerros (colines) qui formes la Bahia de Valparaiso, sont une multitude de villages aux maisons de couleurs. Bon je vais pas commencer à vous raconter...

Face à l’Océan Pacifique c’est la première étape de mon voyage qui se termine (la traversée d’Est en Ouest du continent sur une route Nord/Sud). Plus au sud, il fait encore trop froid, on verra plus tard, plus à l’Ouest c’est l’Océan, l’île de Paques...alors maintenant Cap au Nord du Chili, plein Nord, où j’ai rendez-vous dans une semaine.

De Fiambalá à Mendoza

2004-07-30 VEN 03:30 (FR) | STEVE

Les espaces désertiques de la province montagneuse de Catamarca se succèdent le long de cette route qui mènent aux sommets des Andes et à la frontière chilienne. Chaque kilomètre, les paysages changent, les tonalités de couleurs allant chercher dans les extremes inimaginables de rouge ou d’émeraude. Peu à peu la distance entre les villages "oasis" de verdure s’allonge.

A Fiambalá, depuis quelques années, une auberge municipale accueille les touristes de passage. De Fiambalá une piste de quinze kilomètres mène au coeur d’une gorge de pierre d’un camaïeu de rouge d’où s’écoule un filet d’eau qui sort de terre à 80 degrés. Plus bas des piscines naturelles permettent de profiter de ces eaux thermales entre 50 et 35 degrés. Il n’y a aucune infrastructure dans ce lieu. La pierre, l’eau et une vingtaine de personnes en profitant.

Entre deux bains et deux balades, en discutant avec trois mamies quinquagénaires, nous décidons de louer le lendemain les services d’un guide pour se rendre au Paso de San Francisco.

Paso de San Francisco

Ce passage entre l’Argentine et le Chili culmine à 4750 m d’altitude. J’aimerai savoir écrire pour décrire ces paysages que nous avons traversés durant les huit heures de route. Les derniers buissons épineux laissent peu à peu place à une herbe rase jaunie par le soleil que broutent de temps à autres des lamas et vigognes. La vallée est large et de chaque coté les montagnes se font jaunes, grises, rouges se couvrant parfois de dunes de sables, d’amoncellement de roches ou paraissant lisses comme du métal. Sur le ciel, éternellement bleu dans cette région, se détachent des sommets qui culminent à plus de 6000m.

A la douane, cinq hommes passent ici trente jours loin de tout à attendre la dizaine de voitures qui montent quotidiènement. Un jour peut-être des hordes de camions, de bus et de voitures particulières utiliseront cette route pour se rendre au chili. L’Argentine s’est lancée dans un grand programme pour développer cette route entièrement asphaltée depuis 1999, afin de s’ofrir une porte sur les ports chiliens du Pacifique et exporter ses produits vers l’asie et la côte ouest des Etats-Unis. Mais, me dira, le lendemain, un gendarme de Tinogasta, les chiliens ne feront jamais les travaux promis de leur côté et laisseront la route dans l’état d’une mauvaise piste de montagne.

Que penser ? Espérer qu’un jour l’économie des pauvres provinces du Nord Ouest Argentin puissent tirer profit de cet accès ou redouter que ces paysages magnifiquement vierges, d’une pureté incroyable deviennent la décharge d’immondices comme trop souvent le long des routes de ce pays. Et je ne parle pas de l’air pur, sacagé par les diésels des automodébiles.

A la frontière, à 4750m d’altitude (pour mémoire le Mont Blanc est à 4807m) nous basculons sur le versant chilien pour découvrir ce lac aux eaux turquoises et aux rives gelées : Laguna Verde, pierre précieuse oubliée à 4500m.

Ce jour, j’ai compris l’expresion "avoir le soufle coupé". J’ai compris que ce n’était pas que du figuré bien que face à ces paysages l’altitude n’y était pas pour grand chose.

Un bémol, en voiture, la multitude des paysages défile vite, trop vite. Il n’y a pas quelqu’un qui veut, un jour, venir faire un tour en vélo par ici avec moi ?

Rencontres

Ce qui est super avec les argentins, c’est qu’ils n’ont pas l’air de supporter le silence. Le mauvais côté c’est qu’il y a la télé allumée partout. Le bon côté c’est que dès que tu te poses quelque part, il y a quelqu’un qui commence a te parler (dans le bus, à l’arrêt de bus, dans un magasin ou tout simplement assis sur un banc).

Ainsi depuis plus d’un mois les rencontres sont nombreuses et parfois s’accompagnent d’invitation. Dimanche dernier, je m’en vais marcher 1h30 jusqu’à un petit village, succession de maisons avec un champ autour. Je demande à une homme s’il y a une maison qui vend des trucs à manger.... et me voila invité à manger l’asado, à passer la journée chez eux au bord du rio sous les arbres à regarder l’injuste défaite de l’Argentine en finale de la Copa America.... C’est un exemple parmi beaucoup d’autres...

Après Catamarca, je descends sur la province de la Rioja, Chilecito, les Parcs de Talampaya et Ischigualasto pour arriver à Mendoza.

A mendoza je retrouve les grandes avenues bordées de platanes et autres arbres plus exotiques. Je rencontre aussi mes premiers touristes étrangers et autres mochilladores (voyageurs au sac à dos) depuis 1 mois. Il paraît que c’est le boom du tourisme en Argentine. Il semble que les etrangers ne sortent pas encore des chemins classiques (Cataratas, Jujuy, Bariloche, Ushuaïa et Buenos Aires).

Prochain episode : L’aconcagua et la route vers le Chili...

Provincia de Catamarca

2004-07-19 LUN 00:00 (FR) | STEVE

A la Biblioteca Popular "9 de Julio" de Santiago del Estero, le premier regard que l’on croise est celui de Evita Perón, dont le portrait trône au dessus du bureau du conservateur. En parcourant les belles étagères en bois on arrive, après les auteurs allemands, aux auteurs francais. Il n’y a qu’un seul livre en langue originale. Il s’agit d’une édition du Livre de poche de 1962 de "Vol de nuit" d’Antoine de St Exupery.

Je pense alors à Hélène et Fred, qui quelque part entre le sud du Portugal et l’Andalousie avancent peu à peu vers les pages de "Courrier sud" tandis que je chemine sous les ailes de "Vol de nuit".

A Rio Hondas, l’unique activité est les Thermes. Toute l’industrie touristique de la ville (seule industrie d’ailleurs avec le commerce) tourne autour de ces eaux aux vertus médicales... On se baigne dans des piscines à 45 ou 55 degrés. Mais à Rio Hondas, on ne fait que passer.

Entre Tucumám et Catamarca, les payasages ne sont que champs de canne à sucre sur fond des Sierras annoncant les Andes. C’est la période de la récolte qui se fait toujours à la main comme il y a 500 ans quand Christophe Colomb apporta lors de son second voyage cette plante qui poussait difficilement en Sicile et aux Canaries.

De temps à autre un champ, précédement coupé, fini de bruler. A l’horizon, nombreuses fumées, émanent des différentes usines de sucre de la région. En arrivant à Aguilares, on est tout de suite frappé par cette poussière de cendre qui recouvre la ville et qui tombe au gré du vent. L’usine locale est au plein centre de ce gros bourg de campagne. C’est jour de fête religieuse. Les habitants se rassemblent pour une procession derrière la Virgen del Carmen. Image étrange que ces centaines de personnes communiant ensemble dans les rues foides de l’hiver, sous les cendres noires de l’usine.

La plaine de la province de Catamarca, a laissé à Tucumán ses champs de canne à sucre pour tirer meilleur profit de la culture des oliviers. A chumbicha, le bus qui porte son âge sur l’état de ses fauteuils et le bruit de son moteur tourne vers l’ouest, à l’attaque des premiers virages de la Sierra. A cet instant, en entendant le bruit mécanique des changement de vitesse, je réalise que m’y voila dams ses montagnes, contre-fort des Andes. Après une heure de route, au col, un paysage incroyable s’offre à nous. Plus aucune montagne à l’horizon. Cette Sierra fait place à un immense Salar, le Salar de Pipanaco. A perte de vue, ce n’est que steppes et cactus entrecoupés par de rares bandes de sel.

Alors que la nuit tombe et couvre de roses les premiers sommets andins, le bus s’arrête au milieu de nul part. En fait deux cyclistes (une femme et un homme) aux sacoches débordantes, viennent de lui faire signe, pour une demande de renseignement. J’ai à ce moment une envie de descendre de ce bus et d’enfourcher l’un de ces vélos. Si j’avais prévu ce voyage un peu plus tôt, c’est sans doute en vélo que j’aurai traversé ses paysages... mais tout est encore possible.

En arrivant à Belén, on ne peut pas manquer de voir l’imposante vièrge illuminée au dessus de la ville. Dans les bars et restaurant les clients ont les yeux levés mais c’est une autre religion qui les habite. Ce soir l’Argentine affronte le Pérou en quart de final de la Copa America (Argentine 1 - Pérou 0). Vivement mardi.

En rentrant à l’auberge, la patrone, une vielle femme de plus de 70 ans, me demande où j’ai mangé. Et voilà qu’elle me passe un savon me disant que ce n’est pas de la nouriture ce qu’il font et que si c’est comme ca, demain elle me fait un poulet maison. Le lendemain, de retour des ruines Incas del Shinkal, me voilà convoqué à manger mon poulet tout en regardant le programme politique du dimanche soir sur le canal 3 : une interview de l’ex-président Menem. La Doña Pillar me fait régulièrement des commentaires sur la politique nationale, mettant dans le même panier les Menem, de la Rua ou Kirchner, l’actuel président, nommé après que cinq autres se soient succédés en une semaine fin 2001. Elle a tout de même un faible pour la politique néolibérale qu’a mené Menem (il a tout privatisé et vendu le pays aux entreprises étrangères durant les 10 ans de ses mandats dans les années 80 tout en stoppant l’inflation galopante.) Les scandales politiques couvrent sa présidence (corruption). "Tous pareils" me dit-elle. Pour expliquer la situation, une manifestation vendredi dernier à Buenos Aires de Piqueteros (comment dire... de travailleurs, ouvriers sans emplois aux méthodes de revendication directes) s’est terminé par l’attaque de la Legislatura. La poilice a laissé faire. Le président est accusé par l’opposition de mener le pays à l’anarchie, les piqueteros ne reconnaissant comme violence que celle de l’économie passée et actuelle qui pousse une frange de la population à la misère. La non réaction policère s’explique par le choc émotionel toujours visible qu’a été la mort de deux manifestants il y a exactement deux ans.

Doña Pillar me laisse entendre, que le pays était plus tranquille avant. Je demande quand, "avant Dela Rua ?", "non avant", "avant Menem", "no antes", "avant Alfonsín", "no antes". Mais quelques notions de l’histoire Argentine, me rapelle que la période précédent Alfonsín ne fut qu’alternance de dictature militaire et de présidence de Peron. Elle qualifie Peron de populiste. Je me dois de conclure que le temps et l’histoire ne suffisent pas à réveiller toutes les consciences. Il reste des nostalgiques de la dictature argentine, malgré ses milliers de morts et disparus. Je pense alors à cette femme du même âge rencontré au Forum D’Iguazu, Nora Cortiña, "Mère de la place de mai" parmi des dizaines d’autres, manifestant depuis des années, chaque semaine, pour demander justice contre les tortionnaires impunis et espérer savoir, un jour, ce que sont devenus leurs enfants disparus.

Vers l’ouest...

2004-07-15 JEU 15:54 (FR) | STEVE

Quelle chance, les indiens !

En 1537, une bulle pontificale leur reconnait le statut d’êtres humains. Il faut donc les evangéliser pour sauver leurs âmes...

Commence alors le début de l’évangelisation du continent américain. Au XVIe siècle, les jésuites fondent des misions (réduction) de part et d’autre du Rio Parana. Ils rassemblent les indiens dans des villages de pierre, les sédentarisant, et leur enseignant l’Espagnol, le Latin et le catéchisme. Jusqu’à 4500 vivront à San Ignacio, au cours du XVII siècle avec une organisation collective de la vie, que certains historiens veulent voir comme une des expériences intéressantes de collectivisme tandis que d’autre n’y voit que la matérialisation de la domination de l’Europe sur les indigènes dams ces camps de travail et de déculturation. Dur de se faire une idée.

En traversant la province de Misiones on comprent vite pourquoi il s’agit de la première région Argentine de production de bois, de thé et de Yerba Maté (la fameuse herbe que les habitants de cette partie de l’amérique du sud boivent toute la jounée). Les paysages ne sont que pins et cultures avec quelque reste de la forêt primaire.

A Campo Viera nous retrouvons Daniel, rencontré à Puerto Iguazu. Il nous invite chez lui mais nous préviens que aujourd’hui va y avoir du monde vu que ce sont les un an de son petit neveu. Nous voila donc (Marie et moi, Maxi étant rentré à Buenos Aires) à manger avec trente personnes de sa famille, le traditionel asado. Daniel nous fait visiter l’exploitation de thé que gère sa famille (pour des patrons de Buenos Aires). Des champs de plantation de thé et une fabrique (sans activité puisque c’est l’hiver). Tout le monde est d’une gentillesse extrème avec nous, et nous, un peu surpris de nous retrouver là.

Nous avons passé deux jours chez Daniel et sa famille, deux jours inoubliables. Sans parler de la vague de froid (deux jours) qui nous a fait abondonner la tenue Tee Shirt pour sortir les polaires et regarder le givre sur les arbres au petit matin.

A Posada, Marie rentre pour Buenos Aires et je fais route vers Corientes, Resistencia et Santiago del Estero toujours sous ce superbe soleil (toujours aussi chaud la journée et en trois semaines les heures de pluie se comptent sur les doigts d’une main).

Pour ceux qui n’ont pas d’atlas... Carte de l’Amerique du sud et parcours au 15 juillet 2004

couleurs paraguayennes

2004-07-08 JEU 00:00 (FR) | STEVE

Quelques touches de couleurs de ce passage au Paraguay.

— Piétons. Il n’est pas bon d’être pieton dans Asunción. Les voitures déboulent et aucun passage piétons ne les arrêtent, ici le piéton traversant une rue doit courrir ou attendre une trêve en regardant la victoire de l’automobile sur l’humain.

— 4X4 A bien y regarder il y a bien un tiers de 4X4 dans les rues d’Asunción. D’accord certaines rues ne sont pas goudronnées et hors de la ville seuls les grandes routes le sont... tout de même cet étalage de fric sur roues et de tape à l’oeil dans la réalité sociale du pays...

— Autre temps. Il y a une petite touche des années 50 ou 60 dans les squares de cette ville. Les jeux publics pour les enfants, les bancs,... mais aussi dans certaines boutiques au comptoir de bois et au boite en carton en devanture (bonneteries, quincailleries, etc.)

— Mezcla. Ici tout est melange, mélange d’architecture entre le style colonial qui subsiste sur certaines rues, les immeubles des années 70-80, les petites maisons de quartier et les superbes batisses qui abritent les ambassades ou ministères.

— Bus. Des centaines de bus (colectivo) foncent à travers la ville et transportent pour 1500 guaranis (20 centimes d’euros) ceux qui peuvent se payer cela. Quand le bus stoppe, montent alors des enfants ou adules afin de vendre quelques Chewing gum, gateaux, patisseries, paires de chausettes, etc...

— Train. Il n’y a plus de train au Paraguay. Je reviendrais sur ce sujet par la suite de mon voyage en Amérique du sud car vous pouvez pas imaginer à quel point cela me revolte. Peu à peu les lignes ont fermées, remplacées par des services de cars entres les villes. En réalité les compagnies de car appartiennent à d’imminent députés paraguayens,... l’intérêt particulier avant l’inérêt collectif, une fois de plus. Et puis quel chance ! Un jour sur la dernière ligne, un accident, le train déraille, des morts,.. la faute à qui ? au train. Alors on a fermé la ligne. Comme partout ailleurs en Amérique du sud, pour remplacer par des bus, polluant et plus cher. A Asunción, il reste la gare, un beau bâtiment de l’époque coloniale (contruction 1800), bâtiment tombant en ruine...

Nous avons quitté le Paraguay aujourd’hui pour retourner en Argentine, après un passage par Villarica et le Parc National de Ybytyruzu, que Mariano, Guardaparque nous a fait visiter. L’Etat ne lui donne plus d’argent pour se déplacer dans le parc (pas d’essence). Il assiste donc, impuissant, à la déforestation d’un des seuls massifs de montagnes (500m d’altitude) du Paraguay. Une fois en Argentine, un petit tour aux ruines des missions jesuites, et après ? ? ?

Fin de semaine a Asunción

2004-07-05 LUN 01:56 (FR) | STEVE

Le 1er juillet, Rodolfo rencontré durant la semaine de mobilisation du GAGLT, nous propose d’aller nous promener au Cerro Lambaré, une coline avec vu sur la Capitale et le Rio. Il ajoute qu’ainsi en sortant du centre ville on verra autre chose d’Asunción... Apres 1/2h de Colectivo nous commencons une balade vers le sommet de cette coline. Oh ! rien de très physique malgré la chaleur tropicale (35 degrés). Au sommet, une vue superbe sur le Rio (et sa lagune) qui longe la ville et fait frontière avec l’Argentine. Si le Paraguay est sans doute le seul pays à avoir sa capitale sur une frontière, il le doit à la Guerre de la Triple Aliance (19e) quand il fut emputé de territoires à l’est et au sud.

Du point de vue, Rodolfo nous montre la décharge de Asunción, étendu immense au bord d’un lac et d’habitation de fortune. Il nous explique que c’est là que vit sa famille et nous propose de nous montrer son quartier.

Je ne pensais pas un jour aller marcher au soleil couchant dans une décharge où sont deversées par rotation de camion les ordures d’une capitale.

Le quartier se compose de petite habitation bordées de petits cours d’eau (en 1982 une inondation du Rio Paraguay a tout dévasté). Maisons de briques, de bois et de toles.

Chaque famille, ici, vit de la décharge. Certains entassent sur le terrain qui jouxte l’habitation des tonnes de fer, des montagnes de bouteilles, des carcasses de voitures, etc...

Une petite chapelle, une petite école, l’électricité et la distribution quotidienne d’alimentation au enfants par une organisation religieuse font de ce quartier pauvre, un quartier dans la ville, "comme un autre". A quelques centaines de mètres, des baraques entourées de barbelés, au 4X4 bien lustrés devant, révelent avec violence en un regard toute la disparité sociale.

Rodolfo, est étonant. A le voir on ne peut que se dire que c’est un grand écart social qu’il a du vivre pour devenir ce qu’il est. Il salut les personnes de connaissance en passant, nous présente son père et un peu plus loin, la où, le quartier jouxte la décharge, sa soeur. Il nous raconte des dizaines d’histoires à propos du lieu.

Il est étrange d’être là, dans le calme du lieu qui prend au couché du soleil une lumière de toute beauté, et face a cette organisation de la misère, ou chacun a du trouvé sa place pour sa subsistance.

Le lendemain, nous faisons un tour au Mercado Quatro avant de nous rendre à la projection d’un film dans le cadre de la semaine d’action du GAGLT (Grupo de Ación Gay, Lésbico, Transgénero) que nous suivons depuis notre arrivée a Asunción.

Samedi, apres un détour à Aregua petite ville de style coloniale au bord du lac, nous retournons à Asunción pour participer à la première marche des fiertés de l’histoire du Paraguay.

La marche rassemblera 150 personnes sous une pluie diluviène créant une ambiance toute particuliere à ce moment d’expression des libertés. Je ne pensais pas passer une fois ma nuit à danser dans une boite Gay d’Assuncíon, mais pour tout dire, avec Marie, Maxi et Nathalia et Fatima chez qui nous logeons, on a passé une super super soirée....

Ces paraguayens savent vraiment faire la fête ! ! !

Point Météo : apres 5 jours à 30/35 degree le jour et 20° la nuit (c’est l’hiver) et un temps sec (mais tout de même humide), les pluies diluviennes de samedi soir ont donné suite à un rafraichissement (20 degrés)

D’Iguazu a Asunción

2004-06-30 MER 19:00 (FR) | STEVE

Petit retour sur ces quelques jours a Iguazu.

Ce qui marque en arrivant dans cette ville c’est la couleur rouge de la terre ; Le vent et les pluies tropicales qui tombent quotidiennement font que toute la ville a pris cette couleur, les maisons, les vêtements, etc.

Puerto Iguacu est la plus petite des trois villes frontières et sans doute la plus sympathique. En face Foz, la brésilienne semble bien sage et Ciudad del Este (Paraguay) le lieu de tous les trafics, sa position de Zone Franche en faisant une plaque tournante de la Hifi, video, et autres marchandises ? ? ? entre ces trois pays.

Le forum a rassemblé environ 800 participants, autour de thématiques continentales (Lutte contre l’ALCA, réforme agraire, droits indigènes) mais aussi de questions plus locales (militarisation de la zone, Acuifero Guarani)

L’Acuifero Guarani est la reserve d’eau douce la plus grande du monde qui se trouve ici, sous le territoire Paraguayen et qui est convoitée par les grandes multinationales de l’eau.

La mobilisation contre l’Alca, a créé sans doute pour la première fois des convergences de luttes entres les différents pays. L’ALCA (ZLEA en francais) est la Zone de libre Echange des Ameriques que les Etats-Unis souhaite mettre en place en 2005. L’idée d’une Zone de libre Echange de l’Alaska à la Terre de feu, fait à juste raison, peur au pays du sud ; en effet comment imaginer une juste concurence entre les productions céréalières du texas et celles des plantations de Bolivie ou d’ailleurs. L’ALCA s’est aussi l’étape suplémentaire dans la démission de l’Etat et la porte ouverte à toutes les privatisations, outre des services mais aussi des ressources naturelles. Ok c’est déjà bien le cas dans ces pays ou l’eau, le gaz et les minerais se partagent entre les EU et l’Europe...

La question des droits de l’homme fut aussi très présente dans le forum, tout d’abord à propos de la communauté Guarani. Les Guarani sont l’une des 18 populations indigènes qui vivaient dans la région avant l’arrivée des Conquistadores. Aujoud’hui, ils sont les plus nombreux et sont victimes comme depuis toujours de toutes les disciminations. Ils forment la majorite de la nation Paraguayenne mais sont les plus pauvres. Une grande partie ne parlent pas l’Espagnol. Je crois que ce voyage va être ponctué de cette prise de conscience que après la violence de la colonisation européenne, aujourd’hui perdure une violence raciste et sociale contre les populations indigènes.

Souvent en blaguant, on nous qualifie de personnes venant "del primer mundo"... A entendre les discours sur les désapropriations des ressources naturelles, les privatisations, le poid de la dette exterieure, je pense qu’un jour il faudra bien que chacun réalise que après la colonisation, les génocides indigènes, l’esclavage, on peut voir la privatisation et la désapropriation des richesses naturelles comme une nouvelle forme de crime contre les populations.

Et je ne parle pas du droit de polluer que les pays occidentaux achètent en plantant ici des hectares de forêt de pins (acidification des terres) pour rentrer dans leur quotas de réduction de CO2...

Pour plus d’info sur le forum voir notre article sur le site du réseau intergalactique http://www.intergalactique.lautre.n...

Le forum, une fois terminé, et après un petit tour aux Chutes d’Iguazu (les plus grandes du monde) mais qui vont perdre 4 mètres à cause de la construction d’un barage en aval c’est à dire à la limite du Parc National,... tout ca pour l’industrie du papier (les entreprises papetières du Chili possèdent des milliers d’hectares de terres dans le Nord Argentin), une fois revue cette splendeur naturelle, nous avons (Marie, Maxi et moi) mis le cap sur Asuncion (capital du Paraguay) pour retrouver des personnes rencontrées au Forum.

Ah oui, j’ai oublié de dire que nous avons, grace à ce Forum social de la triple frontière, un carnet d’adresse pour traîner quelques temps dans le Nord Argentin et au Paraguay.

L’idee est de passer la semaine à Asuncion (ou autour) pour visiter un peu la région et participer à une semaine de rencontres et débats organisée par des organisations LGBT sur les droits des Homosexuels et les disciminations ici.

Aussi, hier nous avons retrouvé Robert, d’une ONG écologiste d’Asuncion pour aller à Alto où se deroulait une fête dans une communauté Guarani (repas communautaire, musique et démonstration à cheval) mais à côte de cette fête patronale (mélange de traditions Guarani et de chrétienneté) le plus interessant fut la visite de la Granja du village.

Robert, avec une gentillesse incroyable a passé du temps à nous faire visiter cette ferme qui ressenble à un petit morceau du paradis.

Il faut imaginer, la forêt tropicale, entrecoupé de steppes, un lac immense et au dessus de cela Alto, petit village à la place de style coloniale. Au bout d’une route de terre (toujours bien rouge), cette ferme est à la fois le lieu de préservation des traditions agricoles guaranis et de production afin de faire vivre une trentaine de personnes. Imaginez donc, au milieu de la forêt, sous les arbres, des petits cabanons, quelques poulaillers, un potager, un potager de plantes médicinales, des cultures qui poussent sans engrais artificiel mais juste le savoir faire traditionnel qui vient des indiens Guarani ; des milliards de techniques qui font que chaque plante participe au fonctionnement de la production agricole. L’ensemble de la ferme est alimenté grâce à l’énergie solaire. Ce projet autofinancé a 90% (le reste venant de l’ONG de Robert) prouve que ce genre d’experience fonctionne et participe à la fois à la mémoire (préservations des savoirs, des semences, des especes), à la vie locale (production de travail, souveraineté alimentaire) mais aussi à la diffusion des techniques grace à l’accueil d’étudiants, de techniciens. Et vous n’imaginez pas le plaisir de n’avoir qu’à se baisser pour ramasser une mandarine tomber d’un arbre....

Quand je pense que certains disent "que hay nada en Paraguay"... il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles.

Pour terminer, pour les fanatiques de méteo, ici c’est l’hiver, il fait 25 degrés la journée et entre 15 et 20 la nuit. Il pleut presque chaque jour fortement (mais pas longtemps).

Forum de la Triple frontiere

2004-06-26 SAM 02:58 (FR) | STEVE

Ca y est m’y voilà.

A Puerto Iguazu (Argentine) après une journée à Sao Paulo (Brésil), j’ai retrouvé Marie pour l’ouverture du Forum Social des 3 frontières (Argentine, Brésil et Paraguay).

Déjà de belles images et des émotions (inauguration d’une plaque en hommage aux victimes de la dictature par le prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel et Nora Cortina des "Mères de la place de mai")

Quelques jours ici pour le forum et après ?

Au moment de partir...

2004-06-22 MAR 00:00 (FR) | STEVE

Pour écrire aux voyageurs de ce site, un courriel : verslesud a free.fr


Décider de partir c’est une chose, mais y arriver...

Le fait est qu’il y a des milliards de raisons (et que des bonnes) pour repousser un voyage et jamais le faire (pas encore assez d’argent, grands parents vieillissants, job trop sympa, pas la bonne saison, situation internationale tendue, petit neveu à naître, parle pas encore bien la langue, pas le temps de le préparer, etc...) Alors un jour au coin d’un sentier, dans le massif des Ecrins, quelque part autour du Lauvitel je me suis dit que pour moi y’avait plus d’excuses : l’été prochain je pars.

Apres des centaines de démarches pour régler les questions financières, administratives, professionnelles, médicales, postales, locatives et des heures à trainer dans les magasins d’équipements, à lire les écrits de voyageurs ou des auteurs sud américains ou à voguer sur les sites internet des vadrouilleurs en cours, il est temps de faire son sac et de partir.

Faire son sac : Petite liste quasi exhaustive de ce que j’ai (au départ) dans le mien (un sac à dos de 60+10 Millet - Nanda)

Un duvet Lestra Pro Tec (j’en profite pour remercier ici la firme Lestra (implanter dans ma ville d’origine) pour son geste), 1 micro tapis de sol, un drap en soie, une couverture de survie, des sacs poubelles, de la ficelle, une moustiquaire, une veste en Gore Tex, une grosse laine polaire, 1 petite polaire, 1 polo, 5 dessous : caleçon, chaussettes, tee shirt,( dont 2 respirants), 1 bonnet, des gants, 1 caleçon long, 2 chaussettes rando en laine, 2 sangles, 1 poncho de pluie, 1 kway, 1 bougie, 1 briquet, 1 kit couture, Lessive + brosse, 1 paire de chaussures de rando, 1 popote ( + petit kit de cuisson à pastiles), 1 boussole, 1 bonne paire de lunette (glacier), 1 paire de chaussures de rando, 1 paire en toile, 1 paire de tongues, un frontale, des cadenas, un appareil photo numérique, une trousse de pharmacie, un trousse de toilette, une micro serviette, un petit sac à dos.

Alors au moment de partir il faut constater que un voyage que l’on organise ne devient pas un « voyage organisé ». Cette organisation indispensable c’est celle qui va permettre d’appréhender la suite de la manière la plus libre (à la différence du « voyage organisé » vous savez celui où on déresponsabilise le touriste jusqu’à en faire un mouton, sans initiatives et autonomies , en quête de vieilles pierres et aveugle à la vie quotidienne des personnes autour). Mais voilà la liberté, celle de choisir ce que vont devenir les jours à venir, celle de posséder son avenir proche et lointain entre ses main, est-ce que c’est ça la liberté ? D’une manière générale, dans nos quotidiens, la liberté fait peur. « Au travail comme au loisir, en voyage comme à la maison, la liberté est bien plus difficile à accepter et à vivre que par exemple la servitude volontaire et confortable (...) Le voyage offre une opportunité à vivre plus intensément, à se détacher de l’emprise du quotidien le plus intime, à réapprendre la liberté au moment ou la société du spectacle a atteint des sommets d’hypocrisie et où le besoin de se « ressourcer » tant physiquement, spirituellement que philosophiquement exige très certainement un détour par d’autres horizons. D’autres cultures sous d’autres cieux et avec d’autres dieux. » Franck Michel, L’autre sens du voyage .- Ed. Homnisphères.

Le but de ce voyage. Pourquoi en avoir un, ou n’en avoir qu’un.

Il y a cette phrase qui trotte dans ma tête depuis quelques temps : « un voyage se passe de motifs, il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » Nicolas Bouvier (écrivain voyageur)

Je ne pars que pour moi (oh l’égoïste ! ), non j’ai pas eu besoin de m’obliger à me charger d’une caisse de bouquins pour les écoles, de médocs pour les dispensaires ou .... je ne sais). Je suis ouvert à toutes les rencontres et donc si en route je peux faire quelque chose là bas comme ici pour faire bouger les choses, ceux qui me connaissent savent que j’hésiterai pas. Donc désolé y’a pas de Tee Shirt spécial à acheter pour soutenir la BA éphémère d’occidental que je ne vais pas faire.

L’idée de départ, outre de changer de rythme et quitter un instant (ou plus) cette société de consolation, est de voir ce que c’est d’avoir ce temps pour soi (et les autres), de voir ailleurs qui suis-je moi face à mes choix, de rencontrer les gens par ci et par là, dans les forums sociaux, les associations, les mouvements sociaux, et enfin de profiter que y’a quelques montagnes par là-bas pour voir si là haut l’air est plus pur.

Pour finir (et donc commencer), merci à ceux qui depuis plusieurs mois m’ont mené, consciemment ou pas jusque là. Pour ceux qui on toujours su m’encourager, je pense fort à vous. steve

En route vers l’Amérique du Sud

2004-05-16 DIM 17:54 (FR) | STEVE

Un premier pied posé en Amérique du sud (Brésil) il y a trois ans et depuis l’attente d’y retourner, mais pas que pour quelques semaines. Voilà, maintenant la route du sud est ouverte pour la marche, le vélo mais aussi pour tenter de comprendre les réalités sociales...

Amérique du Sud

Un premier pied posé en Amérique du sud (Brésil) il y a trois ans et depuis l’attente d’y retourner, mais pas que pour quelques semaines. Voilà, maintenant la route du sud est ouverte pour la marche, le vélo mais aussi pour tenter de comprendre les réalités sociales...

[RETOUR À L'ACCUEIL] [ÉDITION]

2005-10-08 SAM 00:00 (FR)

Lueurs du dernier soir. Heureux qui... à fait un beau voyage

2005-10-07 VEN 00:00 (FR)

Canal du midi...fin de voyage...début d’automne

2005-10-03 LUN 00:00 (FR)

Lueurs d’orage sur Toulouse

2005-09-29 JEU 00:00 (FR)

Brume, froid et satisfaction

2005-09-28 MER 00:00 (FR)

Retour en France, morceau choisi

2005-09-28 MER 00:00 (FR)

Col d’Aubisque, Ca vaut le coup de monter !

2005-09-27 MAR 00:00 (FR)

Col du Pourtalet, à deux pas de la France

2005-09-25 DIM 00:00 (FR)

Coup d’émotion à 84 km...

2005-09-23 VEN 00:00 (FR)

Quittant les ruines d’Ucero

2005-09-21 MER 00:00 (FR)

Gé entre pierres et éoliennes

2005-09-20 MAR 00:00 (FR)

Sous les oliviers de Castille

2005-09-13 MAR 00:00 (FR)

Survol de la cote espagnole

2005-09-12 LUN 00:00 (FR)

2005-09-12 LUN 00:00 (FR)

crépuscule de départ

2005-09-04 DIM 00:00 (FR)

Cabo Polonio, une perle sur l’Atlantique

2005-09-03 SAM 00:00 (FR)

Dans la quiétude de l’hors-saison

2005-09-02 VEN 00:00 (FR)

Uruguay, Punta del diablo, jour de tempête

2005-09-01 JEU 00:00 (FR)

Un capivara au parc national du Taim

2005-08-29 LUN 00:00 (FR)

Sud Brésil, sous la pluie...en vélo

2005-08-27 SAM 00:00 (FR)

Seul à rouler le long des plages

2005-08-20 SAM 00:00 (FR)

Recife et Olinda, sur l`Atlantique

2005-08-15 LUN 00:00 (FR)

Arrivant a Belem, au bout...

2005-08-12 VEN 00:00 (FR)

Vicoria Rega, des nenuphares...immenses

2005-08-06 SAM 00:00 (FR)

Lumières de Hamac

2005-08-02 MAR 00:00 (FR)

La vie du fleuve

2005-08-01 LUN 00:00 (FR)

Face à l`Amazone

2005-08-01 LUN 00:00 (FR)

Descente de l’Amazone

2005-07-29 VEN 00:00 (FR)

Sur les bateaux, la vie à bord...

2005-07-28 JEU 00:00 (FR)

Près d’Iquitos

2005-07-26 MAR 00:00 (FR)

Le huaupa, l’un de mes nouveaux amis

2005-07-25 LUN 00:00 (FR)

Iquitos (Perou), la vie dans le quartier de Belen

2005-07-24 DIM 00:00 (FR)

Chargements divers sur le bateau

2005-07-23 SAM 00:00 (FR)

Un soir sur l’Amazone

2005-07-18 LUN 00:00 (FR)

Ruines de Chan-Chan près de Trujillo

2005-07-14 JEU 00:00 (FR)

Cordillère blanche (Perou)

2005-07-07 JEU 00:00 (FR)

La photo incontournable au Machu Pichu

2005-07-06 MER 00:00 (FR)

Brumes matinales au Machu Pichu

2005-07-06 MER 00:00 (FR)

Depuis le waynapichu, la fameuse montagne

2005-07-06 MER 00:00 (FR)

Machu Pichu, la photo classique

2005-07-04 LUN 00:00 (FR)

Mur inca à Cusco (Perou)

2005-07-03 DIM 00:00 (FR)

Fameux tissus péruviens

2005-06-30 JEU 00:00 (FR)

Travail dans les champs vers Sorata

2005-06-30 JEU 00:00 (FR)

Sorata et L’illampu, entre Andes et Selva

2005-06-28 MAR 00:00 (FR)

Regard d’un enfant à Potosí

2005-06-04 SAM 00:00 (FR)

Bloqueos près de Betanzos

2005-06-03 VEN 00:00 (FR)

Manif pour la nationalisation des hydrocarbures

2005-05-29 DIM 00:00 (FR)

Putain de chien !

2005-05-25 MER 00:00 (FR)

Comedor du marché de Tarija

2005-05-24 MAR 00:00 (FR)

Canyon dans le Far West de Tupiza

2005-05-22 DIM 00:00 (FR)

Pleine lune vers Tupiza

2005-05-20 VEN 00:00 (FR)

Blocage de rues à Potosí

2005-05-16 LUN 00:00 (FR)

Rando avec vue sur le Cerro Rico

2005-05-15 DIM 00:00 (FR)

Fête de Manquiri

2005-05-14 SAM 00:00 (FR)

Soleil du soir à Potosí

2005-05-02 LUN 00:00 (FR)

On l’a fait.... 6088m de plaisir

2005-05-01 DIM 00:00 (FR)

4750 m, début du treck

2005-05-01 DIM 00:00 (FR)

Mer de nuage sur les yungas et l’amazonnie bolivienne

2005-05-01 DIM 00:00 (FR)

Redescente heureuse sous le soleil

2005-04-30 SAM 00:00 (FR)

Huayna Potosí (6088 m) avant l’ascension

2005-04-29 VEN 00:00 (FR)

Ile du Soleil, lac Titikaka, montagne Illampu

2005-04-29 VEN 00:00 (FR)

Ile du Soleil et ses terrasses

2005-04-24 DIM 00:00 (FR)

La Paz, ville d’altitude....

2005-04-24 DIM 00:00 (FR)

Tête de moutons au marché de La Paz

2005-04-24 DIM 00:00 (FR)

Tiwanaco. Voyage dans le passé

2005-04-20 MER 00:00 (FR)

Au sortir de la tente, l’eau a 35 degrés...

2005-04-19 MAR 00:00 (FR)

Bolivie : volcan Sajama depuis Lagunas

2005-04-17 DIM 00:00 (FR)

Parinacota (Chili), petit coin de paradis

2005-04-16 SAM 00:00 (FR)

Actualité bolivienne

2005-04-15 VEN 00:00 (FR)

Sucre : retour en Bolivie

2005-04-03 DIM 00:00 (FR)

Formes étranges dans une ville unique

2005-04-03 DIM 00:00 (FR)

Devant le palais de Lula, avec Jef et Ana Paula

2005-04-02 SAM 00:00 (FR)

Brasilia : congreso

2005-04-02 SAM 00:00 (FR)

Architecture ludique.... effet d’optique

2005-04-01 VEN 00:00 (FR)

Pekin, mais sans mon vélo

2005-03-27 DIM 00:00 (FR)

Douche naturelle au petit matin

2005-03-24 JEU 00:00 (FR)

2005-03-23 MER 00:00 (FR)

Miracle de la nature. Arc en ciel au crépuscule

2005-03-21 LUN 00:00 (FR)

Orchidée sur le Geraís do Pati

2005-03-15 MAR 00:00 (FR)

glissade naturelle dans la Chapada Diamantina

2005-03-07 LUN 00:00 (FR)

Salvador de Bahia

2005-03-02 MER 00:00 (FR)

Recife, soleil tropical

2005-02-27 DIM 00:00 (FR)

Eglise a Natal

2005-02-27 DIM 00:00 (FR)

Praia do amor, Pipa

2005-02-22 MAR 00:00 (FR)

Déforestation illégale, image trop commune

2005-02-20 DIM 00:00 (FR)

Peintures rupestres, Serra da Capivara

2005-02-20 DIM 00:00 (FR)

Serra da Capivara, Parc national en danger

2005-02-04 VEN 00:00 (FR)

Trancoso, enfin les vacances....

2005-02-03 JEU 00:00 (FR)

Brésil, église de Trancoso et la mer...

2005-01-27 JEU 00:00 (FR)

Porto Alegre, action contre Monsanto

2005-01-23 DIM 00:00 (FR)

Porto Alegre, retrouvailles avec Panayota, Marie Laure, Julie, Rubens et Veronica

2005-01-18 MAR 00:00 (FR)

Parc Pumalin, carretera austral

2005-01-09 DIM 00:00 (FR)

Alerte aux UV à Punta Arenas

2005-01-03 LUN 00:00 (FR)

Ushuaia. Petit port au pied des montagnes

2005-01-02 DIM 00:00 (FR)

Baie de Lapataia. Pas mal comme bout du monde..

2004-12-31 VEN 00:00 (FR)

Fin del año al fin del mundo

2004-12-27 LUN 00:00 (FR)

Avec Xomin, Virginie et Camille devant le Fitz Roy

2004-12-21 MAR 00:00 (FR)

Début d’été en Patagonie

2004-12-20 LUN 00:00 (FR)

Chili, PN torres del paine

2004-12-19 DIM 00:00 (FR)

Glaciar Grey, PN del Torres del paine

2004-12-14 MAR 00:00 (FR)

La croisière s’amuse. (avec Panayota et yeli)

2004-12-10 VEN 00:00 (FR)

Ile de Chiloe, maison sur pilotis

2004-12-10 VEN 00:00 (FR)

Chiloe, a Cucao

2004-12-08 MER 00:00 (FR)

Chiloe (Achao) maisons de bois

2004-11-26 VEN 00:00 (FR)

Au pied du volcan lanín

2004-11-26 VEN 00:00 (FR)

Ca change du vélo...

2004-11-25 JEU 00:00 (FR)

Ca roule !

2004-11-19 VEN 00:00 (FR)

Manif contre l’APEC

2004-11-16 MAR 00:00 (FR)

Siete Lagos - San Martin de los Andes

2004-11-15 LUN 00:00 (FR)

lago Nahuel Huapi

2004-11-02 MAR 00:00 (FR)

Péninsule de Valdes

2004-11-02 MAR 00:00 (FR)

Baleine franche australe

2004-11-02 MAR 00:00 (FR)

Drôle d’oiseau des mers

2004-11-01 LUN 00:00 (FR)

2004-10-31 DIM 00:00 (FR)

Colonia : soutien à Tabaré Vasquez

2004-10-31 DIM 00:00 (FR)

Uruguay (Montevideo) après la victoire du Frente

2004-10-26 MAR 00:00 (FR)

Epave sur le Tigre

2004-10-24 DIM 00:00 (FR)

Buenos Aires

2004-10-12 MAR 00:00 (FR)

Manifestation des peuples originaires

2004-10-11 LUN 00:00 (FR)

insultante statue du Gnrl Roca

2004-10-08 VEN 00:00 (FR)

Quebrada de Cafayate

2004-10-06 MER 00:00 (FR)

Molinos

2004-10-03 DIM 00:00 (FR)

Cachi

2004-09-26 DIM 00:00 (FR)

Purmamarca et le Cerro de 7 colores

2004-09-25 SAM 00:00 (FR)

Epoque des semailles

2004-09-24 VEN 00:00 (FR)

Plein les yeux, ce voyage !

2004-09-23 JEU 00:00 (FR)

Le calme d’Iruya (argentine)

2004-09-21 MAR 00:00 (FR)

A 5121 km d’ Ushuaia

2004-09-12 DIM 00:00 (FR)

Discussions au marché de Tarabuco

2004-09-12 DIM 00:00 (FR)

Tarabuco, marché traditionnel

2004-09-07 MAR 00:00 (FR)

Potosí : Cerro rico

2004-09-07 MAR 00:00 (FR)

Mineur de Potosí

2004-09-04 SAM 00:00 (FR)

Laguna Honda

2004-09-04 SAM 00:00 (FR)

Salar de Uyuni (Bolivie)

2004-09-03 VEN 00:00 (FR)

Laguna Verde et Licancabur

2004-09-03 VEN 00:00 (FR)

Laguna Colorada

2004-08-26 JEU 00:00 (FR)

Levé de pleine lune sur le Salar de Surire

2004-08-24 MAR 00:00 (FR)

Laguna Cotacotani

2004-08-24 MAR 00:00 (FR)

Volcan Parinacota

2004-08-24 MAR 00:00 (FR)

Vicuña devant la laguna Cotacotani

2004-08-24 MAR 00:00 (FR)

Ñandu pres de Guallatire

2004-08-19 JEU 00:00 (FR)

Eglise de Machuca sur l’Altiplano

2004-08-18 MER 00:00 (FR)

Rando dans la Valle de la luna

2004-08-18 MER 00:00 (FR)

Sur le salar d’Atacama

2004-08-17 MAR 00:00 (FR)

Flamands sur la Laguna Chaxa

2004-08-17 MAR 00:00 (FR)

Laguna Chaxa au petit matin

2004-08-17 MAR 00:00 (FR)

Volcan Licancabur depuis la Valle de la muerte

2004-08-12 JEU 00:00 (FR)

Vignobles de Pisco Elqui

2004-08-06 VEN 00:00 (FR)

Le Pacifique, le port et les Andes enneigées.

2004-08-06 VEN 00:00 (FR)

Pa-ci-fique que ca !

2004-08-05 JEU 00:00 (FR)

A Valparaiso, on fait du vélo sur les hauteurs..

2004-08-01 DIM 00:00 (FR)

Traversée des Andes

2004-08-01 DIM 00:00 (FR)

Aconcagua 6962 m

2004-07-28 MER 00:00 (FR)

Mur de Mendoza

2004-07-26 LUN 00:00 (FR)

Parque de Talampaya - Canyon

2004-07-26 LUN 00:00 (FR)

Valle de la luna - Parque de Ischigualasto

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Route vers le Paso de San Francisco

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Route du Paso de San Francisco

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Douane Argentine - Paso de San Francisco

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Douane Argentine - Paso de San Francisco

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Coté Chilien

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Laguna Verde, avec mes "copines" d’excursion

2004-07-22 JEU 00:00 (FR)

Paso de San Francisco 4500m d’altitude.

2004-07-19 LUN 00:00 (FR)

En vélo dans les paysages désertiques de Belén

2004-07-17 SAM 00:00 (FR)

Salar de Pipanaco

2004-07-16 VEN 00:00 (FR)

Raffinerie de Aguilares

2004-07-07 MER 00:00 (FR)

Boucherie de Yuti.

2004-07-05 LUN 00:00 (FR)

Paraguay. Villa Rica. Jamais vu en France...

2004-07-03 SAM 00:00 (FR)

Aregua, architecture coloniale

2004-07-03 SAM 00:00 (FR)

Marcha 2004, Asunción

2004-07-03 SAM 00:00 (FR)

Formation géologique surprenante

2004-07-02 VEN 00:00 (FR)

Mercado 4 a Asunción

2004-07-01 JEU 00:00 (FR)

Barrio de Lambaré

2004-07-01 JEU 00:00 (FR)

Autre regard sur la Paraguay avec Rodolfo

2004-06-30 MER 00:00 (FR)

Une gare sans trains... ¡ que tonto !

2004-06-29 MAR 00:00 (FR)

Visite de la granja de Altos

2004-06-27 DIM 00:00 (FR)

Chutes d’Iguazu

2004-06-26 SAM 00:00 (FR)

Ouverture du Forum des 3 frontieres (Puerto d Igazu)

2004-06-25 VEN 00:00 (FR)

Rencontre a la triple frontiere

2004-06-23 MER 00:00 (FR)

2002-01-31 JEU 00:00 (FR)

Marche d’ouverture du Forum social mondial 2002 à Porto Alegre.

2002-01-30 MER 00:00 (FR)

Sur un mur de Porto Alegre.