Voyager sans problèmes

2007-05-07 LUN 23:03 (FR) | STEVE

Si l’ailleurs c’est l’inconnu, l’inconnu n’est pas semé de dangers ou de pièges. Au contraire il réserve de belles surprises qui, à les vivre, donnent toute la saveur au voyage. Cette saveur peut parfois avoir un goût amer. Ça va passer... Mais pour que rien ne soit indigeste et que l’on avance confiant dans son voyage, confiant envers les autres comme envers soi, il convient d’avoir quelques éléments en tête. Souvent ils sont le résultat de l’expérience, du vécu.

J’ai dressé cette liste, sur l’un des bateaux qui me faisait lentement descendre l’Amazone du Pérou à l’embouchure sur l’Atlantique. Après 15 mois de voyage (et plus de 15 jours à tenter de trouver un peu de confort et d’occupation à ces longues journées de hamac), je faisais un constat : il ne m’est rien arrivé durant ce voyage qui puisse entrer sous la rubrique « dangers », « problèmes » ou « arnaques ».

J’en ai fait une liste, la Liste des « bonnes idées » pour voyager sans histoires :

PREVENTIF (Avant le départ)

— Photocopier son passeport et noter sur la photocopie les numéros urgents (assistance, banque, consulat, personne à prévenir) mais aussi groupe sanguin, etc. Faire 4 photocopies et les disposer à différents endroits (sur soi, dans petit sac, dans grand sac, sous semelle de chaussure, ou je ne sais où... et si on est à deux ou plus... à l’autre).

— Scanner les documents importants et mettre les fichiers numériques sur son (ses) adresses mails (utile en cas de vol).

— Donner à deux personnes des formulaires western union et expliquer la démarche à suivre au cas où (pratique si on est sans argent après perte ou vol de ces affaires).

— Rassembler ses documents administratifs chez une personne de confiance qui reçoit le courrier.

— Donner à une ou deux personnes procuration à la banque.

— S’engager à envoyer des mails régulièrement pour dire où l’on est et vers où l’on va (quand on peut et quand on sait).

PREVENTIF (sur place)

— Ne pas voyager avec d’objets de valeur (gourmette, bagues, etc.) sauf ce que l’on juge indispensable (appareil photo par exemple).

— Ne pas afficher de signes extérieurs de richesse (montres, bracelets, vêtement ou chaussures de marques). Ça ne sert à rien de provoquer et le luxe de toute façon... c’est inutile.

— Se balader en ayant toujours d’air sur de soi, même quand on est perdu. Oui, un gringo perdu est une cible parfaite...pour celui qui viendra l’orienter comme pour celui qui y verra une victime facile.

— Dans les zones touristiques (et dans les pays où le faciès le rend possible) se balader avec le journal local permet de tenter d’être pris pour un « local » (et ne pas subir les rabatteurs de touristes).

— Dans les foules (marché, gare, fête, etc.) régulièrement se retourner légèrement et discrètement et tenter de voir si on est suivi (ça fait parano comme ça mais je promets qu’on fait cela naturellement au bout de quelques semaines).

— Être très vigilant dans les terminaux de bus, de trains, de bateaux (à ses affaires)

— Ne rien poser de visible sur la table du resto ou bar (en terrasse surtout) comme un appareil photo ou un sac.

— Au resto (ou partout où l’on se pose pour manger, lire), poser son sac à ses pieds, une bretelle prise dans le pied de la chaise (ou son propre pied). Idem dans la queue ou à un guichet.

— Se balader le moins possible en ville avec son petit sac à dos. Privilégier une besace (ça fait plus local) ou même un sac plastique (encore mieux)

— Ne pas hésiter à prendre un taxi la nuit (plutôt que de marcher longtemps dans des rues que l’on ne connaît pas ou uniquement de jour)

— En prenant un taxi, vérifier que ça à l’air d’un vrai et qu’il a une plaque d’immatriculation (c’est un coup d’œil qui se chope vite)

— Ne pas déposer son sac dans le taxi puis rester en dehors. Monter avec son sac à l’arrière ou ouvrir le coffre et attendre que le chauffeur sorte du véhicule. Le truc est que le conducteur ne puisse pas redémarrer au début de la course ou à la fin, uniquement avec le sac et sans vous.

— Dans les bus, garder son petit sac entre les jambes jour et nuit (et même la nuit avec une sangle dans la jambe ou cadenassé au siège). Ne jamais mettre son petit sac en hauteur.

— Pour des trajets longs (pas en ville), ne monter dans le car qu’au départ pour surveiller discrètement que son sac à dos reste bien dans la soute (ou sur le toit) jusqu’au départ. A deux c’est plus simple, l’un prend les places et l’autre reste en dehors du bus.

— S’asseoir de préférence à droite dans les cars (ce qui permet de vérifier les mouvements de soute aux arrêts et durant les trajets de lire les panneaux indicatifs de Km, etc.). La nuit, cela évite de recevoir de face les phares des véhicules en sens inverse.

— S’asseoir plutôt au milieu (au fond il y a parfois des toilettes, des secousses nombreuses ou la poussière créées par le bus sur les routes de terre qui entre par les fenêtres, devant idem à cause de la poussière entrant par la fenêtre du conducteur ou par la porte ouverte. Aussi, devant il y a plus de va et vient).

— Avoir des cadenas pour son sac, pour le fermer ou pour les armoires des auberges (à chiffre, cela évite des clefs) + un petit câble.

— Ranger son argent et ses papiers (photocopies) en plusieurs endroits. Exemple : billets de banque dans la ceinture, billets de banque, billet d’avion, passeport dans un portefeuille (moi je le mets dans la poche droite attachée par une petite ficelle à une boucle de ceinture), billets de banque, carte bleue dans une pochette secrète (genre dans le pantalon), un billet de banque et un traveller dans le grand sac à dos et un dans le petit sac. Le but étant, en cas de vol, de ne pas se retrouver sans rien. Se faire voler, n’est pas la fin du monde, mais ne plus avoir un seul peso pour téléphoner (opposition, assistance, envois d’argent, etc...), ça peut être galère.

— Ne pas se faire distraire dans les foules ou les villes par un achat dans la rue, un spectacle, un affrontement ou quelqu’un qui embrouille... ce qui peut aboutir à ne plus faire attention à ses poches, sacs... et les voir se volatiliser. Dès que vous sentez un comportement louche.... Faites attention !

— Ne jamais poser son petit sac par terre dans la rue (style en sortant d’un taxi pour attraper le grand, en achetant un billet, en cherchant sa monnaie)

— Ne se balader avec ses papiers et carte bleue que si vraiment utile ou plus sûr sur soi que dans l’hôtel ou dans la maison d’accueil.

— Refuser les avances des rabatteurs d’agences ou d’hôtels dans la rue (enfin quand on peut).

— Dans les terminaux, si on vous propose des hôtels se faire montrer la localisation sur un plan (pour pas se retrouver logé à l’autre bout de la ville)

— Dans les taxis, vérifier sur un plan le parcours pour voir s’il va bien dans la bonne direction et non emmène dans une embuscade.

— Avant de sortir de son logement (ou resto) jeter un œil au plan pour ne pas se retrouver à le déplier au premier croisement.

— Dans les bus, ne pas mettre de masque anti-lumière sur les yeux (boule quies ou mousse OK)

— Couper les cordons qui allongent les tirettes des fermetures éclairs (à moins que l’on souhaite faciliter le travail des voleurs)

— Eviter les bananes ou les pochettes secrètes ventrales (qui finissent par dépasser et que tout le monde porte... donc ce n’est plus très secret)

— Savoir ne pas sortir son appareil photo ou le laisser à l’hôtel

— Lorsque l’on laisse son sac à dos au guichet du terminal et que c’est le porteur ou stewart qui l’emmène (en charrette ou sur le dos) jusqu’à la soute, vérifier qu’il est bien en soute, et du bon bus (idem pour le toit du bus).

— Ne pas avoir peur d’accepter les coups de mains ou invitations de personnes rencontrées... Juste, le sentir !

— Faire confiance aux autres gringos pour qu’ils surveillent quelques minutes le gros sac le temps d’acheter un billet, aller aux toilettes, etc.

— Dans des situations « à risque » (grande ville la nuit, zone frontière), mettre un billet dans la poche arrière pour le sortir tout de suite en cas de petit braquage et éviter le vol du portefeuille. Cela peut calmer quelqu’un qui veut juste de quoi manger ou une journée de salaire.

— Avoir toujours au fond de sa poche de la monnaie et quelques petits billets pour ne jamais sortir son portefeuille dans la rue, et ainsi payer facilement le bus, à manger, de l’eau, un café, un fruit, etc.

— Dans la chambre d’hôtel, cacher la pochette secrète quelque part (dessous armoire, etc.) pour ne pas, la nuit, dans le sommeil, tout avoir dans le pantalon sur la chaise... car si le pantalon disparaît... y’a plus rien.

— Ne pas accepter les boissons des inconnus ou même les boissons des bus (j’ai entendu des histoires de somnifères utilisés pour détrousser le voyageur), ou quelques drogues.

— Faire attention à soi, pour éviter les coups de fatigue qui rendent vulnérables (physiquement et moralement). Ne pas oublier que c’est quand on est désorienté, fatigué après des heures de transport que l’on est une « proie facile ».

— Ne pas avoir trop le style « gringo » quand on peut se noyer dans la population (avec un jean’s, chemise, tee-shirt).

— Ne pas être paranoïaque, mais pas non plus inconscient (facile à dire mais plus dur à doser).

— Ne pas se jeter dans la souricière (quartier réputé dangereux, seul en pleine nuit dans grande ville inconnue).

— Ne pas écouter les gens qui en parlant d’ailleurs disent « Oh, cette ville est dangereuse » ou « ce pays est dangereux, tous des voleurs ! » ou ces genres de généralités sans infos précises. Mais écouter ceux qui parlant de leur ville, région, expliquent que tel quartier, telle rue est à éviter ou qui font signe de ne pas s’aventurer plus loin (ça m’est arrivé plusieurs fois). Ils sont de bons conseils car conscient et ne se contentent pas de répéter des « on dit ».

— A défaut de guide, récupérer chez un autre voyageur ou dans une bibliothèque une photocopie d’un plan des villes « à destination prévue ». Utile pour se repérer en arrivant, localiser un hotel, une gare et évaluer les distances.

— Toujours avoir sur soi, même pour aller faire un tour, des pastilles de désinfection pour l’eau et une ou deux compresses imbibées d’alcool + pansement.

— Dans la mesure du possible « voyager léger ».

— Poser toujours des questions ouvertes quand on demande une info pour éviter une réponse qui valide sa question fermée. Et oui car beaucoup d’habitants n’ont pas dans leur nature de contrarier les étrangers... alors tout est toujours OUI.

— Toujours faire confirmer une info importante reçue dans la rue (quel bus, quelle rue, quelle direction, comment s’appelle, à quelle heure...) par deux ou trois personnes.

— Sur les bateaux sympathiser avec d’autres voyageurs pour...passer le temps et surveiller mutuellement et à tour de rôle les affaires.

— Ne pas aller dans n’importe quelle partie du monde, n’importe quand, à cause du climat, des saisons touristiques, des basses eaux, ou des événements politiques.

— Se renseigner sur les coutumes locales (lié à la culture ou la religion) pour ne pas choquer : se promener en short, torse nu, bras nu pour les filles...) ou simplement ne pas se faire piéger par les horaires et jours d’ouverture des magasins et services, décalage horaire, fête régionale,...

— Avoir quelques dollars pour changer aux frontières avant de trouver une banque ou un distributeur ou faire vraiment du change à un vrai cours.

— Prendre une assurance et une assistance

— Faire les vaccinations utiles (ou obligatoire) si l’on accepte de se faire vacciner.

— Apprendre au moins les 30 ou 50 mots de survie par langue.

— Éviter d’arriver trop tard dans une ville inconnue et encore plus sans adresse de logement en poche.

— Voyager avec au moins une carte géographique de la région de moins de 5 ans.

— Pousser sa curiosité à l’extrême... pour vivre vraiment ce voyage comme une belle aventure... mais savoir faire preuve d’humilité, d’indulgence envers soi et les autres.

— Prévenir à l’hôtel, auberge, famille d’accueil, si on part seul dans la montagne ou dans un lieu désertique juste par un « .... Tiens, aujourd’hui je vais aller là-bas... ». (Je me suis fait deux grosses frayeurs en me perdant à la nuit tombante...)

— Voyager léger... ou essayer (Je l’ai déjà dit, je sais mais c’est super important).

— Avoir un sac à dos peu voyant (pas rose ou jaune)

— Envisager que le vol du sac à dos (le grand) ne soit pas une perte irréparable (avoir les documents de valeur sur soi).

— Ne pas déconner et avoir une allure correcte en passant les douanes.

— Ne pas oublier couteau, cuiller, fourchette, ouvre-boîte, frontale, fil aiguille, cadenas, réveil, ficelle, briquet, bougies, boule quies, et tous ces petits objets qui facilitent la vie.

— Se laver les mains avec du savon souvent et ne pas se mettre les doigts dans la bouche (ronger ses ongles, etc.)

— Dans les foules (marché, concert, transport) garder son petit sac à dos devant soi ou entre les jambes (pas sur le dos pour éviter les coups de cutter)

— Si paiement par carte de crédit... ne pas la quitter des yeux et demander que la transaction soit faite devant vous. Idem si on donne son passeport à un chauffeur de car ou à la douane. Garder à l’œil.

— Ne faire aucune faute au code de la route si on conduit car les policiers ne loupent pas un étranger.

— A la douane, vérifier avant de partir son passeport pour voir si les données sont juste (bon tampon, bonne date, signature, etc.)

— Faire ses achats en dehors des rues touristiques.

— Prendre un taxi à quelques rues d’un spot touristique (- cher)

— Ne pas manger dans un resto où il n’y a personne.

— Emmener sa carte d’étudiant ISIC

— Surtout éviter d’amener le guide du routard. Préférer des guides de voyage de qualité comme les très (trop) utilisés Lonely Planet ou Footprint ou des guides locaux (j’en ai acheté un très bon au Chili) ou pas de guide du tout ce qui est aussi une manière de voyager. Récupérer tout de même des plans des villes. Votre meilleur guide sera vous-même riche des conseils et des discussions avec les locaux (dans ce cas, il faut bien parler la langue). Le Lonely à la différence du Routard couvre toutes les régions et les principales villes de chaque pays que le lieu soit « touristiquement intéressant » ou pas. Le routard, lourd avec des grosses marges, et peu dense comporte peu d’infos comparées au volume. A-t’on vraiment besoin de nombreuses pages.... De « ou manger ? ». Il suffit de regarder dans la rue et faire jouer le hasard et les conseils. Les remarques sur les choses à visiter sont trop souvent ultra-subjectives. A la différence du Lonely, il est difficile d’y trouver des infos sur la manière de franchir une frontière, sur les temps de parcours en bus et départs.... Et puis au Routard ils sont nuls en géographie : sur la 4eme de couverture du Guide Bolivie-Pérou 2004-2005, sur la carte de l’Amérique du sud, à la place de Paraguay il est inscrit : Uruguay. Des amateurs ! Moi ça ne me donne pas envie de leur faire confiance.

— Ne pas boire partout l’eau du robinet (oui c’est vrai les bouteilles plastiques créent des déchets) mais dans les zones désertiques ou minières cela peut craindre.Par contre, ailleurs boire l’eau du robinet de temps à autre puis tout le temps pour habituer son organisme. En Argentine, Uruguay et Chili et dans la majorité du Brésil... y’a pas de problème.

Voyager est une belle aventure qui ne faut pas se priver de vivre à cause de craintes injustifiées. Être confiant, avoir de l’assurance, des réflexes, une habitude du voyage permet d’éviter ces désagréments qui peuvent perturber ce moment particulier. Ces conseils ont pour but d’avoir à l’esprit des « trucs », résultats d’une expérience. Peut-être que ça peut laisser croire que l’on doit toujours penser à tout, faire attention... et donc devenir parano. Au contraire. Ces trucs sont 50% de bons sens que l’on acquiert vite et 50% de réflexes. C’est la crainte, la paranoïa, le doute et la peur de l’autre qui apportent des problèmes.

Si vous avez confiance en vous, vous saurez faire confiance à ceux qui vont croiser votre route. Et ils vous le rendront bien. Bon voyage !

Amérique du Sud

Un premier pied posé en Amérique du sud (Brésil) il y a trois ans et depuis l’attente d’y retourner, mais pas que pour quelques semaines. Voilà, maintenant la route du sud est ouverte pour la marche, le vélo mais aussi pour tenter de comprendre les réalités sociales...

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